HISTOIRE du 4eme Régiment d'Infanterie

GUERRE DE 1870 - 1871

 

 

BATAILLE DE NOISSEVILLE  (31 août - 1 septembre)

 

Dans la journée du 30 août, à la suite de nouvelles reçues de l'Armée de Châlons, une sortie fut décidée. Le Maréchal Bazaine prescrivit de distribuer aux troupes l'approvisionnement de réserve, et de faire tous les préparatifs de départ. Il avait l'intention de prendre pied sur le plateau de Ste-Barbe, puis de gagner Mionville par Bettelainville et Redange avec les 3e , 4e et 6e Corps, en faisant filer la Garde et le 2e Corps par la route de Malroy

Le 31, les Corps reçurent l'ordre de prendre les positions suivantes :

En première ligne, le 6e Corps à gauche, occupant le secteur entre la Moselle et Villers-l'Orme, devait s'emparer de Malroy

Le 31, au point du jour, le régiment est prévenu qu'on lèvera le camp à sept heures et demie, à l'heure dite, la 1re division se porte sur la Moselle, et à 10 heures traverse les ponts à l'île Chambière.

Le 4e placé à la droite de l'aile gauche doit marcher sur Charly, l'action commence sur notre droite, le régiment n'y prend part que par ses francs-tireurs; ceux-ci, portés sur la droite de Vany, tirent avec succès sur les batteries prussiennes de Rupigny et sur Chieulles.

Les sous-lieutenants Gunselt et Bonneau qui dirigent le feu des francs-tireurs sont tous deux blessés.

Cette situation dure jusqu'à 6 heures et demie du soir. A ce moment le mouvement en avant de la droite se fait sentir au centre, et le régiment part déployé en bataille précédé de ses tirailleurs.

Par suite d'un changement d'objectif du 4e Corps, le régiment reçoit l'ordre de se diriger un peu plus à l'est sur Failly. Il en résulte que la marche en bataille devient une marche en échelons par bataillons à trente pas environ. Les trois bataillons s'avancent comme au champ de manœuvres pas un homme ne dépasse l'alignement, pas un ne reste en arrière. La nuit était venue et nos pelotons marchaient toujours, précédés par leurs officiers. Pendant deux kilomètres, jusqu'au bois de Failly, la marche reste aussi régulière.

Le Général Péchot on fit la remarque et félicita à plusieurs reprises le 4e régiment de son ordre admirable, sans cesse conservé malgré les balles qui sifflaient depuis Villers-l'Orme.

Le 1er bataillon avait gagné dans l'obscurité une avance d'au moins 200 mètres. En approchant de Failly il n'entend plus l'ennemi, et pense qu'il s'est retiré.

Tout à coup il se trouve en face d'un mur crénelé, d'une barricade qui coupe la route et de plusieurs retranchements.

C'est le front de défense du village. Déjà les tirailleurs démolissent la barricade, et s'apprêtent à franchir le mur, quand, à bout portant, une décharge terrible part de tous les créneaux.

Heureusement quelques hommes seulement sont atteints, et la décharge n'est pas renouvelée ; l'ennemi se retire précipitamment en arrière d'une deuxième ligne fortifiée dans l'intérieur du village.

Aussitôt le Commandant Richard lance une section commandée par le lieutenant Riveron à droite du village, et, à gauche une demi-section sous les ordres d'un sergent.

De son côté, il observe à travers les créneaux, malgré la. nuit. Bientôt il apprend que toutes les maisons extérieures sont occupées. Faut-il donner l'assaut ? Le Colonel qui a fait avancer les 2e et 3e bataillons fait reconnaître la position du 4e Corps. Il est à 800 mètres en arrière et fortement engagé avec l'ennemi. Il est par conséquent peu probable que le régiment puisse être appuyé. Alors, d'un commun accord, le Général Péchot et le Colonel Vincendon renoncent à donner l'assaut.

Le régiment se reporte en arrière sur Vany et Villers-l'Orme, et bivouaque à 11 heures 1/2 du soir.

Le lendemain 1er septembre le feu reprend à droite dès le point du jour, malgré un épais brouillard. A six heures, le régiment se déploie entre les deux villages sus-nommés; le 1er bataillon appuie sa droite à Villers-de-l'Orme, le 3e à sa gauche à Vany et le 2e est en seconde ligne derrière le 1er bataillon.

Vers 8 heures une batterie du 4e vient s'établir sur la crête que nous occupons le Général Péchot ordonne de scinder la ligne et de porter un bataillon à droite et les deux autres à gauche de la batterie.

Vers 10 heures elle se retire, et le régiment se déploie sur place couvert par le 1er bataillon en tirailleurs. Bientôt l'ennemi se rabat sur notre gauche et vient prendre position sur la route de Bouzonville.

Là, il est accueilli par des feux de peloton si meurtriers et si bien dirigés par les francs-tireurs qu'il ne peut tenir et se retire derrière les crêtes.

Vers midi, ordre est donné de se reporter en arrière ; le mouvement s'exécute avec calme sous la protection du 4e de ligne qui reste le dernier en position ; puis le régiment se porte en arrière couvert par le 1er bataillon en tirailleurs.

Au bout de quelques centaines de mètres le 2e bataillon relève le 1er et protège le mouvement de retraite jusqu'à la fin. A 6 heures du soir, le 4e tout entier est de retour au camp.

Du 2 septembre au 21, le régiment reste sur place, s'occupant de travaux divers. Le service de Grand' Garde, de plus en plus important emploie beaucoup de monde. De temps en temps un « fourrage » sur un point de la zone comprise entre les avant-postes donne lieu à l'échange de coups de feu. De temps en temps, à la suite d'une alerte, les troupes prennent les armes, mais bientôt tout rentre dans le calme.

Les francs-tireurs reçoivent le 7 leurs premières récompenses : une croix et quatre médailles militaires. Peu de temps après, les promotions ou décorations sont portées à l'ordre du Régiment; ce sont les premières depuis le commencement de la campagne.


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