RUE FOURIER |
Chaque profession avait au moyen-âge sa rue, son quartier distinct. Les parcheminiers demeuraient dans cette rue, qui conduisait des Cordeliers à Saint-Etienne. On trouve alternativement, au XVIe siècle, le nom de rue de la Parcheminerie et de rue Notre-Dame. Le dernier nom rappellait la célèbre chapelle de Notre-Dame-des-Vertus, qui s’élevait sur la place Saint-Etienne, à droite de la cathédrale. Elle pris le nom de rue Fourier en 1840. Germain Michel, peintre-verrier renommé, auteur de la rose du portail nord du transepts de la cathédrale, habitait une maison de cette rue en 1525. Elle a vu, sinon naître, au moins s’élever, l’un des hommes les plus illustres d’Auxerre, Jean-Joseph Fourier, et a été la demeure d’un autre, non moins éminent, l’abbé Jean-Baptiste Lebeuf; et, chose singulière, c’est que ces deux savants hommes ont habité deux maisons contiguës; et séparées seulement par une ruelle (Archives du Chapitre d’Auxerre.) Le premier naquit le 21 mars 1768, de Joseph Fourier, maître-tailleur d’habits, et de Edmée Lebègue. (Voir rue Fécauderie); le second vit le jour sur la paroisse Saint-Regnobert en 1687, le 6 mars; il était fils de Me Pierre Lebeuf, commis à la recette des consignations. La maison du père de Fourier est la troisième à gauche, en descendant la rue, et celle du père de Lebeuf est la quatrième. M. Bernard-Deschamps, grand amateur de peinture et d’histoire naturelle, l’habitait, au XIXe siècle, avec sa fille, Mademoiselle Prisette Bernard, qui possédait un talent remarquable de miniaturiste. L’abbé Lebeuf, devenu chanoine de la cathédrale, acheta une autre maison dans cette rue. C’est la seconde à droite en descendant sur la place, après la rue Maison-Fort. Elle a appartenu, au moment de la Révolution, à M. Pellevilain, chanoine (Archives du Chapitre, maisons canoniales.) Mais Lebeuf habita toujours dans la maison paternelle et y conserva son appartement. C’est là qu’il composa son livre de la Prise d’Auxerre, qui devait mériter, pour une feuille au moins, les honneurs du bûcher. On raconte que Lebeuf, résidant à Paris, arrivait souvent dans sa maison sans que les personnes qui habitaient le rez-de-chaussée s’en aperçussent. Il passait ainsi la journée à travailler dans sa chambre et descendait le soir pour dîner chez ses hôtes, qu’il surprenait. Fourier, élève distingué des Bénédictins, chez lesquels il devait prendre l’habit, était, au moment de la Révolution, professeur de belles-lettres et de mathématiques. Les sciences exactes n’avaient point de secrets pour lui. Il fit partie de la Commission scientifique de l’expédition d’Egypte, et rédigea la préface du grand ouvrage qui fut publié sur cette contrée. Le 23 pluviose, an X, il fut nommé préfet de l’Isère, où il demeura jusqu’au 9 mars 1815, époque où l’empereur le nomma préfet de Lyon. Fourier devint baron de l’Empire en 1810, membre de l’institut en 1817, et, en 1822, secrétaire perpétuel pour la section des sciences mathématiques. Il est mort grand-officier de la Légion d’honneur, à Paris, le 16 mai 1830. Ses concitoyens lui ont érigé, le 5 mai 1849, une statue en bronze, qui est dans le jardin botanique. (V. rue du Champ). Lebeuf attend encore le même honneur. ( à vérifier) La rue Fourier a reçu le nom de rue de la Fraternité en l’an VI, mais ce titre n’a eu qu’une durée éphémère. On prétend que le grand économiste Turgot passa quelques années de sa jeunesse à Auxerre, et qu’il habitait la rue Fourier chez Me Deschamps, procureur, dont la maison, en face celle du père de Fourier, est occupée par un quincaillier. On raconte qu’un jour qu’il était allé aux vêpres chez les RP. Cordeliers avec d’autres jeunes gens, il fit du bruit et troubla l’office. Un Cordelier se leva de sa place et le mit à la porte de l’église. Turgot, furieux, jura de se venger. Il alla attendre le moine dans la cour avec un gourdin et le bâtonna ; mais le lendemain, comme il revint pour narguer le battu, ce fut son tour de l’être. Alors il persista de plus belle avec ses amis à venir battre les moines chez eux, tellement qu’il fallut fermer la porte du couvent. (Anecdote racontée par Mme Deschamps). |
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