GEOFFROI DE CHAMPALLEMENT (1052 – 1076)

Geoffroi était fils de Hugues, vicomte de Nevers, et Hermengarde, issue des comtes de la même ville, et son surnom de Champallement lui vînt du village de ce nom, situé dans l’arron­dissement actuel de Clamecy, dans le château duquel il était né. Il devint, comme nous l’avons dit, clerc, c’est-à-dire, aumônier ou chapelain du roi, et posséda, dans l’Église de Nevers, le titre d’abbé de Saint-Arigle et de doyen. Son sacre eut lieu le 1er décembre 1051, et son intronisation, le 28 du même mois.

A peine placé sur le siége épiscopal, Geoffroi tourna d’abord son attention sur l’église cathédrale naguère encore atteinte par le feu en voyant qu’elle était dénuée de tout, il fit en sorte que son successeur ne la trouvât point dans le même état. Il ne céda guère en vertu à ses plus illustres prédécesseurs pour ne point perdre de vue leurs exemples, il fit peindre, au fond du sanctuaire de Saint-Étienne, leurs images, et transcrire le livre où leur vie est racontée. il possédait à la fois la science ecclésiastique et celle des affaires séculières, et y joignait une humilité profonde. Non content de manger avec ses chanoines aux jours prescrits par l’ancien usage, il voulut avoir tous les jours de l’année à sa table plusieurs d’entre eux. Bien que ceux-ci ne fussent pas tous également réglés, il n’avait d’animosité contre aucun. Une de ses plus louables coutume fut, pendant toute sa vie, de laver lui-même les pieds à treize pauvres tous les jours du Carême, de les servir ensuite à table étant à jeun; et de leur donner des habillements neufs à la fête de Pâques. Par son habileté et par son ascendant, il fit rendre aux églises un grand nombre de domaines qui avaient été successivement envahis par la rapacité des seigneurs; au nombre de ces restitutions, on cite les droits que les évêques d’Auxerre avaient à Cosne et qu’ils avaient laissé perdre par leur négligence, deux abbayes situées dans les faubourgs de la ville l’une du titre de Notre-Dame, et l’autre, de Saint-Amatre, la chapelle de Saint-Pélerin bâtie aux portes mêmes de la cité, Varzy, retraite des évêques et séjour fort agréable, et enfin le prieuré de Saissy-lès-Bois. Geoffroi donna à son chapitre d’excellentes terres situées à Saint-Bris et à Accolay.

C’est pendant l’épiscopat de Geoffroi que fut dédiée, en 1057, l’église de Saint-Étienne et construit le monastère de la Charité-sur-Loire, qu’il enrichit, en 1059, dus reliques de saint Jovinien, martyr de l’Auxerrois. Geoffroy de Champallement approuva en 1063 une charte de son neveu, Hugues, évêque de Nevers, pour la restauration de l’abbaye de Saint-tienne de cette ville, et souscrivit l’année suivante à cette restauration pendant la tenue du concile de Chalon. Il confirma également le privilège accordé par Alexandre II à Rainier, abbé de Saint-Denys en France, le 6 mai 1065. Cette même année, il bénit Gauthier, abbé de Saint-Germain. En 1071, il apposa sa signature à une charte de Hugues, évêque de Troyes, concédant l’église de Saint-André aux religieux de Celles, et aux lettres-patentes du roi Philippe qui accordaient l’église de Sainte-Savine de Troyes aux moines de Provins, et à celles que ce même prince donna en faveur de l’abbaye de Saint-Magloire, en 1072. Cette dernière année, ou en 1075, Auxerre fut ravagée par un terrible incendie, il n’y eut d’épargnés que la tour et la chapelle de Saint-Alban. Le 6 avril 1075, il se démit de l’abbaye de Saint-Vincent et de Saint-Agricol qu’il tenait de son neveu, Hugues, évêque de Nevers, afin que ce dernier la donnât à ses chanoines pour le repos de l’âme de Hugues, vicomte de Nevers, son père, qui avait usurpé cette abbaye plusieurs années auparavant. La même année, il se trouva au concile de Sens, et souscrivit à une charte par laquelle Hugues, évêque de Troyes, accordait deux autels aux religieux de Fleury-sur-Loire.

Lorsqu’il fut atteint de la maladie dont il mourut, il fit venir le doyen et quelques autres chanoines de sa cathédrale, et, en leur présence, il partagea ce qui lui restait de biens suivant la connaissance qu’il avait des besoins de ses diocésains. Leur ayant ensuite donné le baiser de paix et sa bénédiction, il les quitta en versant des larmes, et se fit conduire à Varzy pour y terminer sa carrière, voulant être inhumé à la Charité-sur-Loire qui n’en est éloigné que de six ou sept lieues. Là, il manda en toute hâte son neveu Hugues, évêque de Nevers, homme d’une grande sainteté, qu’il avait autrefois ordonné quand il était prévôt d’Auxerre, et Girard, prieur de la Charité; il fit la confession de tous ses péchés en leur présence, et expira le 16 septembre 1076.

Frodon, son contemporain et chanoine de la cathédrale d’Auxerre, a écrit la vie de Geoffroy de Champallement.

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