RUE PAUL ARMANDOT

Autrefois rue des bois, cette rue, qui communique de la rue d’Eglény à la rue Française, porte un nom qui prête à diverses conjectures. Etait-ce là le chemin qui, du temps de l’évêque saint Vigile, conduisait au Breuil ou petit bois dont il parle dans son testament? Ou plutôt était-ce en ce lieu que s’élevait ce petit bois, et le nom en est-il resté dans le langage vulgaire? Toujours est-il qu’en 1453 on voit des maisons et des jardins rue du Bois (Archives de 1’Yonne, chapelle Sainte-Marguerite).

En 1542, maître Jean Charles, grenetier du grenier à sel d’Auxerre, qui avait pris à bail une partie du clos des religieux de Saint-Marien, entreprit d’y bâtir des maisons « dans le lieu dit la rue du Bois, autrement le Grand-Caire. » Ce devait être dans la partie qui se rapproche de la rue Française. Les détails de cette opération ne sont pas sans intérêt.

Il divisa les terrains en portions de 2 à 6 toises de largeur, sur 2, 3, 12, 45 à 20 toises de longueur. Les preneurs s’engagèrent ordinairement à y élever, dans les cinq ans, une maison, « afin que la rente s’y puisse prendre. » Les petits lots étaient destinés à faire des jardins (Enquête de 1593). Le total des concessions s’étendit sur 67 toises et demie ou 135 mètres.

Il y avait déjà, en 1506, dans la rue du Bois, une maison ou un hôpital destiné aux pèlerins de Saint-Jacques, dont la confrérie était dans l’église des Jacobins. Huguenin Chappuys, marchand au bourg Saint-Eusèbe et confrère, donna à cet effet la moitié d’une maison située rue du Bois (Archives de l’Yonne, Fonds des Hôpitaux).

Les temps modernes n’offrent rien de bien intéressant sur cette rue. Nous signalerons cependant le fait singulier de la trouvaille, au fond d’une citerne de la maison n° 3, d’une inscription lapidaire ainsi conçue :  

Ici

demeuroit Miche1 Lepeletier

assassiné par de lâches royalistes pour

avoir voté la mort de leur maître.

Il fut député de Paris à l’Assemblée

constituante, président du département

de l’Yonne; en 1792, représentant du peuple

pour le même département à la Convention

nationale, et mourut le 20 janvier l’an II de

la république une et indivisible.  

  Michel Lepeletier, qui fut tué par le garde-du-corps Paris, la veille de la mort du roi, avait habité Auxerre, sur la Place Charles Lepère et rue de Paris, mais non rue Paul Armandot. On ne peut expliquer la présence de l’inscription ci-dessus dans la maison n° 23 que par son enlèvement, après le 9 thermidor, de la place qu’elle occupait. Le propriétaire voulant la cacher à tous les yeux n’aura pas trouvé de meilleur moyen que de la jeter dans une citerne.

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