SAINT
HéRIBALD ou HÉRIBAUD (829- 837) |
Fils
d’un bavarois nommé Antelme et d’une gâtinaise appelée Frotilde, Héribald
était neveu d’Angelelme, frère de Loup de Ferrières et de saint Abbon
dont il sera question plus loin, comme évêque d’Auxerre. Premier
chapelain de l’empereur Louis le Débonnaire, à la cour duquel il avait
été élevé, il se trouva d’abord mêlé aux affaires de l’état,
s’acquitta aussi avec honneur de quelques ambassades, et se trouva au
nombre de ceux qui furent envoyés par l’empereur, en 816, au pape
Etienne. Au milieu de la cour et dans le tourbillon des plus grandes
affaires du monde, il n’est pas étonnant qu’Héribald ait d’abord
mené une vie un peu dissipée ; mais une maladie le fit rentrer sérieusement
en lui-même, et dès lors il ne songea plus qu’aux choses de Dieu. Ses
vertus fixèrent sur lui l’attention du clergé et du peuple d’Auxerre,
qui l’élurent pour succéder à Angelelme. Louis le Débonnaire ne fut
pas sans influence sur le choix que l’on fit en cette circonstance. Le
nouvel évêque fut élu dans l’église de Saint-Germain et sacré par
saint Aldric de Sens, assisté des prélats de la province. On
ne sait par quel malheur il se laissa entraîner, quelque temps après son
ordination, dans le parti de Lothaire, révolté contre l’empereur, son
père. Cet acte de faiblesse, qu’il commit ainsi que plusieurs autres
saints prélats, fut depuis réparé par ses larmes. Héribald se réconcilia
avec Louis le Débonnaire et fut absous par Hincmar, archevêque de Reims.
Malgré cela, cependant, il conserva toujours une secrète affection pour
Lothaire jusqu’à la fameuse bataille de Fontenay, en 841. Charles,
qui resta victorieux avec Louis, lui ayant ordonné de faire la
translation du corps de saint Germain pour lequel il avait beaucoup de dévotion,
Héribald fit cette cérémonie le 1er septembre de la même année, et
l’on remarque qu’à partir de ce moment il parut rentré en grâce
auprès du roi; depuis lors aussi, Charles le chargea de plusieurs
ambassades. Comme
Héribald aimait les sciences, il rendit illustre le collège de ses
chanoines pour l’étude des lettres humaines et ecclésiastiques qu’il
y stimula; il fit venir de tous cotés de célèbres maîtres qui donnèrent
un nouveau lustre aux offices religieux de son église. « Il semble
que l’on veuille dire par là, observe l’abbé Lebeuf, que ce fut de
son temps que le rite romain, nouvellement introduit en France, prit de
plus fortes racines dans l’église d’Auxerre, sur les débris du rite
gallican »; mais cette induction ne paraît pas réellement motivée,
puisque le rite romain était répandu depuis longtemps en France, et que
Charlemagne avait porté le dernier coup à la liturgie gallicane. Quoi
qu’il en soit, attentif à tout ce qui peut contribuer à l’éclat du
culte, l’évêque d’Auxerre fit somptueusement décorer sa cathédrale,
en renouvela les voûtes et les murailles, l’orna de vitraux et de
belles peintures, y fit suspendre quatre couronnes d’argent, plaça des
tables aussi en argent dans le voisinage de l’autel de Saint-Étienne,
et fit construire une châsse magnifique dans laquelle il mît les vêtements
de saint Germain. Les deux autres églises qui composaient la cathédrale,
Notre-Dame et Saint-jean, eurent aussi part à ses bienfaits; celle de
Saint-Jean qui tombait en ruines, fut même entièrement rétablie par sa
munificence. Quant à ses chanoines, il ne les oublia pas non plus il
leur rendit le temporel qui leur avait été enlevé, à mesure que les détenteurs
mouraient, et leur donna, pour la dépense de leurs vêtements, la ville
de Cosne-sur-Loire, c’est-à-dire, les quarante maisons qu’il y avait
avec leurs dépendances, terres et vignes, la Celle-Saint-Remi, une
certaine quantité de vignes à Pourrein, quelques fonds de terre à
Toucy, et une nouvelle vigne située près de l’église de
Saint-Eusèbe-lés-Auxerre. Bien
qu’Héribald soit qualifié abbé de Saint-Germain dans quelques
monuments, il n’est pas certain qu’il l’ait été. Il y a moins
d’apparence encore qu’il ait été moine régulier, et c’est tout au
plus s’il a possédé l’abbaye de Saint-Germain sous Louis le Débonnaire,
comme en possédaient alors quelques seigneurs séculiers favorisés par
le prince. Cependant, on voit qu’il donna aux religieux de ce monastère, sous l’abbé
Deus-Dedit le
privilège de choisir leur supérieur. Il
se tint un grand nombre de conciles pendant le pontificat d’Héribald,
qui assista à ceux de Paris (828), de Germigny (843), de Tours (849), de
Moret (850), et de Bonneuil (856). Accablé
de continuelles maladies, l’évêque d’Auxerre fit toujours paraître
les plus grands sentiments de résignation, de patience et de soumission
à la volonté de Dieu. Il mourut le 5 avril 857, après avoir siégé
pendant vingt-huit ou vingt-neuf ans, et fut inhumé, selon son désir,
dans l’église de Saint-Germain dont les litanies l’invoquent comme
saint. |
Retour à la liste des évèques | ||
Retour au sommaire |