HAYMAR ou HAINMAR (748 - 763)

 Après la mort d’Aidulfe, Haymar gouverna l’église d’Auxerre pendant l’espace de quinze ans. C’était un homme courageux, distingué par sa noblesse et sa fortune; il devint même si puissant, qu’il fut sur le point de conquérir toute la Bourgogne.

Il arriva, de son temps, que Pepin, fils de Charles-Martel ,fut appelé en Aquitaine pour porter secours au duc de cette province, contre Aymon, roi de Sarragosse, qui, après avoir épousé une nommée Lampagie, avait violé les lois sacrées du mariage. Haymar accompagna Pepin dans cette expédition. Les armées se rencontrèrent dans un lieu, nommé iberra et s’y battirent avec acharnement. L’évêque d’Auxerre se jeta alors au milieu des Sarrasins qui formaient l’armée d’Aymon et les défit entière­ment. Grâce à lui, Pepin fut victorieux et le duc d’Aquitaine fut obligé de faire avec lui une alliance qui ne dura pas longtemps, car il la rompit bientôt après. À cette nouvelle, Pepin ordonna à Haymar de reprendre les armes et d’aller châtier le parjure. C’est ce qui eut lieu. L’armée ennemie éprouva un choc si terrible, que le duc d’Aquitaine n’échappa à la mort que par la fuite. Malheureusement, on fit courir le bruit que s’il avait pu prendre la fuite, il n’en fallait accuser qu’Haymar qui, disait-on, l’avait bien voulu. Pepin le crut, et fit emprisonner l’évêque d’Auxerre à Bastogne, dans la forêt des Ardennes.

Haymar n’était enfermé que depuis quelques jours, lorsque l’un de ses neveux fut assez adroit pour le délivrer. Tous deux montèrent à cheval, et s’enfuirent; mais leurs adversaires ne tardèrent pas à les rejoindre à Lifold, dans le pays Toulois. L’évêque, voyant qu’il ne pouvait éviter de tomber entre leurs mains, s’agenouilla, étendit les bras en forme de croix et se recommanda au secours de Dieu. C’est dans cette posture qu’on le tua d’un coup de lance. On l’enterra dans le lieu même où on lui avait donné la mort.

Haymar n’était pas moins pieux que brave; il laissa à sa cathédrale la terre de Merry avec ses dépendances, et celles de Milly et de Vérilly à son hospice. Il donna aussi à l’église de Saint-Germain, pour la nourriture des moines, le village d’Annay, et y ajouta celui de Pônessant, aujourd’hui hameau de la commune de Saint-Martin-sur-Ouanne. il fit encore d’autres legs non moins importants.

Ce prélat, quoique d’un caractère assez semblable à celui de Savaric, n’a cependant pas été regardé de même après sa mort, et il semble que les habitants d’Auxerre aient voulu lui rendre une espèce de culte, s’il est vrai qu’ils aient fait représenter, au pied d’une croix, sa mort tragique.

Nous ferons observer que depuis Savaric, nous n’avons pas suivi la série des évêques d’Auxerre donnée par les Bénédictins dans leur Gallia Christiana. Après Savaric, en effet, ils ont placé Hainmar, Théodran, Quintilien, cillien, Clément, Aidulfe et Maurin. L’abbé Lebeuf, au contraire, donne la liste des évêques d’Auxerre telle que nous venons de la mettre sous les yeux de nos lecteurs. Il nous a paru préférable de nous ranger à l’opinion de cet historien, tout en différant parfois avec lui sur la durée de l’épiscopat de chacun de ces prélats.

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