PIERRE III DE GREZ (1308-1352)

 Le pape Clément V, se trouvant à Poitiers, écrivit le 3 avril 1308 au chapitre d’Auxerre, qu’ayant été informé que des difficultés pouvaient surgir à propos de l’élection du successeur de Pierre de Belleperche, il se la réservait pour cette fois, à moins qu’on ne la fît avec union et concorde.

Pierre de Corbeil, appelé plus communément Pierre de Grez, fut élu et confirmé par le pape. il était fils de Jean de Corbeil, seigneur de Grez, en Brie, neveu de Guillaume du même nom, frère de Jean de Grez, maréchal de France, docteur en droit, et, joignait à ses deux canonicats d’Auxerre et de Chartres les dignités de chantre de la cathédrale de Paris et de chancelier du roi de Navarre, comte de Champagne et de Brie. Quand il parvint au siége d’Auxerre, il n’avait pas encore reçu la prêtrise. Ce fut Guillaume Baufet, évêque de Paris, qui la lui conféra, le 21 décembre 1308, dans l’église de Montlhéry, et le sacra dans l’église des Cordeliers de Paris, le dimanche 5 janvier de l’année suivante.

Pierre de Grez, avant son élévation à l’épiscôpat, avait été chargé par Charles, comte de Valois, d’aller complimenter le pape Clément V, sur son exaltation, en 1305. il n’était encore qu’évêque élu d’Auxerre lorsque ce Souverain-Pontife, par lettres datées de Poitiers le 9 août 1308, lui confia, avec Etienne Bequart, archevêque de Sens, et Raoul Grosparmi, évêque d’Orléans, de faire une enquête sur certains, faits de sortilège, dont on accusait Guichard, évêque de Troyes.

Son entrée solennelle à Auxerre eut lieu pendant le carême de 1309, et aussitôt après il se rendit à Sens faire les soumissions d’usage à l’Église métropolitaine. Comme le siége de Sens était alors devenu vacant, le serment de Pierre fut inscrit dans le livre du préchantre, et l’on mit dans la formule, ces mots et futuro pontifici Senonensi. Le 22 mai 1309, Pierre s’acquitta envers la chambre apostolique. Le vendredi 24 octobre suivant, Pierre de Grez, se trouvant à Rouen, y signa un contrat de mariage d’Isabelle, fille d’Enguerrand de Marigny, avec Guillaume de Tancarville. Le comte d’Auxerre ayant refusé de lui prêter serment. de foi et hommage, Pierre, par acte du mardi 18 août 1310, fit saisir tout ce qui dépendait du comte d’Auxerre et de la baronnie de Donzy. Comme le roi, pour punir Louis, comte de Nevers, de sa rébellion envers lui, fit opérer peu après la saisie de ces mêmes terres, Pierre de Grez forma opposition, et après une enquête, la cour du parlement prononça la nullité de la saisie royale sur tout ce qui relevait de l’évêque. Philippe le Bel, par une charte datée de Pontoise, le 16 avril 1314, ordonna aux baillis de Nevers et d’Auxerre de se conformer à cet arrêt.

Après avoir, du 11 au 26 mai 1310, assisté à Paris au concile provincial où l’on examina les causes des Templiers, Pierre de Grez se trouva, l’année suivante, au concile général de Vienne, qui prononça la suppression de cet Ordre. L’évêque d’Auxerre se montra, dans cette grave affaire, l’un des serviteurs les plus dévoués de Philippe le Bel. En 1313, il fut désigné comme collecteur des décimes accordés à ce prince par Clément V sur le clergé de France pour une expédition en Terre-Sainte.

Pierre de Grez passait pour très habile canoniste il rendit perpétuels, par une ordonnance approuvée du chapitre, les quatre archiprêtrés d’Auxerre, de Puisaye, de Varzy et de Saint-Bris. Cette ordonnance est datée du château épiscopal de Villechaud près de Cosne, le jeudi 27 juin 1314, année ou son frère Jean, maréchal de France, le fit son exécuteur testamentaire. Vers cette époque, il se trouva dans le diocèse de Rouen, pour faire la dédicace de l’église d’Ecouïs. Le 8 juillet 1315, il écrivit A Gilles Colonna, archevêque de Bourges, que les décimes accordés par le pape à Philippe le Bel étaient également dus à Louis son successeur, et qu’il eut à les faire recueillir dans son diocèse. Pierre se trouva au parlement tenu à Paris, le 30 novembre 1317. Deux ans après, Jacques, abbé de Pontigny, et Henri, abbé des Roches, qu’il avait bénis, lui prêtèrent, selon la coutume, serment de foi et hommage. Le lundi 18 août 1320, il constata l’authenticité du corps de saint Amatre et de quelques autres reliques qui reposaient dans l’église cathédrale. En 1321, il concéda à Gaucher, abbé de Saint-Germain, la faculté de célébrer l’office divin dans la chapelle de son manoir de Perrigny-les-Auxerre, à condition toutefois de n’y administrer aucun sacrement et surtout le mariage. Il renouvela, en 1325, cette permission et l’étendit à tous les abbés qui succéderaient à Gaucher.

Pierre de Grez, se trouvant atteint d’une maladie assez grave fit, le 24 juin 1321, son testament, dont il nomma exécuteur Hugues de Nesle, prévôt d’Auvers, dans l’église de Chartres, Jean de la Motte, archidiacre, et Pierre de la Motte, son frère, trésorier de l’Église d’Auxerre, qu’il qualifie tous trois ses parents, en les priant de disposer de ses biens de la manière la plus utile au salut de son âme. En 1323, il contraignit Louis de Flandre, comte de Nevers, à lui rendre hommage pour le comté d’Auxerre. Certains historiens ont avancé que fatigué du ministère épiscopal et accablé d’infirmités, Pierre prit des coadjuteurs sur la fin de sa vie, mais ce fait nous paraît fort peu probable, puisqu’on trouve qu’en juin 1325, il faisait en personne la visite générale de son diocèse, et que le 13 juillet suivant, il réconcilia l’église paroissiale de Notre-Dame de La Charité, profanée quelques jours auparavant, et donna acte aux religieux de cette ville qu’il n’avait point entendu par là préjudicier en rien à leurs droits et privilèges. Quoi qu’il en soit, Pierre de Grez mourut le 21 septembre 1325. 

On l’inhuma auprès de Guillaume de Grez dont il portait les armoiries d’or, au dragon volant de sinople, lampassé de gueules.

Après la mort de Pierre de Grez, le roi Charles le Bel, à qui ce prélat, comme héritier de son frère Jean, maréchal de France, devait des sommes importantes, fit saisir la maison et hébergement de Grez qu’il vendit en janvier 1326, moyennant la somme de 1,000 livres, à son cousin, Philippe, comte de Valois. Ce dernier la céda, en avril 1327, à Jean d’Andrezel, son chambellan.

 

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