BATAILLE DE LA VESLE
Combat de la ferme d'Ormont (1er septembre 1918) – 1er septembre à 3 heures du matin, un coup de main
brillamment exécuté par des éléments du 2e bataillon aux ordres du capitaine DIETHELM, permet d’enlever la
ferme d’Ormont et les petits bois environnants. 5 prisonniers de la Garde sont capturés. Le
terrain est organisé et des postes sont poussés jusqu’à la voie ferrée. Reims-Fismes.
Attaques de Courlandon – Cote 180 (4-7 septembre 1918). – Les 2 et 3 septembre, le 1er
bataillon (chef d’escadron MIQUEL) remplace le 2e bataillon. Le 4, il perçoit une certaine agitation devant son front. Les
Américains, à sa gauche attaquent et dépassent la Vesle. Liant son mouvement au leur, le 1er
bataillon entame une lutte opiniâtre. L'ennemi a l’ordre de tenir coûte que coûte sur ses positions. Sous la
poussée des nôtres il doit céder le terrain et repasser la Vesle abandonnant dans sa précipitation armes et munitions. Des avant-garde
audacieuses le talonnent sans répit. La rivière est franchie sous un feu meurtrier. Certains se
jettent à l’eau et traversent à la nage. L'entrain est admirable.
La 2e compagnie (capitaine BUCARD) appuyée par la section GAUTHEREAU (C.M.1), enlève le
village de Courlandon et poursuit l'ennemi jusque sur les hauteurs qui dominent la Vesle. La 1ère compagnie (lieutenant
ROCQUES), aborde à sa droite le bois Vigneux et capture 5 Allemands et 1 mitrailleuse.
Surpris par la nuit, le 1er bataillon s’accroche aux pentes sud de la cote 180 (croupe de Romain).
Le 5 septembre, il réalise quelques légers progrès. Le 6 septembre, à 13 heures, le 1er
bataillon se rue, sur le glacis de la cote 180. L’ennemi est solidement retranché.
La 2e compagnie avance cependant en liaison étroite avec les Américains. Le lieutenant NOURBY électrise
sa section, il tombe criblé de bales, un fusil à la main.
L'ennemi recule peu à peu. La cote 180 est prise, le bois Vigneux est dégagé.
Le général GADIELIN donne l'ordre d'organiser 1e terrain si vaillamment conquis.
Le 7 septembre, au polit jour, après une intense préparation d'artillerie et un
barrage roulant, l'ennemi, qui s'est regroupé et renforcé pendant la nuit, sort et veut reprendre la cote 180. C'est en vain; l'opiniâtre abnégation
des nôtres maintient inviolable la croupe de ltonrain (?).
Dans la nuit du 7 au 8, relevé par le 3e bataillon, le 1er bataillon va se reposer dans les ruines d'Aougny. Le
chef d'escadron MIQUEL et le lieutenant THURION sont faits chevaliers de la Légion d'honneur. L'adjudant
BOUYER et l'adjudant de liaison GIRAULT reçoivent la Médaille militaire. Et une troisième Croix de
guerre est accrochée au fanion de la 2e compagnie, citée à l'ordre de l'armée.
ORDRE GÉNÉRAL N° 410 DE LA Ve ARMÉE
Le général commandant la Ve armée cite à l'ordre de l'armée :
La 2ecompagnie du 4e R.I.
Compagnie d'élite qui, sous le commandement du capitaine BUCARD, a fait preuve en toutes circonstances
des plus belles qualités d'audace, d'opiniâtreté et du plus grand esprit de sacrifice. Du 3 au 7 septembre 1918,
talonnant l'ennemi qui commençait un mouvement de repli, a réussi à franchir la Vesle sous un feu violent ; a
pénétré la première dans Courlandon et a progressé de 2 kilomètres au delà. A
assuré le possession de la crête indispensable pour couvrir le débouché au nord de le rivière et malgré les bombardements
incessants, malgré les attaques réitérées de l'ennemi, a élargi notre occupation de la crête et maintenu intégralement le
terrain conquis.
Au Q.G.- le 28 septembre 1918
Le général commandant la Ve armée
Signé : DE MITRY
Attaques de Montigny-sur-Vesle et du Godat (30 septembre - 3 octobre 1918) – Le 12 septembre le régiment
se réorganise à Lagery, Bois-Lemoine, Brouilet.
Le 20 septembre, le lieutenant-colonel LACHEVRE est nommé au commandement
du régiment.
Dans la nuit du 29 au 30 septembre, le 1er bataillon (chef d escadron MIQUEL) en ligne depuis le 27, va se
placer en réserve sur les pentes nord-ouest du mont Cochelet. Le 2e bataillon
(capitaine ABADIE) et le 3e bataillon (capitaine TULASNE) serrent au plus
près de la Vesle de chaque côté de la ferme Voisin.
Malgré leur dévouement, les sapeurs du génie ne peuvent établir que deux
passerelles, et encore un obus malheureux en détruira-t-il une avant l'heure H.
5h. 30, Magnifiquement enlevées, la 6e compagnie (lieutenant ENET) et la 10e compagnie (capitaine
LAGIER) se portent les premiers sur la rire droite de la Vesle surmontant toutes les
difficultés. L'absence de passerelles ne les arête point. Une échelle branlante est trouvée dans la ferme Voisin. Le capitaine RATEAU
entre dans l’eau et, aidé de deux hommes, la maintient sur le limon gluant. C'est sur ce fragile appareil, sous une
nappe de projectiles, que les sections de la 10e compagnie et de la C.M. 3 franchissent la rivière. Certains
trouvent la traversée trop longue et passent à la nage. L'entrain est merveilleux. Le sous-lieutenant BONNERET et
l'adjudant NEVEU sont tués. Tué aussi le mitrailleur PELISSIER (Georges) dont la bravoure était connue de
tous. A droite, la 10e compagnie déborde le parc du génie, la voie ferrée, et, s'infiltre sur le côté est de Montignv.
.A gauche la 6e compagnie et un peloton de la C.M. 2 (capitaine DELAVERGNE) occupent l’H.O.F. dont les
baraques en feu s'effondrent avec fracas.
Pendant ce temps, 1er bataillon. qui a franchi la Vesle marche sur le mont Feré. L'escouade du caporal
CHOLET enlève tout un groupe qui se défend opiniâtrement (19 Allemands et 2
mitrailleuses). Le sergent FAYS (C.M. 3) fait prisonniers 54 Allemands, dont 1
officier.
Un temps d'arrêt et la progression reprend. La 6e compagnie pénètre dans la ferme de l'Orme, faisant une
quinzaine de prisonniers. A ce moment, une contre-attaque ennemie bouscule les éléments avancés sur le mont
Feré: le 1er bataillon se déploie et rétablit la situation.
Tous les objectifs sont atteints.
Le lendemain 1er octobre, les Poilus gravissent les pentes du Grand Savart, puis les crêtes boisées qui
dominent Bouvancourt.
La marche est gênée par des feux violents venant de Bouvancourt, qui ne tombera que très tard dans la
journée. Malgré tout, franchisant au pas de course un terrain entièrement découvert, les 2e et 3e
bataillons s'emparent de la ferme Vadivile, de Vaux-Varennes et de la ferme Luthernay.
Le 2 octobre, la crête de Saint-Aubœuf est occupée. Puis le 1er bataillon,
dépassant les deux autres, atteint le canal de l'Auneet s'y fixe en avant-poste, son gros
sur la voie ferrée Cormicv - Cauroy.
Le 3 octobre, de nombreuses reconnaissances franchisent le canal. L'ennemi
contre-attaque sur toute la ligne. Malgré ses efforts, nous gardons la rive conquise.
A 19 heures, sous la protection d'un tir d'artillerie, les 1ère et 2e compagnies exécutent un nouveau bond en
avant. La tête du pont du Godat est acquise ; 7 Allemands sont faits prisonniers.
Au petit jour, relève par le 82e R.I.
En résumé, dans ces quatre jours de bataille, le 4e a progressé de 14 kilomètres,
enlevé deux villages, établi une tète de pont sur le canal de l'Aisne, capturé 254 prisonniers dont 3
officiers et 25 sous-officiers, plus un nombreux matériel dont 20 mitrailleuses. 2 mortiers de 74, des fusils anti-tanks
et un poste de T. S. F. au complet.
Ses pertes sont de 3 officiers et 191 hommes tués ou blessés. Le lieutenant ENET est fait chevalier de la
Légion d'honneur ; le sergent FAYS reçoit la Médaille militaire.
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