RUE DE LA LIBERTÉ

Autrefois, rue des petits-pères. C’est une des rues latérales de la rue d’Eglény du côté du nord, qui tira son nom des religieux Augustins appelés Petits-Pères. Au moyen-âge, elle en avait un autre. La famille Paillart eut, à Auxerre et dans la Haute-Bourgogne, une certaine illustration aux XIVe et XVe siècles. Sa résidence était dans la paroisse Notre-Dame, et, pendant quelques siècle, on appelait de ce nom la rue actuelle des Petits-Pères, parce qu’on pensait sans doute qu’ils y avaient demeure. Suivant un Terrier d’Auxerre à l’abbaye Saint-Germain, M. Berault, élu du roi, possède une maison dans cette rue en 1671.

Maître Jean Paillart, beau-frère d’un évêque de Noyon, avait une cave bien garnie en 1377, et les habitants lui achetèrent alors une queue de vin de pinot pour donner en présent au duc de Bourgogne qui passait dans la ville, au mois de septembre. On la paya 6 francs (Lebeuf, t. II, 246).

Un autre Jean Paillart était conseiller au parlement et archidiacre d’Auxerre en 1445. Christophe Paillart, maître des comptes à Paris, fut envoyé par Louis XI, après la mort du duc Charles-le-Téméraire, pour inviter les habitants d’Auxerre à la soumission ; mais il n’y réussit pas.

Les Augustins-Déchaussés furent établis à Auxerre avec la permission de l’évêque Mgr de Broc, et leur première église fut consacrée, en 1662, sous l’invocation de Notre-Dame-de-Consolation. Mais ce ne fut pas sans opposition de la part des autres ordres mendiants. Le prince de Condé s’y intéressa et les recommanda de la part de la reine, si bien que les habitants donnèrent leur consentement à leur réception.

Ils portaient la robe noire avec une ceinture de cuir et, en ville, le manteau pourvu d’un capuchon. Ils avaient la barbe longue et, comme leur nom l’annonce, les pieds nus.

Ils demeurèrent d’abord dans la paroisse Saint-Eusèbe, et ils achetèrent, la même année, la maison de M. de La Coudre, conseiller au bailliage, où habitait un ancien archevêque de Narbonne retiré dans notre ville (Chardon, Histoire d’Auxerre, t. II, 245).

Leur église ou chapelle actuelle fut construite en 1718, et la pose de la première pierre en fut faite par le maire et les échevins, au nom du duc de Bourbon. Cet édifice longe la rue des Petits-Pères. Il n’a qu’une longue nef à voûte en berceau ornée de pilastres toscans. Elle a 12 toises de longueur, 4 de largeur et 5 de hauteur (Expertise en octobre 1790). L’aliénation des bâtiments des Augustins fit éprouver d’étranges vicissitudes à leur église : après avoir servi de magasin, puis de salle de bal et de concerts, elle est redevenue un vaste magasin de fers appartenant au XIXe siècle à M. Jules Challe.

La rue des Petits-Pères s’appela, pendant la Révolution, la rue de la Liberté. Elle reprit ensuite le nom des Paillarts. Enfin, dans les derniers temps de la Restauration, le Conseil municipal lui rendit celui de rue des Petits-Pères. Elle est redevenue de nos jours la rue de la Liberté.

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