HUGUES DE CHALON (1000-1039) |
Après
une vacance d’une année environ, le siège épiscopal d’Auxerre fut
donné, a la satisfaction générale, à Hugues, fils de Lambert, premier
comte héréditaire de Chalon-sur-Saône, et d’Adélaïde de Vermandois.
On regarda comme une chose étonnante qu’un seigneur qui était héritier
présomptif de l’un des plus nobles et des plus riches comtés du
royaume, renonçât aux pompes du siècle, pour embrasser l’état ecclésiastique,
il était alors chanoine d’Autun et abbé de Couches, car on le trouve
ainsi qualifié dans une charte de 992, par laquelle Gautier, évêque
d’Autun, concède à l’abbaye de Flavigny, en la personne de Heldric
son abbé, dix-neuf paroisses de son diocèse.. Hugues
fut sacré dans l’église de Saint-Germain le 10 mars 1000, et de là
conduit à la cathédrale. Il manifesta dès lors l’intention de
remettre entre les mains des réguliers les monastères de SaintMarcel
de châlon, de Paray-le-Monial fondé par son père au diocèse d’Autun
et aussi appelé Notre-Dame-du-Val-d’Or, et de Saint-Georges de Couches
dans le même diocèse; il avait la jouissance personnelle de ces monastères,
et l’on verra que plus tard il mit à exécution son pieux dessein. Le
commencement de son épiscopat ne fut point des plus paisibles. Comme
Hugues possédait, du chef de sa mère, le comté de Chalon, il fut obligé
de veiller à sa régie, et la mort de Henri, duc de Bourgogne, survenue
en 1101, fit naître des difficultés aux quelles il ne put se dispenser
de prendre part. Ce duc, mort sans enfants, ayant institué pour son héritier
au duché, Othon-GuiIlaume, comte de Dijon, fils de Gerberge, sa première
femme, au préjudice du roi Robert, son neveu, il se forma deux partis à
cette occasion : beaucoup approuvèrent le testament et regardèrent
Othon-Guillaume comme duc de Bourgogne. Les citoyens d’Auxerre étaient
même de cet avis avec leur comte Landri; mais l’évêque, toujours fort
attaché au roi Robert, n’était point de cette opinion. Il crut donc
prudent de se retirer en Bourgogne pendant que le roi viendrait en
personne soumettre Auxerre. Hugues
passa douze années dans son comté de Chalon, durant les guerres qui
eurent lieu en cette circonstance, et y soutint avec succès les assauts
des confédérés d’Othon-Guillaume. Il accompagna même le roi Robert
dans les campagnes qu’il fit dans les environs de Chalon. Enfin, de part
et d’autre, on se lassa de la guerre, on demanda à se mettre
d’accord, et le roi s’en rapporta complètement à la décision de
l’évêque d’Auxerre. Celui-ci fit réunir plusieurs assemblées à
Verdun-surSaône et à Airy. Il en tint plusieurs autres dans les pays
de Dijon, de Beaune et de Lyon. L’histoire nous apprend que depuis le célèbre
concile d’Airy, tenu en 1015, le roi était possesseur de la Bourgogne
et qu’il donna la qualité de duc de cette province à son fils aîné
Henri. L’influence de Hugues avait prévalu. À
partir, de cette époque, l’évêque d’Auxerre porta tout son zèle
sur l’administration de son diocèse. Il vint au secours de son peuple
dans la famine de 1030, et dans les deux incendies qui dévorèrent la cité.
Le premier incendie ne respecta que l’ancienne église de Saint-Alban bâtie
par saint Germain. La cathédrale fut de nouveau réduite en cendres; mais
cette fois, elle fut reconstruite en larges pierres de tailles, appuyées
sur d’énormes fondations, et mise ainsi à l’épreuve de tous les
accidents. Les cryptes, encore existantes sous le chœur et le sanctuaire,
sont dues à Hugues de Chalon. Ce prélat bâtit encore et dota l’église
de Saint-Laurent de Cosne, restaura celle de Sainte-Eugénie de Varzy, y
fonda une collégiale, et restituer à Saint-Germain, le prieuré de
Saissy-lès-Bois et l’église d’Annay en Puisaye. Les
actes auxquels il prit part sont en grand nombre. C’est ainsi qu’on le
voit souscrire, le 25 janvier 1015, à un diplôme du roi Robert en faveur
de l’abbaye de Saint-Bénigne de Dijon. Le 29 août 1019, il assista à
la dédicace de l’église abbatiale de Tournus et donna à ce monastère
l’église d’lsland L’abbaye de Cluny, à qui il avait soumis, en mai
1000, le monastère de Paray, reçut de Hugues de Chalon, en cette même
année 1019, pour le repos de l’âme de son père et de sa mère, la
moitié de Gevrey au comté de Dijon, et la confirmation de l’autre
moitié que Mathilde, sa sœur, avec Geoffroi, son mari, et ses enfants,
avait donnée déjà au même monastère. Hugues
voulut entreprendre quelques voyages pour sa dévotion personnelle. Il
alla d’abord à Rome où le pape Jean XIX. lui donna l’absolution pour
calmer les scrupules qu’il avait de s’être si longtemps occupé du métier
de la guerre. En 1025, il se rendit au concile d’Anse, et souscrivit à
la charte par laquelle Helmoin, évêque d’Autun, concéda à l’abbaye
de Flavigny le petit monastère de Couches. En 1030, il confirma diverses
donations faites à l’abbaye de Saint-Hippolyte, et deux ans après,
ratifia l’élection de Eudes, comme abbé de Saint-Germain. En 1033,
Hugues souscrivit à la charte d’Imbert Hesselin évêque de Paris, qui
soumettait au chapitre de Saint-Nazaire d’Autun la collégiale qu’il
avait fondée dans son château de Vergy, sous l’invocation de saint
Denys. Après avoir assisté cette même année à un concile réuni à Autun
pour conférer de la paix, Hugues alla ensuite à Jérusalem pour y
visiter le Saint-Sépulcre. Il ne survécut pas longtemps à ce dernier
voyage. Sentant les approches de sa dernière heure, il se fit transporter
au monastère de Saint-Germain, et se revêtit de l’habit religieux.
Quatre jours après, il mourut saintement, le 4 novembre 1039. Il avait siégé
quarante ans et fut inhumé dans l’église du monastère. Tous les
historiens ses contemporains ont donné les plus grands éloges à Hugues
de Chalon. Raoul Glaber, Robert de Saint-Marien, Hugues de Vézelay et le
nécrologe d’Auxerre rendent de lui les meilleurs témoignages. |
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