BERTHIER (Paul), Organiste, compositeur, né et mort à Auxerre (1884- 1953) d'une famille de commerçants, il témoigne d'une précoce sensibilité musicale. Bachelier, il poursuit à la fois cours de droit et études musicales. Il se forme durant onze ans (1903-1914) à l'école de d'Indy qui créé la Schola Cantorum qui se veut héritière du chant grégorien et des polyphonies de la Renaissance.
A
22 ans, encore étudiant, en compagnie de Paul Martin, il décide de créer une
chorale d'enfants et, constitue une maîtrise itinérante avec les gosses des
quartiers populaires de Paris, à Vaugirard puis à Belleville. Ainsi fut fondée
en 1907 la manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Simultanément
Il crée une chorale à Auxerre avec des orphelins de la rue
Martineau-des-Chesnez à laquelle s'ajoutera plus tard le chœur des enfants de
Saint-Pierre.
Cependant, son mariage avec Geneviève Parquin, d'ancienne souche locale, le
fixe définitivement à Auxerre (1919). Conjointement avec sa femme, il va désormais
animer comme maître de chapelle les cérémonies de la cathédrale où il
constitue une Schola d'adultes et devient titulaire de l'orgue, fonction qu'il
occupera jusqu'à sa mort.
Compositeur, Berthier partage sa production entre ces deux chefs d'inspiration :
aux messes et aux motets s'ajoutent des harmonisations de Noëls populaires («
Les vignes sont belles et tous les blés beaux »), d'anciennes chansons du
folklore national (« Dors ma colombe ») ou local comme la ronde de la
Saint-Pierre recueillie par Marie Noël. Il harmonise aussi des poésies
vineuses de F. Clas ou de P. Dupont, mais c'est avant tout l'œuvre de Marie Noël
qui l'inspire. Une amitié profonde, faite du partage d'une sensibilité et
d'une foi comparables, unissaient ces deux grands lyriques auxerrois. La poétesse
lui rend hommage pour « le charme de nostalgie qu'il a mêlé à ces chansons
de moi comme celle des « Deux sœurs » qui ne prétendait à nulle mélodie
mais dont je ne peux plus me souvenir autrement qu'avec la plainte de sa musique
». Il assume aussi, de 1926 à 1928, la partie musicale de ces Mystères de la
Passion qui portent loin le rayonnement des Compagnons d'Auxerre.
Mais Berthier fut aussi juriste, écrivain et historien local. Sa thèse sur «
la protection légale du compositeur de musique » fit longtemps autorité. On
lui doit un essai sur Jean-Philippe Rameau où il a l'occasion de mettre en
valeur les rapports entre le compositeur et Jean-Jacques Rousseau et le rôle
que joua, en l'occurrence, un de ses prédécesseurs à l'orgue de Saint-Étienne,
Joseph Palais. La municipalité lui confia le soin d'aménager le musée
Leblanc-Duvernoy où il met en place la collection de faïences et les portraits
du legs Louvois. Pendant des décennies, il participe aux travaux de la Société
des sciences dont il fut archiviste et vice-président.
Paul Berthier est le beau-père de Robert Gall (1918-1990) parolier célèbre («
La mamma ») et le grand-père de la chanteuse France Gall. Il habitait rue de
Caylus.
Lire : « Paul Berthier et Jacques Berthier » d'Hervé Chevrier et d'Antoine
Demeaux dans le Bulletin de la S.S.Y N° 128.( 1996).