JEAN
III D’AUXOIS (1353-1359) |
Ce
fut encore de la main du pape que l’église d’Auxerre reçut un évêque
pour succéder à Audouin Aubert. Ce prélat se nommait Jean d’Auxy ou
d’Auxois. il était bourguignon et issu de la noble famille de la
Tournelle qu’un historien du temps a cru être du comté de Nevers.
D’abord chanoine d’Autun, puis de Troyes où son oncle était évêque,
il devint chantre de cette dernière Eglise et mérita par ses vertus et
son expérience dans la science du droit de succéder sur ce siège à
Jean d’Aubigny, en 1342. Jean
n’était point encore sacré, lorsqu’avec l’autorisation du pape Clément
VI, il soumit à l’abbaye de Montier-la-Celle, le prieuré d’Oyes. Il
fit son entrée solennelle à Troyes, le mardi 24 septembre 1342, et
racheta ce jour-là, pour la somme de soixante livres parisis, le palefroi
sur lequel il était monté et qui, de droit, appartenait aux religieuses
de Notre-Dame-aux-Nonnains. Le 9 août 1343, il fit, dans l’abbaye de
Montiérender la translation du chef de saint Berchaire, et assista au
concile provincial que Guillaume de Melun, archevêque de Sens, présida
à Paris, du 9 au 14 mars 1347. Jean
d’Auxois ne négligea jamais de faire chaque année la visite de son
diocèse, de conférer lui-même les ordres à son clergé, et se montra
fidèle à remplir scrupuleusement tous les devoirs qu’impose l’épiscopat.
Il donna pour l’achèvement de la cathédrale et pour la confection de
la châsse de sainte HéIène la coupe de 45 arpents de bois de
haute-futaie de la forêt d’Aix-enOthe. Ce bon prélat, par acte
consistorial du 22 février 1353, fut transféré au siège d’Auxerre et
fit son entrée solennelle le 29 août 1353. Les quatre barons s’y trouvèrent
en personne ou par procureur, et le portèrent depuis l’église de
Saint-Germain jusqu’à la cathédrale. On reconnut bientôt le caractère
bienfaisant du prélat. Il s’attacha beaucoup à ses nouvelles ouailles
et donna à son chapitre des témoignages de son amitié en confirmant sa
juridiction, par acte daté de Régennes, le 17 septembre 1357. Il était
charitable, miséricordieux et hospitalier. ll conserva toujours beaucoup
de dévotion envers les saints de son premier diocèse, dont il avait
transféré les reliques, et voulut en laisser un monument dans celui
d’Auxerre. Dans ce but, il fit construire à Fontaines, près de Toucy,
une chapelle sous l’invocation de sainte Syrie, y mit de ses reliques,
la dota d’un petit canton de bois situé aux environs, et y institua un
chapelain. A Auxerre, il dédia l’église des Dominicains. le vendredi
22 juillet 1356, et usant de son pouvoir épiscopal, il accorda des indulgences
à ceux qui visiteraient, cette église le 9 juillet auquel il en fixa
l’anniversaire ou pendant l’octave. Il décréta aussi que la fête de
la Décollation de saint-Jean-Bâptiste, jour anniversaire de sa prise de
possession, serait célébrée dans sa cathédrale sous le rit double. Les
Anglais ravagèrent son diocèse en 1358 et s’emparèrent du château de
Régennes le 8 décembre de cette année. Jean d’Auxois en tomba malade
de chagrin, et comme on criait aux armes au moment où on allait lui
administrer les derniers sacrements, une partie du clergé entoura sa
couche les armes à la main. Ce spectacle fit une si profonde impression
sur le pieux évêque qu’il mourut, le jeudi 10 janvier 1359, sans
agonie et en versant des larmes. Les insultes des Anglais retardèrent de
quelques jours la cérémonie de ses funérailles, il avait fait un testament
par lequel il léguait cent livres par an pour la fondation de son
anniversaire. On l’inhuma dans sa cathédrale entre le tombeau de Gui de
Mello et le lutrin.
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