Le chemin rapide et
tortueux qui conduit de la place de l'abbé Deschamps au port, autrefois à la
poterne des Grands-Moulins, s’appellait la rue Saint-Pancrace, du nom d’une
tour, aujourd’hui défigurée, qui s’élevait à l’extrémité
orientale
de la cité romaine, et dont la base plonge dans la rue
Sous-Murs. Saint
Pancrace, martyr à Rome, y avait une chapelle qui y fut fondée au XIIIe siècle
environ. On y voyait des peintures de ce temps, à ce que rapporte Lebeuf, et le
Cartulaire de la cathédrale fait mention de la maison de saint Pancrace à la
date de 1426. Elle a toujours appartenu au Chapitre de la Cité, qui y faisait
l’office le jour de la fête du saint. Il y avait probablement un solitaire
dans les temps anciens.
On voit dans cette rue, à
gauche en descendant, une vaste maison qui a appartenu au docte chanoine
Frappier, et avant lui à M. Archambaud, archidiacre. La chapelle Saint-Clément
en dépendait dans le siècle dernier. M. Blin, ancien maître de pension, a
possédé cette maison, et elle a été acquise pour les religieuses de
Saint-Vincent-de-Paul de la place de l'abbé
Deschamps, qui y ont établi une école
et un orphelinat.
A la révolution, on désigna
la rue Lebeuf sous le nom de rue du Port-aux-Grands-Moulins. La dernière maison
à l’angle de la rue à gauche était celle du vénérable abbé Viart, ancien
secrétaire du Chapitre d’Auxerre en 1789, vicaire général de l’évêque
émigré de Cicé, et qui joua un rôle de missionnaire dans l’ancien diocèse
d’Auxerre pendant la Révolution. L’Empire le nomma curé d’Auxerre, et M.
Viart fut le réorganisateur du culte dans l’archidiaconé d’Auxerre, en
1804. Il conserva jusqu’à ses dernières années une grande autorité dans
les affaires religieuses du pays, et mourut du choléra, en 1832, âgé de 82
ans (Voyez, sur M. Viart, les Souvenirs de
M. Fortin, curé de la cathédrale d’Auxerre; Auxerre, 1865, t. 1, in-12.)
|