PIERRE IV DE MORTEMART (1326-1398) |
Après la mort de Pierre de Grez, on procéda immédiatement à l’élection de celui qui devait lui succéder. Le chapitre d’Auxerre envoya au roi Charles IV deux de ses chanoines, Pierre le Blanc, clerc du monarque, professeur ès-lois et lecteur de la cathédrale, et Jean de Dammerie, pour notifier à la cour la vacance du siége et obtenir la permission de lui donner un évêque. Cette permission fut accordée le 5 octobre 1325. Ce fut le Saint-Siége qui , à la prière du roi Charles, donna l’évêché d’Auxerre à Pierre de Mortemart, dont le véritable nom, suivant quelques historiens, était Pierre Gouin. C’est à notre avis une erreur. En effet, on voit que Pierre de Mortemart, conseiller du roi, et chantre de Bourges, fut, avec d’autres, député auprès du pape Jean XXII, pour la dissolution du mariage de Charles le Bel avec Blanche de Bourgogne, et que dans cette affaire le roi avait constitué pour son procureur Pierre Gauvain ou Gouin, dont le nom est mentionné, avec celui de Pierre de Mortemart, dans la bulle du pape Jean XXII, du 19 mai 1322, rapportée par Baluze (Collectio Actor. veter., t. Il, col. 44O). Le père de ce prélat était un simple habitant du village de Mortemart, en Limousin; sa mère était de la même province, issue, dit-on, de la noble famille de Beynac, entre Bellac et Saint-Bonet. Mais nous pensons, avec Baluze, que ce fut sa sœur qui fut la mère du cardinal Pierre de Beynac. Pierre avait commencé par être professeur de droit civil et canonique, et se distingua beaucoup en cette science. Il avait vécu à la cour de Rome et s’y était lié d’amitié avec le cardinal Hugues, évêque de Cahors, que le pape Jean XXII fit écorcher. Cette action atroce et barbare excita le dégoût de Pierre de Mortemart : il quitta Rome et vint se réfugier auprès du roi qui le fit l’un de ses conseillers et le choisit pour être le parrain d’un de ses fils. On dit même qu’il devint chancelier de France, mais cette assertion ne repose sur aucun fondement solide. Avant d’être promu au siége d’Auxerre, Pierre avait été nommé, le 1er juillet 1322, évêque de Viviers, et on lit dans les Antiquités de Paris qu’il assista, cette même année, dans cette ville et en cette qualité, à la pose de la première pierre de l’église Saint-Jacques-de-I’Hôpital, que fit Jeanne, reine de France et de Navarre, en présence de Mathilde, comtesse d’Artois, de l’archevêque de Lyon, de l’abbé de SaintDenys, et de plusieurs autres. Elevé sur le siége d’Auxerre par les suffrages des chanoines réunis à cet effet le 5 octobre 1325, et préconisé par le pape Jean XXII, Pierre vint en prendre possession le dimanche 2 novembre 1326. Il fit son entrée dans la ville avec les solennités ordinaires, et fut porté depuis l’église de Saint-Germain jusqu’à la cathédrale, par quatre barons au nombre desquels se trouvait le comte de Flandre, à cause de la baronnie de Donzy, et qui essaya de retenir pour lui l’anneau épiscopal, prétendant que c’était son droit. Pierre avait passé auparavant six jours dans l’abbaye de Saint-Germain. Il alla ensuite à Sens faire, entre les mains du métropolitain, la profession de foi ordinaire, et s’acquitta en janvier 1327, envers la chambre apostolique. Le 1er avril suivant, le roi Charles le Bel le chargea avec Pierre de Chappes, évêque de Chartres, de traiter de la paix entre la France et l’Angleterre. Le 2 mai, il se trouva à Paris lorsque se fit, en l’église Saint-Jacques de l’Hôpital, la translation d’un doigt de cet apôtre. Le 15 juillet suivant, il obtint du chapitre la permission de faire couper cent arpents de haute futaie dans sa terre de Varzy, à la condition toutefois d’en laisser autant désormais en réserve dans les terres de Régennes et de Beauretour, pour le bien et l’utilité de l’église et des évêques ses successeurs. L’évêque d’Auxerre fut créé cardinal du titre de Saint-Pierre et de Saint-Marcellin dans le consistoire du 18 décembre de cette même année 1327, et peu après, le pape Jean XXII lui conféra l’archidiaconé de Cotentin dans l’église de Coutances. La première de ces dignités l’obligea à résider dans la ville d’Avignon, en sorte que le diocèse d’Auxerre ne posséda son évêque qu’un an et demi. Pierre de Mortemart cessa de vivre le 14 avril 1335, et fut inhumé dans le village où il avait vu le jour.
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