LE BIENHEUREUX JEAN (997- 998)

 Après la mort d’Héribert, il y eut beaucoup de compétiteurs pour le siége d’Auxerre. L’un d’eux appelé Gui avait déjà obtenu l’agrément du roi à la prière de Henri, duc de Bourgogne, mais le clergé et le peuple réclamèrent leur droit d’élection et por­tèrent leurs suffrages sur l’archidiacre Jean.

Cet archidiacre, né de parents pauvres, et fils d’Ansalde et de Raingarde, qui demeuraient à Auxerre ou dans le diocèse, était un homme d’un grand mérite. Il avait étudié sous le célèbre moine Gerbert, depuis pape sous le nom de Sylvestre Il, et avait formé lui-même d’excellents élèves. Son sacre eut lieu le 8 avril 997 à la grande joie de tous. Pendant qu’il n’était encore qu’écolâtre de l’église d’Auxerre, il avait été choisi pour être l’un des défenseurs d’Arnoul, archevêque de Reims, dans les divers conciles où l’on examina sa conduite, et il s’était acquitté avec honneur de cette commission. Étant évêque, la grandeur de cette dignité, loin de lui enfler le cœur, ne le détourna pas un seul instant de sa vertu favorite, qui était l’humilité. A l’office divin, il se conformait tellement aux chanoines, qu’on ne pouvait le distinguer d’avec eux que lorsqu’il officiait pontificalement. Il assistait avec une grande assiduité à toutes les heures canonia­les, et pour ne point manquer au commencement des matines, il passait la plupart des nuits à genoux ou prosterné devant l’autel de Saint-Etienne. Il était plein de mépris pour les grandeurs du siècle et menait une vie simple et mortifiée. Une telle conduite lui attira les risées et les railleries de quelques libertins de la ville, mais Dieu se chargea de venger le prélat en suscitant contre ces railleurs des personnes puissantes qui, dit la chronique, les humilièrent eux et leur famille, jusqu’à la poussière.

On ne connaît que deux églises auxquelles Jean fit du bien pendant son épiscopat: ce sont la cathédrale et l’abbaye de Saint-Germain. Il donna, pour subvenir à la nourriture des chanoines, les autels de Pourrein, de Parly, de Gurgy, de Monétau et de Champigny, avec leurs revenus, et prononça anathème contre celui de ses successeurs ou tout autre qui oserait toucher à ces donations. Il accorda à l’abbaye de Saint-Germain des vignes et des manuscrits bien conditionnés, et confirma les privilèges que ses prédécesseurs avaient octroyés aux religieux de ce monas­tère sur quelques autels situés dans son diocèse.

Un an, neuf mois et onze jours après sa consécration Jean fut saisi d’une maladie mortelle, pendant laquelle il fut consolé par une visite de Notre Seigneur, accompagné de saint Germain et d’une multitude d’autres saints. A peine eut-il raconté cette vision à ceux qui l’entouraient, qu’il se mit à réciter les litanies des saints, leva les yeux au ciel en soupirant, et rendit l’âme le samedi 21 janvier 999. Il fut enterré, selon son désir, sous la gouttière de la basilique de Saint-Germain.

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