RUE DU 4 SEPTEMBRE  

La rue du 4 septembre qui jusqu'en 1880 fut désignée sous le nom de rue des grands jardins, tient d’un bout à la rue Dampierre, et de l’autre à la rue Cochois. Elle clôt, pour ainsi dire, le quartier Saint-Germain du côté du sud.

Cette longue rue a, pendant des siècles, bien mérité son nom, car on n’y voyait jusqu’au milieu du XIXe siècle que des murs de jardins.

Cette voie, faisant communiquer du centre de la ville au port, avait, au moyen-âge surtout, une grande utilité pour les quartiers de l’ouest, alors que le cloître du Chapitre se fermait au gré de ce corps, et qu’il n’y avait point de porte dans le mur de la cité du côté du nord.

On n’y remarque rien de particulier que l’arcade ogivale qui se trouve au coin de la rue René Laffon c’est le reste d’une construction du XIIe au XIIIe siècle, qui porte un édifice dans lequel on voit, du côté du nord, des restes du même temps. Jusqu'au XVIIIe siècle existait dans cet immeuble une hostellerie à l'enseigne de "la galère"

Avant que la ville moderne ait été créée par les comtes, au XIIe siècle, la cité n’était donc pas ouverte sur le chemin qui devait s’appeler la rue du 4 septembre. Tout ce côté de la fortification était défendu par un vaste étang qui prenait sa naissance au pied de la vallée de Notre-Dame-la-d’Hors et recevait les eaux de la montagne qui domine la ville au sud­ouest. On lui avait donné, comme nous l’avons dit plus haut, le nom d’étang de Saint-Vigile. Tout le vaste pâté de terrains entre les fossés de la cité et la rue Michelet était occupé par cette nappe d’eau. Les communications étaient si peu faciles avec la paroisse Saint-Loup, qu’on appelait, comme nous l’avons déjà vu, au moyen âge, ce quartier le Bout du Monde.

M. Chardon rapporte que l’étang Saint-Vigile existait encore au XIIIe siècle. C’est peut-être bien hardi. La rue du 4 septembre était ouverte au moins au XIIIe siècle, époque de cette arcade dont nous avons fait mention plus haut. Elle s’appelait alors, suivant l’endroit dont on parlait, ou au moins en 1339 (Registre de l’Hôtel-Dieu), la rue dessous la Maison-Dieu de Saint-Etienne, la rue de dessous le Courtil aux Cordeliers, parce que les religieux possédaient un jardin à l’extrémité nord-ouest de cette rue, et la rue de Sous-Murs, c’est-à-dire sous les murs romains. Plus tard (1420) c’est la rue derrière le Cloître, et enfin la rue de l’Etang de Saint-Vigile. Le plus souvent on remarque qu’on ne parle que de grands clos dans cette partie de la ville (Archives de l’abbaye de Notre-Dame-la-d’Hors, en 1370).

Les atterrissements successifs ont fini par combler l’étang de Saint-Vigile; mais les creusées nécessaires pour la fondation des maisons doivent en être bien profondes si l’on veut atteindre le sol primitif, et l’on enlève un amas de détritus marécageux qui ne laissent aucun doute sur l’ancien état des lieux. Cet état du sol se retrouve dans l’emplacement des maisons des dames Ursulines tout en face la rue de l'étang Saint Vigile, aussi bien que du côté de l’ancien couvent des Bernardines.

M. Lefort, architecte à Sens, qui a construit, en 1865, un grand et bel édifice dans la maison des dames Ursulines, a constaté qu’il fallait descendre jusqu’à 8 m. 65 pour trouver le sol natif. La pente se relève brusquement à 3 mètres en se rapprochant de la rue Michelet. Le sol de l’étang était une alluvion formée par le temps et non le résultat de remblais successifs.

La maison des Bernardines, placée à l’angle de la rue Dampierre, s’étendait sur la partie qui conduit à la rue de Paris. Ses dépendances s’ouvraient dans la rue du 4 septembre. Dès le XVe siècle les Bernardines y avaient un jardin, et le ruisseau ou conduit qui venait par dessous les Cordeliers s’appelait le ru de Merdreau. On avait dès lors ouvert une fausse poterne dans le mur romain pour communiquer chez les Pères Cordeliers (Compte de l’Hôtel-Dieu de 1407). Les bâtiments des Bernardines servit un temps de caserne à la gendarmerie.

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