François de DINTEVILLE 1er (1513 - 1530)

François de Dinteville était le dernier des quatorze enfants de Claude de Dinteville, seigneur de Commarin en Bourgogne, d'Eschenetz, Polisy, etc., conseiller et surintendant des finances de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, auprès duquel il fut tué devant Nancy, en 1477. Sa mère était Jeanne de la Baume, descendante des puissants comtes de Montrevel. La jeunesse de François fut soigneusement cultivée. Après avoir étudié à Dijon et à Autun, il fut envoyé à Pavie pour y apprendre le droit civil et canonique, fut reçu docteur au bout de cinq ans, revint en France, fut attaché à la maison du cardinal Georges d'Amboise, obtint de nombreux bénéfices et parvint enfin au siège épiscopal de Sisteron le 9 mars 1506.

Deux ans après, le siège d'Autun étant venu à vaquer, le chapitre le demanda pour prélat; mais Louis XII pria François de Dinteville de céder son droit à Jacques Hurault, ce à quoi il consentit volontiers.

A la mort de Jean Baillet, les chanoines d'Auxerre se réunirent le 5 décembre 1513; et le 30janvier 1514, jour qu'ils avaient fixé pour l'élection, ils donnèrent leurs suffrages à François de Dinteville qui fut préconise le 6 mars suivant. Ce fut la dernière élection, car le règne de François 1er, qui suivit de près, modifia la manière de nommer les évêques de France, mais n'apporta aucun changement dans celle d'administrer le temporel des évêchés pendant la vacance des siéges.

François, alors âgé de 49 ans, accepta sa nomination à l'é vêché d'Auxerre. Au moment de sa promotion à l'épiscopat, il était curé des Riceys au diocèse de Langres, prieur de Choisy au diocèse de Meaux, chanoine de la cathédrale d'Autun, de Beaune et de Dijon, abbé de Châtillon-sur-Seine et de Montier-en-Der. En montant sur le siège d'Auxerre, il conserva l'abbaye de Montier-en-Der, mais renonça à tous ses autres bénéfices. Dans l'intérêt même de la ville et sans déroger à l'ancien usage de la joyeuse réception dont on lui fit grâce sur la recommandation de Louis XlI, le nouveau prélat vint à Auxerre dès le mois de mai 1514, afin d'empêcher par sa présence que les gens de guerre ne dévastassent les biens de l'évêché. L'année cependant ne s'écoula point sans la cérémonie accoutumée. Le 17 décembre, il fut reçu à l'abbaye de Saint-Germain par l'abbé François de Beaujeu, et le lendemain il fit son entrée solennelle dans la cathédrale. Quant au serment qu'il devait à l'église de Sens, il s'en était acquitté dès le 5 du même mois.

Le 3 avril de l'année suivante, il rendit une ordonnance contre l'abbesse et les religieuses de Saint-Julien-lèz-Auxerre, leur enjoignant de ne point sortir de leur clôture sans permission, de n'admettre chez elles que leur médecin, et de veiller sur leur temporel mieux qu'elles ne le faisaient.

Il songea d'abord à réparer entièrement les maisons épiscopales de Varzy et de Régennes. C'est avec raison que l'on a vanté les ornements que François de Dinteville donna à sa cathédrale : ils étincelaient d'or et de pierreries, et certainement aucune église de France n'en possédait  alors de plus magnifiques; ils furent depuis la proie des calvinistes. Les orgues lui coûtèrent une somme considérable; les huguenots s'emparèrent plus tard des tuyaux et ne laissèrent que le buffet. Les verrières du portail septentrional sont aussi dues à la munificence de ce prélat.
Pendant son épiscopat, François n'eut pas même l'ombre d'une difficulté avec son chapitre, ni avec aucun des chanoines en particulier. Il aima beaucoup les habitants d'Auxerre et prit toujours soin de leurs intérêts. Il demeura plus d'un an à Paris afin de recommander aux conseillers du parlement la cause des Auxerrois pour le bailliage transféré à Villeneuve-le-Roi pendant que le duc de Bourgogne jouissait du comté d'Auxerre, et son crédit obtint, en 1523, un arrêt qui adjugea au bailliage de sa ville épiscopale les pays situés entre l'Yonne et la Loire. Il se donna aussi beaucoup de peine, en 1526, pour qu'il y eût des foires à Auxerre et pour que la ville recouvrât ce qui revenait anciennement à ses habitants sur la vente du sel.
Aumônier ordinaire de Louis XlI et de François 1er, François de Dinteville fut tendrement aimé de ces deux monarques, et passait chaque année trois ou quatre mois à la cour. Cependant, malgré ces absences, l'hérésie naissante de Luther n'infecta point son diocèse. Il assista exactement aux assemblées et aux conciles provinciaux que tinrent les archevêques de Sens, Etienne Poncher et Antoine Du Prat. Il fut commis, le 13 août 1516, par le pape Léon X, avec les évêques de Paris et de Grenoble, pour procéder aux enquêtes nécessaires à la canonisation de saint François de Paule.
Presque toujours, il se fit aider dans ses fonctions pastorales par quelque évêque in partibus. La douceur qui lui était naturelle, ne l'empêcha point de défendre les droits temporels de son siége. Ayant appris que l'ancienne tour et la maison seigneuriale de Toucy avaient été démolies par Aimar de Prie, baron de ce lieu, pour y bâtir un nouveau château, il le fit comparaître par devant lui à Auxerre, le. 20 juillet 1523, afin que le château nouvellement construit fût déclaré jurable et rendable à l'évêque d'Auxerre, quand celui-ci l'exigerait. Le 27 juillet 1 527, il. assista au conseil où le roi François 1er proposa la question de son retour en Espagne.
François de Dinteville fut attaqué, à l'âge de soixante six ans, d'une diarrhée dont la persistance le conduisit au tombeau. Le 24 avril 1530, sentant sa fin approcher, il fit une confession générale de toute sa vie, entendit la messe et reçut la sainte Eucharistie. Le lendemain, il réitéra sa confession et communia de nouveau; puis, il fit venir plusieurs personnes en présence desquelles il écrivit son testament qu'il fit signer par son secrétaire Louis Bride, notaire apostolique. Le 28, il demanda l'extrême-onction qu'il ne reçut que le lendemain, et rendit le dernier soupir, ce jour-là, vendredi, 29 avril 1530, un peu avant quatre heures du soir, au milieu des larmes et des sanglots d'une assistance émue. Selon son désir, il fut inhumé sous l'un des jubés de la cathédrale où ses ossements furent trouvés le 16 septembre 1 730, lors de la sépulture de l'évêque François de Broc. Il avait légué, pour douze services à vigiles et grand'messe à dire chaque année pour le repos de son âme, douze livres payables à chacun de ses services. La cathédrale d'Auxerre ne fut point oubliée dans son testament. La Vie de ce prélat a été écrite par le chanoine Guillaume Le Marchand.

Il portait pour armoiries :  de sable, a deux lions léopardés d'or, l'un sur l'autre.
Les Dinteville étaient alliés aux Châteaubriand.

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