AUDOUIN ALBERT ou AUBERT (1351-1352)

Audouin Aubert, né à Beyssac près de Brives en Limousin, était le 3eme fils de Gui Aubert que le roi Philippe de Valois anoblit par lettres patentes du mois de mars 1338, et de Marguerite de Livron. Neveu du cardinal Etienne Aubert, celui-ci prit soin de son éducation et lui procura de nombreux bénéfices. Il fut d’abord chanoine de l’église de Sainte-Radegonde de Poitiers, puis successivement doyen du chapitre de Saint-Yrieix, curé de la Plume alors au diocèse de Condom, aujourd’hui d’Agen, de Thil, de Sainte-Foy de Peyrolières au diocèse de Toulouse, prieur d’Arbois, prévôt de la collégiale d’Aire au diocèse de Térouane, chanoine de Saint-Géry de Cambrai, puis évêque de Paris.

Clément VI le préconisa et Audouin promit le 12 septembre 1349, pour ce siége à la chambre apostolique. Le prélatin statua comme ses vicaires-généraux, tant pour le temporel que pour le spirituel en ce diocèse, Jean de Lyons, abbé de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, et Ithier de Jarousse, écolâtre de Noyon et plus tard évêque d’Auxerre. Le dimanche 17 octobre 1350, après son sacre à Reims, le roi Jean fit son entrée à Paris et vint à Notre-Dame où il fit serment sur le livre des Evangiles, de conserver aux églises et aux ecclésiastiques leurs droits et leurs privilèges, de leur rendre justice selon les canons et de les protéger de tout son pouvoir. En l’absence d’Audouin et par délégation de ses vicaires-généraux, Guillaume de Melun, archevêque de Sens, reçut le serment du roi, à la tète de tout le chapitre de Notre-Dame,

Aux fêtes de Noël de cette même année 1350, le pape Clément VI transféra Audouin au siège épiscopal d’Auxerre pour succéder à Pierre de Cros qu’il avait, le 17 décembre, décoré de la pourpre. On ne sait autre chose d’Audouin comme évêque d’Auxerre, sinon qu’il communiqua à son nouveau chapitre le des­sein qu’il avait de faire démolir la plus grande partie du château de Beauretour, inutile, suivant lui, à cause du voisinage des maisons épiscopales et sujet à  un trop grand entretien. Le chapitre y consentit ; et l’on convint de ne conserver que les écuries, le four, le grand portail avec la maison du portier pour loger un fermier et les gens de l’évêque qui viendraient chasser aux environs. Ainsi fut détruit ce château, situé à deux lieues d’Auxerre, paroisse de Charbuy, où tant d’évêques avaient mené une vie tranquille et où l’un d’eux était mort en odeur de sainteté cent ans auparavant.

Etienne Aubert, oncle d’Audouin, ayant été élu pape le 18 décembre 1352, sous le nom d’Innocent VI, après la mort de Clément VI, l’évêque d’Auxerre fut élevé, dans le consistoire du 15 février 1353, à la dignité de cardinal-prètre du titre de Saint­Jean et de Saint-Paul. Comme l’usage ne permettait pas à ce prélat de prendre le nom de cardinal d’Auxerre, puisqu’il était porté par Pierre de Cros, son prédécesseur, le pape l’appela le même jour à l’évêché de Maguelone, aujourd’hui Montpellier, que venait de laisser vacant, le 3 décembre 1352, la mort d’Arnaud de Verdale. Audouin fut alors appelé le cardinal de Maguelone.

Après avoir gouverné cette dernière église jusqu’en janvier 1354, le cardinal de Maguelone se démit de son siège pour résider à la cour pontificale d’Avignon. Devenu cardinal de l’ordre des évêques, il fut préconisé évêque d’Ostie en juillet 1361, et ce fut lui qui, le 6 novembre 1362, couronna le pape Urbain V. il mourut à Avignon dans la nuit du mercredi 10 mai 1363, et fut inhumé auprès du pape son oncle dans la chartreuse de Villeneuve, au milieu du chœur. Aucune inscription ne fut gravée sur son tombeau, bien que par son testament du 3 de ce mois, il eût ordonné qu’on y gravât ces paroles : « Sous cette petite pierre, gît le corps d’Audouin, qui fut, de son vivant, évêque d’Ostie. »

Il légua à chacune des cathédrales de Paris et d’Auxerre trois cents florins d’or dont la rente devait servir à son obit.

Ayant considéré que beaucoup de jeunes gens, nés avec d’heureuses dispositions, demeuraient inutiles à l’Eglise et à l’Etat, faute de moyens pécuniaires pour étudier, il voulut contribuer à l’avancement des écoliers sans fortune. Par son testament, il fonda donc le collège de Maguelone pour dix pauvres étudiants en droit et un prêtre, dans la ville de Toulouse, où, avant d’entrer dans les ordres, Innocent VI, son oncle, avait été juge-mage. Jean de Blanzac, cardinal de Saint-Marc, puis évêque de Sabine, l’un de ses exécuteurs testamentaires, obtint du roi Charles V les lettres d’amortissement pour cette fondation , et en 1370, le pape Grégoire XI lui donna pouvoir de rédiger des statuts pour ce collège que le cardinal Audouin Aubert fit son héritier universel. Plus tard, Dominique de Florence, archevêque de Toulouse, réforma ces statuts. C’est à tort que du Boulai (Hist. Univ. Pa­ris.,) attribue la fondation de ce collège à Pierre de la Forêt, successeur d’Audouin Aubert sur le siège épiscopal de Paris.

Ce prince de l’Eglise protégea les hommes de mérite et surtout les gens de lettres dont il aimait à s’entourer. Il fit beaucoup de bien à la chartreuse de Villeneuve que le pape son oncle avait fondée, et c’est lui qui fit construire à Avignon un hôpital situé auprès du pont du Rhône.

Il portait pour armoiries: de gueules, au lion d’argent à la bande d’azur, brochant sur le tout, au chef de gueules, chargé de trois coquilles d’argent, soutenu d’azur, et pour devise : « Sacerdos et Gallus ».

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