SAINT PALLADE (622- 658) |
Saint Pallade était prêtre et abbé de Saint-Germain, lorsque saint
Didier laissa vacant par sa mort le siège d’Auxerre. Comme on n’est
pas certain que l’abbaye de Saint-Germain fût alors un monastère de
moines dans le sens qu’on a donné depuis à ce mot, il y a tout lieu de
croire que Pallade y gouvernait un clergé séculier. Il se distingua dans
cette fonction par sa sagesse, ses aumônes et sa tendresse pour les
pauvres : c’est ce qui fit que tout le peuple le choisit pour l’élever
sur le siège épiscopal dans les premiers jours de janvier 622. Il ne fut pas plus tôt revêtu du souverain sacerdoce, qu’il
s’attacha à faire fleurir la discipline ecclésiastique. Il enrichit
l’église de Saint-Étienne, transféra hors les murs de la cité
l’ancien monastère de Saint-Julien, y établit des religieuses, et leur
donna des terres pour leur entretien et celui d’un grand nombre de
pauvres qui devaient y être nourris et vêtus. Cet acte de donation est
de 644. il éleva aussi un monastère d’hommes sur une petite éminence au
sud-ouest d’Auxerre, sous l’invocation de saint Eusèbe, évêque de
Verceil, et l’église fut ornée par ses soins de mosaïques où l’or
et le cristal n’étaient pas épargnés. Pallade fit aussi bâtir une église
en l’honneur de saint Germain, en un lieu appelé alors Vercisum,
et plus tard Vergers, réuni aujourd’hui à Sully, près de Donzy. Ce fut aussi ce pieux prélat qui, par un effet de sa dévotion à saint
Germain, ordonna que, chaque année, à la fête de ce saint, qui se célèbre
le 1er octobre, après la messe, les chanoines reçussent cent sous des
mains de l’évêque, afin que dans la suite ils se portassent avec plus
de zèle à solenniser cette fête. Un historien remarque que c’est le
plus ancien exemple des distributions manuelles dans l’Eglise gallicane. Il
n’y avait que trois ans à
peine que saint Pallade était évêque d’Auxerre, lorsqu’un grand
concile se tint à Reims. Il y assista avec plusieurs des plus célèbres
évêques, ses contemporains, entre autres saint Sulpice de Bourges, saint
Arnoul de Metz, et saint Renobert de Bayoux. On trouve encore son nom
parmi ceux des évêques qui souscrivirent au concile réuni à
Clichy-la-Garenne vers la fin de mai 633. Il assista pareillement à celui
qui s’assembla dans la ville de Châlon le 25 octobre 644. On voit
aussi son nom dans la charte d’exemption qui fut accordée à l’abbaye
de Saint-Denys en France le 22 juin 653, par Clovis II, et par la suite on
se tint pour fort honoré de sa souscription qui est conçue en ces termes :
Palladius, peccator, consentiens subscripsi. Ce qu’il y a de
remarquable encore dans cette charte d’exemption, c’est que le nom de
saint Pallade s’y trouve immédiatement après celui du roi Dagobert. Ce saint prélat mourut, comblé de mérites, le 10 avril 658. Il avait
gouverné pendant trente-six ans et quelques mois, et fut inhumé dans
l’église de Saint-Eusèbe qu’il avait fait construire. De nombreux
miracles illustrèrent son tombeau, et c’est ce qui porta l’évêque
Gui à le canoniser le 30 juillet 945. On célébrait sa fête le 10
avril, dans le diocèse d’Auxerre, sous le titre de fête à trois leçons
avec Te Deum; mais comme souvent elle tombait dans le carême, on
l’a remise au 30 juillet, en 1726, et réunie alors à la fête de saint
Urse, mort aussi le même jour au commencement du VIe siècle. Canisius (Ant. Lect., tom. 5) a donné, parmi les lettres de saint Didier, évêque de Cahors, une pièce du même genre que Pallade lui écrivit au sujet de quelques villages du Quercy, qui faisaient sans doute partie de ceux que le saint prélat avait donnés à son diocèse d’Auxerre. |
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