HISTOIRE du 4eme Régiment d'Infanterie |
Pour mettre le lecteur au courant de la situation il faut voir le plan de campagne de l'armée allemande. Elle avait formée trois armées ; la 1re (VIIe et VIIIe corps et deux divisions de cavalerie, sous les ordres du général Steinmetz) se concentra d'abord à Coblentz et se porta ensuite sur Trêves, puis le long de la Sarre à Sarrelouis - la 2e armée (IIIe, IVe, Xe corps et la garde avec trois divisions de cavalerie), sous les ordres du Prince Frédéric Charles, se concentra à Mayence et gagna ensuite la ligne Hombourg-Neukirchen - la 3e armée (Ve et Xle corps prussien, le 1er et IIe corps bavarois, le corps mixte Wurtemberg-Bade) commandé par le prince royal de Prusse, se forma sur les deux rives du Rhin de Landau à Rastadt ; le XIIe corps saxon à Mayence et le IXe corps à Kaiserlautern restèrent d'abord en réserve. Le général Moltke avait préparé, bien avant les hostilités, le plan de campagne qui fut adopté. Les quelques lignes suivantes indiquent le but que se proposa le grand état-major allemand : « Objectif principal Paris ; premier objectif, l'ennemi où qu'il soit, et les deux grandes voies ferrées de l'est. Les efforts tendront à refouler l'ennemi du nord de la zone d'opérations sur Paris, pour l'isoler de la partie la plus peuplée, le Centre et le Midi de la France. Dans le cas ou nous prendrions l'offensive, les armées allemandes, placées comme nous l'avons indiqué à Coblentz, Mayence et Rastadt, prendraient le flanc de l'Armée Française qu'elle se dirigeât au nord de Cologne, ou vers l'est dans la vallée du Main. Si l'Armée Française restait au contraire sur la défensive, les Armées Allemandes, après avoir bordé la frontière de la Sarre au Rhin, opéreraient une grande conversion à droite, la 1re armée servant de pivot. Grâce à une supériorité numérique sur laquelle comptaient nos ennemis ils devaient chercher à déborder notre droite et à nous rejeter d'abord sur Metz puis vers le nord sur la frontière Belge; la route de Paris leur serait ouverte, tandis que notre armée se trouverait coupée des ressources pouvant lui parvenir du Centre et du Sud de la France. De notre côté tout plan de campagne offensif était devenu impossible à cause de la rapidité avec laquelle nous avions déclaré la guerre. Dès le 3 août, les Allemands bordaient notre frontière de la Sarre au Rhin, tandis que les huit corps de l'Armée Française dirigés sur leurs points de concentration avant d'avoir reçu leurs réserves, restaient immobiles sur leurs positions, attendant pour commencer les hostilités que leurs effectifs fussent au complet. Le 1er Corps occupait Wissembourg, Reichshoffen, Haguenau et Strasbourg ; le 5e était à Sarreguemines et à Bitche ; le 2e à Forbach et Oetinghen et à Beuing, le 3e à St-Avold, le 4e à Boulay, la garde à Metz, le 6e, le nôtre, au Camp de Châlons, le 7e à Colmar et à Belfort ; la réserve de cavalerie à Pont-à-Mousson et à Lunéville. L'Empereur était d'abord décidé à rester sur l'expectative. Cependant, ne sachant rien des mouvements de l'ennemi, il fit exécuter le 2 août, par le 2e Corps, la reconnaissance offensive qui donna lieu au combat de Sarrebruck qui n'eut d'ailleurs aucun résultat. Le 4 août, les Allemands prirent l'offensive ; leur IIIe armée partant de Landau, franchit la Lauter en quatre colonnes et attaqua à Wissembourg la 2e division du 1er corps français ; cette division eut à lutter seule contre le IIe corps bavarois et les Ve et XIe corps prussiens. Le combat dura de 8 heures 1/2 du matin à deux heures de l'après-midi. Le 5 août, l'Empereur forma deux armées, les 1er, 5e et 7e corps furent placés sous les ordres du Maréchal de Mac-Mahon ; les 2e, 3e et 4e corps ainsi que la garde sous le commandement du Maréchal Bazaine. Le Maréchal de Mac-Mahon concentra aussitôt ses forces. Le 5e corps reçu l'ordre de le rejoindre à Woerth et le 7e de se diriger sur Haguenau. Mais le 6 août le Maréchal fut attaqué à Woerth par la 3e Armée Allemande au complet, c'est-à-dire cinq corps d'armée auxquels il ne put opposer que cinq divisions, le mouvement de concentration qu'il avait ordonné la veille n'étant pas encore achevé. A la suite de cette bataille le 1er corps se retira sur Lunéville et Neufchâteau, puis sur Châlons, ou il arriva le 17 août ; les 5e et 7e corps l'y rejoignirent et formèrent avec le 12e corps, de formation nouvelle, l'Armée de Châlons sous le commandement du Maréchal de Mac-Mahon Revenons maintenant à l'Armée du Maréchal Bazaine que nous allons voir bientôt renforcée par le 6e corps, le nôtre, destiné à partager son malheureux sort. Le 5 août les quatre corps du Maréchal Bazaine avaient à peu près les mêmes emplacements que le 3, c'est-à-dire qu'ils occupaient, entre la Sarre et la Nied, un front d'environ trente kilomètres sur une profondeur de seize.
Le lendemain 6, le 2e corps isolé (trois
divisions) fut attaqué à Spitcheren par
quatre divisions ennemies n'étant pas
soutenu par le 3e corps il battit en retraite. |