RUE
COCHOIS |
Et, en effet, l’entrée principale du palais épiscopal se trouvait
au bout de cette rue tortueuse et accidentée plus que pas une des rues
d’Auxerre. La
partie qui est au-dessous de la rue du
quatre septembre n’offre rien de
remarquable; elle était jadis au bout de l’étang Saint-Vigile, et où la
bonde devait s’ouvrir. Nous laisserons de côté la partie qui monte à Saint-Germain, et qui sera
mieux placée dans le quartier, de ce nom. Mais, quand on arrive aux maisons qui
forment les deux côtés de la rue en montant à la préfecture, on touche à
des édifices historiques. Sur ce point était, comme nous l’avons dit plus haut, une porte pendante qui fermait le cloître et la cité au moyen-âge. Le Chapitre Saint-Etienne, après de vives contestations avec les habitants, avait été forcé de la laisser ouverte jusqu’à une certaine heure du jour. L’arcade de la Porte-Pendante reliait les maisons de M. Milliaux et du Télégraphe, et s’appuyait ainsi sur le mur de la cité romaine. Cette arcade a été démolie en 1690. Sur ces deux points Maximilien Quantin a vu découvrir des vestiges romains très intéressants, tels que le portrait d’une femme en demi-relief dansant, et, dans la base même du mur (du Télégraphe), trois chapiteaux de colonnes d’un ordre se rapprochant du toscan (Voyez les antiquités du Musée de la ville). La maison Berault fut, en 1423, achetée, moyennant cent sous de rente, par Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux, le premier de cette famille qui fut chanoine d’Auxerre. Mais il ne paraît pas s’être beaucoup préoccupé de sa nouvelle dignité, et des charges qui lui incombaient, car, en 1444, il devait vingt années de la rente ou 100 livres, dont le Chapitre lui fit gracieusement remise. M. Michel Caron, célèbre médecin et chanoine, la possédait en 1507. La maison en face eut d’abord des possesseurs moins considérables. En 1490, Jean Bromet de Lyon, marchand mercier à Auxerre, prit à rente, du Chapitre, « un jardin situé près et attenant à la Porte-Pendante, et tenant aux murs de la vieille cité, et par devant à la rue, » à charge d’y élever une maison de 100 livres, de là à dix ans. Après plusieurs cessions, le maître de la Galée d’Auxerre (la Galère) en prend possession en 1517. L’enseigne de la Galère y pend longtemps. C’était, au XVIe siècle, un passage très fréquenté pour aller au port. Au XVIIe siècle la Galère disparaît. Cependant M. Bargedé, avocat au parlement, qui y habitait, rappelle encore ce nom en 1693. L’évêque André Colbert l’acheta, y fit construire une orangerie. Elle devint la propriété de M. Cochois qui la possédait en 1770. M. Gallois, ancien président du tribunal civil, l’un des citoyens les plus honorables de notre ville, l’a longtemps habitée. Le département en a fait l’acquisition pour y installer les bureaux du Télégraphe et de l’Académie, et y loger l’archiviste du département. Les longs murs qui bordent la suite de la rue Cochois, du point où nous nous sommes arrêté jusqu’à l’évêché, ne rappellent plus rien. A gauche, le bâtiment aux fenêtres murées indique les archives du département, précieux dépôt des titres publics. En creusant les fondations du mur du bâtiment des archives, en 1859, on a trouvé du côté de la rue, un et même deux murs parallèles avec des cintres, et cela à 8 ou 40 pieds de profondeur. L’entrée de l’évêché était autrefois au bout de la rue. L’aspect de ces portes murées est triste et froid. C’est l’image du passé fermé à jamais. Cependant cette façade de la Renaissance ne manque pas de caractère et de pureté. Le style en est châtié et de bon goût. C’est à M. de Dinteville, 2eme du nom (1554), que l’on doit ce spécimen de l’architecture de la Renaissance. Lebeuf rapporte qu’il l’orna d’inscriptions sentencieuses, suivant le goût du temps l’une touchant l’accès de sa maison qu’il déclarait ouverte à tous les gens de bien; l’autre, par rapport à l’officialité dont la salle était contiguë. Les caissons où ces inscriptions étaient tracées existent, mais les sentences ont disparu. Il n’y a plus au-dessus de la porte que ces mots qui n’ont plus de raison d’être là : Hôtel de préfecture. Voici la description de cette façade elle est percée de trois portes, celle du milieu, large de 2 mètres 75, a une archivolte à cannelures bordées de perles et d’oves. L’étage supérieur est, comme l’étage inférieur, à trois baies et décoré de quatre pilastres composites. Au couronnement, un cordon d’élégants modillons cannelés. Largeur de l’édifice, 14 mètres 60 centimètres. La charpente est fort bien composée et parfaitement conservée. |
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