ROBERT DE NEVERS (1070 - 1095)

Aussitôt que l’on eut appris à Auxerre la mort du vénérable Geoffroi, on prit des mesures pour lui donner un digne successeur. On jeta les yeux sur l’archiprêtre Hunaud qui passait pour être le père des pauvres, et qui allait à pied de tous côtés pour annoncer la parole de Dieu; mais lorsqu’il eut appris qu’on le destinait à remplacer l’évêque défunt, il fit comme Eptade au commencement du Vie siècle il s’enfuit et on ne put le retrouver.

Le clergé et les fidèles d’Auxerre furent donc obligés de procéder à une nouvelle élection. Cette fois le choix tomba sur Robert, fils de Guillaume, comte de Nevers, et d’Hermengarde, comtesse de Tonnerre. Autant ce seigneur était noble du côté de son père qui descendait du roi Henri, autant il était distingué par la famille de sa mère, dans laquelle on comptait plusieurs savants. Jeune encore, Robert possédait personnelle­ment les qualités et les vertus qui font les grands hommes.

Son élection avait eu lieu en septembre 1076; mais il ne fut sacré, et intronisé que le 3 août de l’année suivante, toutefois, il ne reçut point l’investiture de la main du roi. A peine revêtu de sa dignité, le jeune prélat se montra le vigoureux défenseur de son Église et de ses ouailles. Il réprima les incursions des Sénonais et leur opposa une barrière en établissant une forteresse à Appoigny. Pourrein était la meilleure terre du chapitre, mais les extorsions de certains seigneurs l’avaient fait déserter; Robert somma ceux-ci de déclarer cette terre franche et quitte, ce qu’ils firent. Les habitants de Toucy qui s’étaient révoltés au sujet des droits de l’Église d’Auxerre, furent aussi mis à la raison par l’évêque qui, dans ce but, fit élever un fort à Parly. il continua la restauration de Saint-Etienne, confirma diverses donations, et voulut qu’après la mort de chaque chanoine, une année de sa prébende fût employée à faire prière pour le repos de son âme.

La vie austère qu’il menait, abrégea ses jours. Les médecins lui représentèrent inutilement que ses mortifications hâteraient sa mort. Il tomba gravement malade dans un voyage qu’il fit à Nevers, y prit aussitôt l’habit de l’Ordre de Saint-Benoît, et expira le 12 février 1095, après dix-sept ans et quelques mois d’épiscopat. Le lendemain, on l’inhuma dans l’église du prieuré de Saint-Étienne de la même ville, en la chapelle du Saint-Sépulcre.

Robert confia aux chanoines réguliers de Saint-Augustin, en l’érigeant en abbaye, l’église de Saint-Laurent, à deux lieues de Cosne, et assista, en mars 1081, au concile tenu à Issoudun, et au mois de décembre suivant, à celui que présida à Meaux, le légat Hugues de Die. Il donna, en 1094, aux religieux de Molesme, l’île de Crisenon pour y bâtir une celle auprès de la chapelle de Saint­Nicolas. La même année, qui était la 34eme du règne de Philippe 1er, roi de France, il confirma, en qualité d’évêque et comte d’Auxerre, les biens que les moines de la Charité possédaient dans le comté et dans le diocèse, et à ce sujet, Guillaume, prieur de cette maison, lui fit hommage d’un beau cheval.

Un certain chevalier, appelé Atton , qui tenait des évêques par aliénation une partie des moulins situés au-dessous des murs d’Auxerre, et qu’on appelait dès lors pour cette raison les moulins de sous-murs, intenta un procès aux chanoines qui avaient l’autre partie des mêmes moulins. Robert, pour trancher toute difficulté, acheta d’Atton la portion qu’il avait et la donna ensuite au chapitre de sa cathédrale. Ce fut en vue de cette donation gratuite que l’on faisait chaque année l’anniversaire de Robert de Nevers.

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