HISTOIRE du 4eme Régiment d'Infanterie

GUERRE DE 1914-1918

 

LA MOBILISATION A AUXERRE

Déjà fin juin 1914 les préparatifs de mobilisation se précipitent, et en raison de cette situation le régiment se voit distribuer pour l'essayage képis, capotes, pantalons rouges, vestes, etc..., et le nom de chaque soldat est inscrit sur des paquets individuels qui sont remis aux magasins du corps. Puis un jour, c'est en juillet de grandes caisses sont déposées dans la cour de la caserne « Gouré », et, toujours sous prétexte d'exercices de mobilisation, toute la compagnie hors-rang est employée à vider, dans le minimum de temps, les magasins d'armes composés surtout de fusils et carabines « Gras » datant de la guerre de 1870 ! ! et qui étaient destinés aux gardes voies et communications. Ces armes furent distribuées dans les différents postes désignés mais ne sont jamais rentrées dans les magasins. Enfin, vers la fin de juillet déjà des officiers de réserve sont convoqués et, avec le régiment participent à ces marches manœuvres qui permettront alors à l'ensemble de l'effectif d'être très parfaitement « rôdé » à l'heure H. Cette heure H ne devait pas être attendue longtemps car le 2 août 1914 la mobilisation générale était décrétée.

Alors, chaque jour à Auxerre, on voit affluer les réservistes qui doivent compléter l'effectif du régiment sur pied de guerre, c'est-à-dire environ trois mille hommes. Ces réservistes sont pour la plupart des Auxerrois, des Parisiens, des Morvandiaux et des Seine-et-Marnais. Les casernes se remplissent et aussi les établissements d'enseignement qui sont réquisitionnés pour le logement. Par contre les magasin d'habillement se vident, car non seulement les paquets individuels destinés au 4e sont distribués, mais il faut aussi habiller les hommes devant composer le 204e régiment de réserve, le 37e régiment territorial et le 237e territorial. C'est un beau remue- ménage à Auxerre, comme dans toutes les garnisons de France.

Mais, tout « tourne rond » en ce qui concerne le 4e. Notre Colonel Lacotte ayant été nommé à Paris, c'est le Lieutenant-Colonel Defontaine qui doit commander le 4e. Son adjoint, le Lieutenant-Colonel Guy, va prendre le commandement du 204e.

Le 4e d'infanterie, fait partie du 5e Corps dont le siège est à Orléans. Ce Corps d'Armée est ainsi composé Les 17e et 18e brigades forment la 9e division. La 17e brigade comprend les 4e et 82e régiments d'infanterie ; la 18e, les 113e et 131e régiments, puis les 30e et 45e régiments d'artillerie et le 6e régiment de chasseurs à cheval complètent les deux brigades. L'autre portion du 5e Corps est composée de la 10e division, tenant garnison à Paris et comprenant les 46e régiment d'infanterie (anciennement à Auxerre avant 1900) et 89e ainsi que les 31e et 75e.

Le 4e depuis peu avait un bataillon détaché à Troyes et au camp de Mailly et était sous les ordres du Commandant Ordioni (1 bataillon). Le 2e bataillon est sous le commandement du Capitaine Brillat et le 3e bataillon, du Commandant Lambert.

Ainsi composé le 4e, sous le commandement du Lieutenant-Colonel Defontaine, quitte Auxerre le 5 août 1914. Malgré une petite pluie fine et triste qui tombait ce matin d'août, presque toute la population auxerroise avait tenu à dire adieu à son régiment. Combien de ceux qui partaient devaient revenir de la grande aventure ?...

Mais c'est pleins d'enthousiasme que les troupiers passent à la porte de Paris pour se rendre à la gare St-Gervais pour l'embarquement. La musique, sous la direction de son chef M. Chalesse, jouait pour la circonstance un pas redoublé intitulé « La Victoire ou la Mort » de Chomel. Dans ce pas redoublé figurait des airs tels que « Le chant du départ » et le « Chant des Girondins », dont les premières paroles de l'un sont « La victoire en chantant nous ouvre la barrière... » et les dernières du second étant "Mourir pour la Patrie c'est le sort le plus beau le plus digne d'envie !... "

Le refrain des tambours et clairons entre les deux airs était la sonnerie de la charge. Enfin le tout était de circonstance !! Aussi beaucoup de parents de soldats et d'Auxerrois pleuraient en acclamant le régiment.

Aussitôt embarqué le 4e partait pour sa glorieuse destinée. Le train passa par la voie stratégique qui partait de Monéteau et par Saint-Florentin aboutit à Troyes. Là, le 1er. bataillon se joignit aux deux autres et c'est le 6 août que le régiment débarqua à Sampigny et Lérouville, dans la Meuse, le regroupement ayant lieu à Sampigny. Une partie des troupes était logée chez l'habitant et l'autre au quartier de cavalerie des chasseurs à cheval.

Cette cavalerie étant depuis deux ou trois jours partie en alerte tous les uniformes de fantaisie et autres étant laissés sur place, ordre fut donné de tout brûler afin que, le cas échéant, l'ennemi ne puisse s'en emparer et s'en servir.

Le lendemain, le régiment met sac au dos et prend la direction de Woinville Il reçoit l'ordre de s'installer défensivement face à Metz.

Mais le 19 août ordre était donné de quitter ces positions défensives, et le 4e repris alors la route de la frontière belge. Les Allemands, en effet, attaquent par le nord. Le régiment remonta donc toute la vallée de la Meuse passant par Dieue, Sommedieue, Troyon, le Fort du Regret, Verdun, Orne, Azann, Grémilly, Mangiennes. C'est sur cet itinéraire que nous voyons les premières tombes de ceux des nôtres qui sont tombés dans les premiers combats avec les Allemands. Enfin, après une marche accablante de quarante kilomètres, le régiment arrive à Tellancourt près de la frontière belge.

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