Il y avait, suivant quelques auteurs, un atelier monétaire dans notre
ville dès le VIe siècle, et l’on cite à l’appui de ce dire le fameux
denier d’argent portant ces mots : Avtiziodero ci (vitas). Sous la
2e race, on voit des monnaies d’argent avec la légende Autissiodorum, mais
sans qu’on ait jusqu’à présent déterminé à qui elles appartiennent. La
même difficulté se présente pour l’attribution des monnaies des comtes et
des évêques qui frappèrent également monnaie aux XIIe et XIIe siècles.
Leurs pièces sont petites et portent la croix de chaque côté avec la légende :
ALTISIOD OR ou
ALTSIODERI.
Ils eurent de fréquentes contestations sur leurs droits réciproques de
battre monnaie. On peut voir les détails intéressants de ces débats dans les Mémoires
de l’abbé Lebeuf. Après
la réunion du comté à la couronne, en 1370, le monnayage se fit au nom du
roi. Jean Ravier était maître de la monnaie du roi en 1420 (Lebeuf, Mémoires
sur l’Histoire d’Auxerre, 2e éd., t. IV, Preuves) et Thevenin Boucher,
en 1429 (Archives de la Côte-d’Or, B. 2571). Le traité d’Arras ayant remis
le comté d’Auxerre sous l’autorité du duc de Bourgogne, celui-ci fit
battre monnaie dans notre ville, et s’opposa, en 1445, aux prétentions des
officiers royaux qui voulaient contrôler son monnoyage (De Barante, Histoire
des Ducs de Bourgogne, VI, 389). On ne connaît rien sur le monnoyage d’Auxerre
depuis cette époque.
La rue de la Monnaie est connue sous ce nom au
moins dès 1559 (Censier
d’Auxerre de 1559). Cependant, en 1565, c’était encore la rue Nicolas Maure, qui n’a plus aujourd’hui que l’étendue
du coin de
la
rue Paul Bert à la
Boucherie. La maison de la Monnoye était alors possédée par M. Foudriat,
grenetier d’Auxerre; elle sert alors de point de repère pour déterminer une
des limites des censives de l’abbaye
Saint-Père en montant de l’hôtellerie de la Madelaine (Sentence pour les
censives de l’abbaye, 1565. Fonds Saint-Père) du côté droit de la rue. M.
de Villiers, bailli d’Auxerre, en 1593, y demeurait (Lebeuf, 2e éd., III,
452); en 1675, M. Marie, lieutenant général du bailliage, la possédait. Elle
est restée depuis ce temps dans cette famille qui a illustré la magistrature
du pays auxerrois. C’est donc dans la maison n0 7, au coin de la
rue Paul Bert, qu’il faut placer l’hôtel des Monnaies
d’Auxerre. Cet hôtel ayant pavillon en saillie sur la rue, est construit en
briques et pierres et paraît du temps de Louis XIII. On y a vu, jusqu’à la Révolution,
l’écusson des armes de France sur la porte et sur la façade intérieure.
Il y avait encore dans cette rue, au XVe siècle, un hôtel de la
Monnaie qui appartenait, en 1493, à Me Jean Delaporte, lieutenant
criminel en la prévôté de Paris (Protocole de Bourdin, Archives de l’Yonne).
Le poète Roger de Collerye a composé dans ses oeuvres l’épitaphe plaisante
d’un hôtelier de la Monnaie nommé Huguet Tuillant, mort au commencement du
XVIe siècle. C’était un bon compagnon prêt à tout pourvu
qu’on eût de l’argent en bourse, ou qu’on lui parût présenter quelque
garantie (Oeuvres de Roger de Collerye, 2e éd., p. 286).
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