Gilles de Souvré ( 1626 - 1631 )

 Ce prélat, né en 1596, de Gilles de Souvré, marquis de Courtenvaux, maréchal de France, gouverneur de Louis XIII, lorsqu’il n’était que dauphin, chevalier de ses ordres, gouverneur et lieutenant du roi en Touraine, et de Françoise de Bailleul de Renouard, posséda jeune encore plusieurs abbayes. Il eut d’a­bord celle de Saint-Genou au diocèse de Bourges, et ensuite celles de Saint-Florent de Saumur en Anjou et de Saint-Calais. S’étant associé au, célèbre Gassendi, en 1616, ils se firent enseigner ensemble la langue hébraïque par un juif nouvellement converti d’Avignon. Avantageusement connu du monde littéraire, dès l’âge de 21 ans, il fut nommé, en 1616, à l’évêché de Comminges, alla recevoir à Rome tous les ordres par dispense du pape, et se fit sacrer évêque à Ravenne le 12 mars 1617, dimanche de la Passion. Arrivé dans son diocèse, il en fit la visite générale, s’occupa activement d’y redresser plusieurs abus, et publia des statuts qui firent l’admiration et la joie de son clergé. Il donna au chapitre des fonds pour deux obits, l’un pour Urbain de Lusiguan Saint-Gelais son prédécesseur, l’autre pour lui-même. Le 13 mai 1623, il permuta, comme on l’a vu avec François de Donadieu. Il arriva inopinément à Auxerre le 15 octobre 1626, après avoir fait prendre possession par procureur le 22 septembre précédent, car instruit des maux sans nombre qui affligeaient le pays, il voulut éviter une réception solennelle et fut intronisé sans éclat. Dans l’intervalle, et le 7 décembre 1625, il avait été nommé trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris.

Il informa le Souverain-Pontife de ses pieux desseins, et se mit à l’œuvre. Il commença par le clergé et obligea les curés, en vertu d’un mandement qu’il publia en 1627, à résider dans leurs paroisses, puis, afin de fournir dans la suite au diocèse de bons prêtres, il songea à l’établissement d’un séminaire. Il tint à ce sujet plusieurs assemblées chez lui, et y convoqua les cha­noines les plus éclairés. Il voulut d’abord bâtir ce séminaire sur l’emplacement de la salle du chapitre et de quelques autres édifices anciens de la mense commune des chanoines, et en confier la conduite à quatre ou cinq d’entre eux de cette manière, les séminaristes auraient fait l’office à la paroisse de Saint-Pierre-en-Château, et il y aurait eu communication d’un quartier à l’autre au moyen d’une arcade. Ce plan n’ayant pas été admis, on songea à l’abbaye de Saint-Père, dont les religieux servaient mal la paroisse; mais l’abbé ne se hâta point de donner son consentement, et l’affaire en resta là. C’est alors que Gilles de Souvré écrivit au pape Urbain VIII pour en obtenir le pouvoir de supprimer les abbayes de Saint-Père et de Saint-Laurent, et en appliquer les revenus à la fondation d’un séminaire, suivant les décrets du concile de Trente.

L’estime que Gilles avait pour les prêtres séculiers de son diocèse, le porta à ne jamais rien conclure dans ses synodes, sans avoir obtenu le suffrage de tous les curés.

Ayant appris qu’en 1632 les prêtres de la Puisaye avaient formé entre eux une Confrérie sous le titre de l’Assomption de la Sainte-Vierge, il l’approuva, mais à la condition qu’aucun laïque n’en ferait partie, et que le repas du jour de la fête serait frugal.

De la réforme des prêtres, Gilles de Souvré passa à celle des fidèles. La profanation des dimanches et des fêtes excita son zèle. Le 22 octobre 1628, il fit un mandement pour défendre, sous peine d’excommunication, de voiturer le bois par terre ou par eau, les dimanches et jours de fêtes d’apôtres. Sa charité pastorale seconda sa vigilance : en effet, deux ans après son arrivée à Auxerre, on essaya de lever un nouvel impôt sur le vin des habitants. Comme la ville se regardait enclavée dans la Bourgogne et que d’ailleurs le roi Louis XI avait promis de la conserver dans ses franchises, une émeute formidable accueillit ceux qui essayèrent de lever cet impôt. L’évêque accourut pour calmer les esprits, mais ses instances furent inutiles, les percepteurs furent poursuivis jusque dans l’église des Jacobins où il y eut effusion de sang; l’église fut réconciliée par l’évêque, et la ville répara les dégâts que l’irruption populaire y avait causés.

Le 13 décembre 1627, Gilles de Souvré reçut l’hommage de Claude le Muet, doyen de la cathédrale; le 14 mai 1629, celui de Charles, duc de Nevers, et le 4 novembre suivant, celui de Charles de Courbon et de Gabrielle, sa femme, vicomte et vicomtesse de Saint-Sauveur. Avec l’autorisation de l’archevêque de Paris, il conféra le 1er août 1630 l’onction épiscopale à Jean Guérin, évêque de Grasse, dans l’église des Carmélites, et, le 12 novembre de la même année, à l’évêque de Laos in partibus infidelium. Choisi pour arbitre dans un différend qui s’était élevé entre Sébastien Zamet, évêque de Langres, et André, abbé de Saint-Etienne de Dijon, il rendit, le 15 juin 1631 , une sentence favorable à ce dernier. Le 24 août suivant, il assista au sacre de Gaspard de Daillon, évêque d’Albi.

En 1629, Gilles entreprit la visite de son diocèse , afin de reconnaître par lui-même l’état de chaque église, et d’y ordonner ce qui serait utile et convenable. On voit, par les procès-verbaux de cette visite, qu’il prononça des amendes pécuniaires contre ceux qui n’assisteraient pas aux processions ordinaires pour la conservation des fruits de la terre, ou qui ne les reconduiraient pas jusqu’à l’église. Il fit défense à quelques religieux établis depuis peu à Auxerre d’aller confesser les malades dans les maisons sans la permission du curé. Il prescrivit qu’à l’avenir et après sa mort, le promoteur des officialités de Varzy, de Cosne et de La Charité, qui était alors laïque, serait un homme d’église. Il donna, en 1628 , les constitutions du Val-de-Grâce à la nouvelle communauté des Bénédictines de La Charité.

L’évêque d’Auxerre essaya d’introduire, dans son diocèse, quelques coutumes de l’Eglise romaine, au moyen d’un Manuel qu’il fit imprimer à l’usage des Curés; il voulait aussi réformer les livres ecclésiastiques ; mais une fièvre violente l’enleva le vendredi 19 septembre 1631, au moment où il poursuivait à Paris le recouvrement de l’hôtel des évêques d’Auxerre, aliéné par le cardinal de la Bourdaisière. Il n’avait que trente-cinq ans. Ses restes mortels furent apportés à Auxerre et déposés au côté gauche d’Amyot devant le grand autel de la cathédrale. Son oraison funèbre fut prononcée, le 29 du même mois, par Nicolas Le Cointre, bénédictin de Saint-Florent de Saumur.

Ce fut de son temps que messire Octave de Bellegarde introduisit à Saint-Germain la réforme de Saint-Maur.

Gilles de Souvré avait pour armoiries : d’azur, à cinq bandes d’or.

Évêque précédent

Retour à la liste des Évêques

Évêque suivant

Retour au sommaire