HISTOIRE du 4eme Régiment d'Infanterie

GUERRE DE 1914-1918

 

LE BOIS DES BOCHES

 

L'aube blafarde du 16 avril déchire l'ombre. Il est 6 heures ; les poilus du 4e d'infanterie, pleins d'enthousiasme, s'élancent des parallèles de départ.

Soudain l'ennemi déclenche un tir de barrage d'une extrême violence. Du bois des Boches, de la plaine de Juvincourt crépite un exaspérant concert de mitrailleuses ; les rangs sont fauchés parmi nos braves soldats. Blessé deux fois, le capitaine Varin-d'Ainvelle (3e Compagnie) entraîne cependant ses hommes avec la dernière énergie.

Le Sous-Lieutenant Nottelet, l'ardent et vieux colonial, tombe frappé à mort.

Le 1er bataillon enlevé par son chef, le Commandant Eckenfelder, dépasse bientôt les premières lignes allemandes faisant des prisonniers. Il atteint la route 44 et attaque le bois des Boches. La lutte devient ardente.

Sortis de leurs abris bétonnés et du tunnel de la route, les Allemands opposent une résistance désespérée. On en vient au corps à corps.

Le Lieutenant Marcq, commandant la 2e Compagnie qui a fait passer son héroïsme dans le cœur de ses hommes, les entraîne irrésistiblement, Il tombe, la poitrine déchiquetée par les balles ; au sous-lieutenant Bucard, il crie encore : « Prends le commandement de la compagnie et venge-moi ». Il l'embrasse, se fait asseoir « face à l'ennemi », refuse de se laisser emmener, fait le signe de croix et meurt. Voilà les hommes de la grande guerre.

Le sous-lieutenant Bucard se précipite dans l'ouvrage de Hanovre suivi de tous ses braves. Le chef de bataillon allemand et ses quatre officiers, qu'il met en joue, lui remettent leur révolver. Plus de cent Allemands sont fait prisonniers.

Appuyé à un tronc d'arbre, une balle dans le ventre, Marchand, un petit gars relevé d'usine, tire jusqu'à son dernier souffle. Près de Marcq, Folquier, le vieux poilu d'Argonne, demeurera onze heures, perdant son sang, sans autre garrot que la courroie de son bidon.

Peu à peu. l'encerclement du bois des Boches se dessine. La majeure partie de l'ouvrage de Hanovre avec douze officiers, plus de trois cent cinquante prisonniers, quinze mitrailleuses et un matériel considérable, sont aux mains du 1er Bataillon.

 

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