PLACE CHARLES LEPÈRE  

La place Charles Lepère avait autrefois, comme la place Charles Surugue, ses longues galeries aux piliers de bois qui supportaient les maisons. De chaque côté de la place s’élevaient des arcades moins splendides, sans doute, que celles du Palais-Royal, mais bien chères aux bourgeois. Jusqu’en 1758 elles résistèrent aux projets de démolition qu’on avait conçus contre elles, et conservèrent à ce quartier un air moyen âge des plus curieux; mais elles avaient perdu toute leur utilité. Les Auxerrois n’y venaient plus, comme au temps de la Ligue, par exemple, discuter dans ce Forum de nouvelle espèce, à qui l’on enverrait des secours à Toucy ou à Cravan; si l’on se soumettrait au roi de Navarre ou si l’on fermerait ses portes à Biron. L’esprit d’indépendance avait disparu, et les vieux piliers étaient déserts. Ceux du côté du nord étaient un bois; ceux du côté du sud, qui étaient en pierre, furent démolis les premiers, et les propriétaires des maisons appuyées dessus furent indemnisés (Chardon, II, 490).Dix ans après ce fut le tour des piliers de bois.

Du nom de Charles Lepère, maire d'Auxerre depuis 1823, autrefois elle s'appelait place de la Fénerie. La Fenerie était vraisemblablement jadis la place du marché au foin. On la trouve désignée dès 1440, et maître Jehan Paillart, conseiller au parlement, y avait alors une maison (Comptes de l’Hôtel-Dieu). On l’appelle aussi la Place aux Liens parce qu’on y vend des bottes d’osiers et de paille de seigle destinées à faire des liens pour l’usage de l’agriculture.

L’hôtel de la Fontaine représente l’ancienne demeure des chevaliers de Malte, autrement dits de Saint-Jean-de-Jérusalem. Il ne reste plus rien de cet établissement que la salle capitulaire qui est employée à présent à des usages vulgaires.

Les chevaliers de Saint-Jean, dont l’origine remonte à la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon, parurent à Auxerre vers 1213 (En 1213, le comte Pierre approuve la donation de sa personne et de ses enfants, faite à l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, par Michel de Saint-Amatre. (D.Viole, manuscrits n° 127,L. III, Bibliothèque d’Auxerre). Leur hôtel a été, dans l’origine, au lieu que nous lui assignons. Ils le quittèrent après la destruction des Templiers, dont ils héritèrent. Les commanderies secondaires de leur ordre aux environs d’Auxerre étaient Sacy, connue en 1208, et l’Hopitau-en-Vermanton. Leur costume à l’église était assez sévère. Il se composait d’une espèce de robe noire appelée cloche, ouverte par devant, ayant de grandes manches; la croix de l’ordre était attachée du côté gauche, sur la poitrine et sur l’épaule; ils portaient, en outre, l’épée au côté. Quand les chevaliers allaient à la guerre, ils avaient sur l’habit court une casaque rouge en forme de dalmatique, ornée par devant et par derrière d’une grande croix blanche pleine. Le chapeau était orné de plumetis, et l’épée était suspendue à leur côté.

Depuis le XIVe siècle la maison de la Commanderie fut donnée à bail. En 1550, des experts qui la visitent constatent « qu’il y a près la ruelle Bérault une vinée voustée à branches d’ogives, où à présent y a grenier à sel; ensemble un huis qui sort des étables en ladite ruelle, avec une marelle faisant séparation entre la vinée et les estables (Archives Impériales, 5236, n° 21, liasse 2). » — C’était au milieu du XIXe siècle, l’écurie de l’hôtel de la Fontaine. L’intérieur est composé d’une vaste salle, voutée ogivalement et formant deux rangs de voûtes surbaissées, soutenues par trois colonnes munies de feuilles de trèfle. Les baies qui l’éclairent sont déformées, mais on y retrouve le style de la fin du XIIe siècle.  

Le café "Léon" (N° 11) était, à la belle époque, l'un des établissement les plus fréquentés d'Auxerre.

Au café du commerce, dont l'immeuble à disparu en 1936 avait l'habitude de se réunir les commerçants du quartier qui y rencontraient les marchands venus vendre au marché. De chaque côté de l'immeuble, deux très courtes voies faisaient communiquer la place Charles Lepère avec la rue de Paris.

Plusieurs établissement bancaires attiré par la présence du commerce très actif de ce secteur se sont installé sur la place à la belle époque. C'est encore une des principales activités sur cette place.

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