QUARTIER SAINT-SIMéON

LEPROSERIES DE SAINT-SIMEON ET DE SAINTE-MARGUERITE.  

  Il existait, dès le VIIe siècle, sur le coteau de la montagne qui s’élève au nord d’Auxerre, une chapelle dédiée à Saint-Siméon (Voyez le Testament de saint Vigile, Cartul. général de l’Yonne, t. I.).

Au XIIe siècle, les progrès de la lèpre, maladie rapportée d’Orient par les Croisés, ayant fait fonder, auprès des villes, des asiles pour recevoir les malheureux qui en étaient atteints, on vit s’élever, auprès de cette chapelle, la léproserie de Sainte-Marguerite sur le versant nord de la montagne, à droite. M. Chardon rapporte que la chapelle Sainte-Marguerite était à 11 mètres du pont et celle de Saint-Siméon à 17 mètres de la première ; entre les deux emplacements se trouve la fontaine (Hist. d’Auxerre, t. II, p. 18). Une fontaine abondante rendait cet endroit très favorable pour les lépreux. M. Chardon et M. Leclerc, après lui, ont pensé que les deux sexes avaient chacun sa demeure séparée. Dans ce cas, la chapelle Saint-Siméon aurait servi à l’un et la chapelle de Sainte-Marguerite à l’autre. Cependant, un compte de 1440 ne parle que de la chapelle de la Léproserie (Archives de 1’Yonne).

Au XIIIe siècle, les lépreux jouissaient de revenus assez grands, affectés notamment sur le moulin du Saulce, qu’ils vendirent aux Templiers en 1231 (Archives du Temple, à Paris), et sur des terres situées aux environs de la Léproserie. Les bourgeois d’Auxerre avaient, sur la Léproserie, un droit de surveillance, bien que l’évêque en nommât le maître, et les deux autorités assistaient à la reddition des comptes. A cette époque, le maître et les lépreux formaient une sorte de communauté, et délibéraient ensemble sur les intérêts de la maison.

La réception des lépreux se faisait avec un appareil terrifiant. Le malheureux que la société repoussait de son sein, jettait hors, était d’abord examiné par les physiciens, à la diligence de l’official; puis, lorsque, sa maladie était bien constatée, on le conduisait à l’église où le prêtre disait sur lui les prières des morts. Après la messe, le lépreux était emmené à la léproserie où il entendait quelques paroles de consolation ; puis, le prêtre ayant jeté sur ses pieds une pelletée de terre en lui disant : « Sois mort au monde en vivant de nouveau pour Dieu », tout était fini et il était séparé à jamais de sa famille et du reste du monde!

Le peu de documents qu’on possède sur la Léproserie Sainte-Marguerite nous apprennent qu’après le milieu du XVe siècle il n’y avait plus que deux ou trois malades. On donnait à chacun de 5 à 7 sous par mois pour vivre. Le maître recevait 10 livres par an pour ses gages. En 1480, la maison avait 60 livres de revenus. Elle jouissait des offrandes en vins faites le jour des Trépassés aux messes paroissiales de Saint-Eusèbe et de Saint-Mamert. Les habitants d’Appoigny lui devaient 3 deniers par feu à Pâques, pour avoir le droit d’y envoyer leurs ladres. En revanche, le maître leur délivrait, à Appoigny, le broiz ou les branches vertes le jour des Rameaux et leur faisait un sermon à la messe (Compte de 1480, Archives de l’Yonne ).

Il y avait, au XVe siècle, dans la vallée qui descend sur Monéteau, un étang appelé l’étang de Saint-Siméon. La limite des territoires d’Auxerre et de Monéteau est indiquée, en 1480, par un fossé ou ruisseau qui commence sur la route d’Appoigny et descend à l’Yonne en face des Isles. Devant la chapelle de Saint-Siméon s’étendait un champ de foire qui allait jusqu’à la route.

En 1498, maître Michel Le Caron, médecin gagé par la ville, fit rétablir, à ses frais, les bâtiments ruinés de la Léproserie; on craignait alors le retour de la lèpre, que faisait redouter certaines maladies de la peau. Mais ces travaux furent heureusement inutiles et la léproserie servit encore pendant plus d’un siècle à nourrir quelques prétendus lépreux et à entretenir le maître de la maison. En 1624, l’administrateur, nommé Lavau, ne pouvant plus subvenir aux charges de son bénéfice, le résigna à la ville moyennant une petite pension, et la Léproserie fut réunie à l’Hôtel-Dieu par lettres-patentes du 17 juin 1625. On continua encore pendant quelques années à y entretenir de soi-disant lépreux, afin d’éviter que le gouvernement ne s’en emparât pour doter quelques benéficiers étrangers.

Mais, en 1713, il n’y avait plus de malades, ni de bâtiments, depuis longtemps. Les administrateurs de l’Hôtel-Dieu furent autorisés à faire démolir la grande chapelle de Sainte-Marguerite, qui était restée isolée au milieu des champs, à condition d’en reconstruire une plus petite qui suffirait pour la station du lundi des Rogations. Celle-ci a subsisté jusqu’en 1808 (M. Leclerc, Annuaire de 1849).

Il ne reste plus d’autres traces de la léproserie et de la fontaine qui fut la cause de sa fondation. Elle a servi longtemps aux vignerons qui travaillaient aux environs, et la ville y a encore fait des travaux d’appropriation en 1744. L’administration du département a pris possession de cette source en 1847, et pendant que le Conseil municipal discutait infructueusement sur le projet de l’amener en ville, elle l’a fait conduire à grands frais dans l’asile des aliénés, les lépreux de notre temps.

Lebeuf parle aussi d’une fontaine de Saint-Géran, qui était peu éloignée de la chapelle Sainte-Marguerite, et qu’il conjecture avoir pris son nom de l’évêque Géran, en mémoire de la victoire qu’il remporta dans les environs sur les Normands.

La carrière dite de Saint-Siméon était située à gauche de la route, à mi-hauteur, et à 300 mètres de la borne kilométrique 166. Elle a été ouverte, pour la première fois, en 1624 (Archives de la ville, paquet 211, n° 26). On en tira la pierre nécessaire aux bâtiments du collège que la ville faisait construire alors, et M. Girard, l’un des échevins, en surveillait l’exploitation.

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