SAINT VIGILE (658- 686)

 Quelques mois après la mort de saint Pallade, Vigile fut appelé à lui succéder. On est obligé de fixer le commencement de son épiscopat en novembre 658, car il est certain qu’il siégea vingt-cinq ans et cinq mois et qu’il mourut le 11 mars 684.

Vigile était probablement du pays d’Auxerre, comme on peut le conjecturer d’une clause de son testament publié par Mabillon parmi les Preuves du tome 1er des Annales bénédictines, et du martyrologe de Sainte-Eugénie de Varzy. La situation des biens qu’il légua, permet même de croire qu’il naquit à Auxerre où il fit bâtir une église nommée Notre-Dame-la-d’Hors; il établit, pour cette église, un couvent de moines et l’entoura de murs. Comme il était également attentif au soulagement des besoins de l’âme et du corps, il eut soin de fonder auprès de ce monastère un hôpital pour les pauvres. Par son testament, il légua à ces deux établissements, entre autres domaines, ceux de Saint­Georges, Ladué, Senan, Bonard , Flogny, Mérey et Soulangy.

Ce saint prélat n’oublia pas non plus de fournir aux autres évêques du royaume des moyens de soutenir les nouveaux établissements de piété qui surgissaient dans leurs diocèses. On en a un exemple à l’égard de saint Drausin, évêque de Soissons. Ebroïn venait de fonder, près de sa ville épiscopale, un fameux monastère de filles : l’évêque, voyant qu’il était à propos de favoriser de quelques privilèges d’immunité cette nouvelle maison de religieuses, on dressa un acte qu’il fit signer le 26 juin 666, non-seulement par les évêques de sa province, mais encore par plusieurs autres prélats de France. Parmi les vingt souscriptions qu’on y trouve, celle de saint Vigile est la neuvième, ainsi conçue : Moi, Vigile, pécheur, ai consenti à ce privilége et y ai souscrit.

Vigile scella par l’effusion de son sang les vérités qu’il avait si longtemps enseignées à son peuple. Il y avait plus de vingt ans qu’il gouvernait l’Eglise d’Auxerre, lorsque Waraton devint maire du palais, après Ebroïn. C’était un homme pieux, mais peu agissant et qui laissa son fils Gilimer conduire les affaires de son administration. Ce jeune homme ne songeait qu’à se produire; il eut la hardiesse de supplanter son père et fut assez mauvais fils pour le destituer au bout d’un an. Saint Ouen, archevêque de Rouen, ne cessa de reprocher à Gilimer la noirceur de son action, mais en vain. Dieu punit alors le coupable par une mort imprévue, et Waraton reprit son autorité qu’il exerça pendant une année encore. Ce fut certainement pendant ces révolutions intestines qui durèrent jusqu’en 684, que saint Vigile fut mis à mort ; mais on ignore quel en fut l’auteur. Quoiqu’on ait cru à Auxerre, pendant le IXe siècle, que ce fut par le commandement de Waraton, il y a bien plus d’apparence que c’est à Gilimer qu’il faut faire remonter l’ordre d’assassiner le saint, et peut-être l’assassin, fut-il Gilimer lui-même. Quoi qu’il en soit, Vigile fut arrêté dans la forêt de Côte ou de Cuise (Cotia), au diocèse de Soissons, et poignardé à cause de son zèle pour l’équité et la justice. Dieu témoigna par des miracles, qu’il avait pour agréable la pieuse vie de saint Vigile, dont le corps fut rapporté à Auxerre et inhumé dans l’église de Notre-Dame-là-d’hors. Plus tard, on recueillit ses reliques dans une châsse que les huguenots brisèrent en 1567. Jacques Amyot en recouvra une partie qu’il déposa dans une châsse nouvelle le 10 juillet 1589.

On célèbre la fête de saint Vigile le 10 juillet.

Évêque précédent

Retour à la liste des évêques

Évêque suivant

Retour au sommaire