Jacques Amyot (1571 - 1593 )

Le siége épiscopal d’Auxerre étant devenu vacant, le chapitre continua les pouvoirs de vicaire général à Gaspard Damy qui l’avait déjà été sous trois évêques consécutifs, mais décida, le 10 février 1571 , qu’au lieu de pourvoir collectivement aux bénéfices comme il l’avait toujours fait pendant les vacances du siège, chaque chanoine nommerait ou présenterait à son tour, par semaine, en commençant par le doyen, jusqu’à la fin de la vacance.

Le 3 mars suivant, Jacques Amyot, successeur du cardinal de la Bourdaisière, et muni de ses bulles, prit possession de l’évêché par les mains de Laurent Petitfou, archidiacre d’Auxerre.

Ce prélat était né à Melun le 30 octobre 1513, et était fils de Nicolas Amyot, petit marchand, et de Marguerite d’Amour ou des Amours. N’ayant d’autre secours de ses pauvres parents qu’un pain que sa mère lui envoyait chaque semaine, par les bateliers de Melun, il vint à Paris pour y continuer dans un collège qu’il n’a point nommé, quelques études de grammaire, commencées dans sa ville natale. Pour suppléer aux ressources qui lui manquaient, il se vit contraint de servir de domestique à d’autres écoliers. Cachant dans un coin de la classe le délabrement de son habit et la pâleur de son visage affamé, il était assis des jours entiers, suppléant par la mémoire aux livres qu’il n’avait pas, écoutant avidement les leçons de poésie et d’éloquence latine, de mathématiques et de philosophie, qui devaient tant lui profiter. A force de courage, d’énergie et de privations, il parvint à se faire recevoir à dix-neuf ans maître és-arts, et alla ensuite à Bourges étudier le droit civil. C’est dans cette dernière. ville que Jacques Collin, lecteur ordinaire du roi et abbé de Saint-Ambroise, lui fit obtenir, par le crédit de Marguerite, sœur du roi, une chaire de grec et de latin dans l’Université. Amyot fut occupé pendant dix ou douze ans comme précepteur des neveux de Jacques Collin, puis des enfants de son beau-frère Bochetel, seigneur de Sacy et secrétaire du roi. Tout à la fois professeur et précepteur, Jacques n’en trouva pas moins le temps de traduire. le roman grec de Théagène et Chariclée, et quelques vies des hommes illustres de Plutarque. Cette dernière traduction, dédiée à François 1er, fit tellement connaître la pénétration d’Amyot dans la langue grecque, que le prince lui ordonna de continuer le reste de l’ouvrage , et lui donna pour récompense l’abbaye de Bellozane, que laissait vacante la mort du savant Vatable. Ce fut le dernier bénéfice consistorial auquel ce roi nomma.

Amyot ne pensa plus alors qu’à parfaire sa traduction de Plutarque, dont il voulut aller étudier le texte même au Vatican. Il partit donc pour Rome à la suite du cardinal de Tournon qui, juste appréciateur de son mérite, voulut l’avoir pour compagnon de voyage. Chargé de porter au concile de Trente une lettre de Henri II contenant une protestation contre quelques décisions du concile, Amyot s’acquitta de cette mission en homme également ferme et adroit, bien qu’il fût sans caractère public et sans lettres de créance. A son retour, le roi, sur la proposition du cardinal de Tournon, le nomma précepteur de ses deux fils, charge dont Amyot jouit jusqu’à la fin du règne de François II. C’est pendant cette époque que ce savant homme acheva sa traduction des Hommes illustres de Plutarque, et la dédia à Henri II. Il entreprit ensuite celle des Oeuvres morales du même auteur qu’il acheva sous le règne de Charles IX. Ce prince, à qui ce dernier travail fût dédié, était monté sur le trône en 1560 ; il s’était alors souvenu de son ancien précepteur, et dès le lendemain de son avènement, 6 décembre, il l’avait nommé son grand-aumônier, malgré la reine-mère qui destinait cette place à un autre et qui se serait oubliée jusqu’à dire à Jacques Amyot « J’ai fait bouquer (plier) les Guises et les Châtillons, les connétables et les chanceliers, les rois de Navarre et les princes de Condé, et je vous ai en tète , petit prestolet (malheureux petit prêtre) !. » Outre la grande-aumônerie, Charles IX donna encore à son précepteur la charge de conseiller d’Etat, celle de conservateur de l’Université de Paris, et plus tard , l’abbaye des Roches, au diocèse d’Auxerre , celle de Saint-Corneille de Compiègne, et le décanat de la cathédrale d’Orléans.

C’est en qualité de grand-aumônier de France que, se trouvant en 1564 à Avignon avec le roi, Amyot permit à ce prince, à la reine-mère, aux seigneurs et officiers de la cour, l’usage de la viande pendant certains jours du carême, bien que le légat du Saint-Siège et l’archevêque diocésain se trouvassent l’un et l’autre dans cette ville.

« L’évêché d’Auxerre, dit l’abbé Lebeuf, étant venu à vaquer par la mort du cardinal de la Bourdaisière, arrivée en cour de Rome, le pape Pie.V pourvut à tous les bénéfices de ce cardinal pleno jure, et nomma à l’évêché d’Auxerre un particulier dont le nom n’est point parvenu à notre connaissance; ce qui causa une grande dispute entre le roi et le pape. Cette circonstance, quoique combattue par l’historiographe Renaud Martin, se trouve alléguée dans des écritures du chapitre d’Auxerre de l’an 1592, où il est marqué que les chanoines avaient été fort sollicités par celui qui avait des provisions du pape, de le recevoir et de lui délivrer les revenus échus pendant la vacance, et qu’ils n’en voulurent rien faire. Le pape, obligé de condescendre aux volontés du roi , et informé d’ailleurs des qualités extraordinaires d’Amyot, le nomma à cet évêché, et Henri III, qui désirait ardemment l’avancement de son maître (c’est le nom qu’il lui donnait toujours), sut bon gré au Saint-Siège d’avoir confirmé son choix. »

Amyot accepta, se fit sacrer à Paris, et chargea Laurent Petitfou, archidiacre d’Auxerre, de présenter ses bulles au chapitre et de prendre possession du siège; ce qui eut lieu, comme nous l’avons déjà dit, le 3 mars 1571. Ce même jour, François de la Barre fut reconnu vicaire général, et Jean Amyot, frère de Jacques et auditeur des comptes, promit par écrit sur le re­gistre, au nom du nouvel évêque d’Auxerre, une chapelle d’ornements. La détresse de la cathédrale, par suite des ravages causés dans la ville par les hérétiques trois ans auparavant, aussi bien que l’abandon dans lequel le cardinal de la Bourdaisière avait laissé son Eglise, engagèrent les chanoines à user de cette précaution inouïe jusqu’alors.

Jacques Amyot obtint la permission de quitter la cour et de venir à Auxerre. Il s’arrêta à Sens, le 24 mai, jour de l’Ascension, y prêta le serment ordinaire d’obéissance et de soumission, qu’il signa sur le grand autel en présence du cardinal de Pellevé, archevêque, et donna, selon l’usage, une chape au trésor de l’église métropolitaine. Il fit son entrée solennelle à Auxerre, le 29 du même mois, escorté par quatre bourgeois qui, au nom des barons, portaient près de lui la chaise sur laquelle il aurait dû être assis, honneur qu’il refusa, mais sans préjudicier aux droits de ses successeurs.

Amyot avait alors cinquante-huit ans. Son premier soin fut de réparer sa cathédrale, de la purifier, le 22 juin 1571, par une bénédiction nouvelle à cause des profanations horribles que les huguenots y avaient commises, et de la fournir d’ornements et d’argenterie. Le 27 du même mois, il rebénit également l’église des Cordeliers dans laquelle les Calvinistes avaient établi leur prêche. En 1573, il assista à Paris à l’assemblée générale du clergé de France, et la même année, consacra à Auxerre l’église de Saint-Renobert. Le 2 janvier 1576, il reçut un os du bras de saint Saturnin que, par ordre exprès du Souverain Pontife, le cardinal de Pellevé avait tiré de l’église Saint-Jean et Saint-Paul, à Rome, dont il était titulaire. En 1580, il fit imprimer à Sens, en caractères romains, le Bréviaire qui l’était en caractères gothiques. Quatre chanoines avaient été chargés de le réviser. Le 1er mai 1582, Amyot tint un synode où il publia diverses ordonnances. Comme pendant quelques années, la peste avait désolé son diocèse et beaucoup de villes en France, par des lettres datées de Paris le 22 juin 1583, il accorda la permission d’ériger dans toutes les paroisses de la ville une confrérie et un autel sous l’invocation de saint Roch.

Amyot avait avoué, dès son début dans la carrière épiscopale, qu’il n’était ni théologien, ni prédicateur. Il commença dès lors à se faire une occupation journalière de la lecture de l’Ecriture sainte, et des Pères grecs et latins. En attendant qu’il pût prêcher devant son peuple, il chargea de ce soin Pierre Viel, docteur en théologie. Celui-ci eût avec le prélat de fréquentes conférences sur les endroits les plus remarquables de la Bible, touchant les points dogmatiques controversés et les questions de l’école. Amyot se mit avec ardeur à l’étude de la Somme de saint Thomas et parvint à posséder cet immense ouvrage presque en entier. Tous les jours, il se levait à cinq heures du matin, récitait son office de la nuit, étudiait ensuite la Bible et saint Thomas jusqu’à l’heure de la grand’messe à laquelle il assistait, retenait à dîner le célébrant et quelques dignitaires de l’église, s’entretenait de littérature pendant le repas, prenait une récréation d’une heure, retournait à sa bibliothèque, et continuait jusqu’au soir les études commencées le matin. Pendant l’Avent et le Carême, il célébrait la messe en particulier avant d’assister à celle du chapitre; les dimanches et fêtes, il était présent aux premières et aux secondes vêpres, ainsi qu’à matines, et disait aussi une messe basse. Les jours des grandes fêtes, il prêchait vers l’heure de midi, car il était parvenu, sans peine à la science si difficile d’annoncer fructueusement la parole de Dieu à ses ouailles, dans un style dont la pureté captivait les savants et dont la noble simplicité instruisait les masses. il composait des sermons en latin , et les prononçait en français. Dans son palais épiscopal, il était revêtu en évêque, et lorsqu’il paraissait dans la ville, il était habillé en grand-aumônier..

Après la mort de Charles IX, qu’il avait assisté à ses derniers moments, Henri , roi de Pologne, également élève d’Amyot, revint en France et se fit couronner à Reims le 15 février 1575. Sur les instances de la duchesse de Savoie, sa tante, il conserva à son précepteur la charge de grand-aumônier; et, quand il institua l’Ordre du Saint-Esprit, voulant honorer Amyot qui n’était point gentilhomme, le roi fit insérer, dans les statuts de l’ordre, que quiconque serait grand-aumônier de France, serait aussi commandeur du Saint-Esprit, sans être tenu de faire ses preuves de noblesse. Le nouveau roi prêta entre ses mains le serment de l’ordre, et Amyot lui mit au cou le grand collier le 31 décembre 1578, dans l’église des Grands-Augustins, à Paris. C’était, du reste, l’évêque d’Auxerre qui avait dressé les statuts de l’ordre et qui prescrivit aux chevaliers certaines prières en forme d’office divin.

Le zèle que déploya Jacques Amyot pour satisfaire aux besoins spirituels de ses ouailles, ne l’empêcha point de vaquer à ses propres droits temporels. Le château de Régennes avait été très endommagé pendant les guerres civiles de religion, et cependant les évêques d’Auxerre l’habitaient volontiers à cause de sa situation ; Jacques le fit donc relever de ses ruines et le rendit logeable. Il se lit donner, en 1572, un dénombrement de la terre et seigneurie de Beauche par le duc et. par la duchesse de Nivernais. Deux ans après, il reçut une pareille déclaration de Françoise des Colons, veuve du seigneur d’Ougny, et de Seponse, en Nivernais, pour les fiefs qu’ils tenaient de lui. En 1585, il reçut Olivier Foudriat,. lieutenant particulier du bailliage d’Auxerre, à foi et hommage pour les fiefs des Soyarts et de Champ-le-Roi , en la paroisse de Lalande, qu’il venait d’acquérir de noble Jacques de Lenfernat, seigneur de Prunier, fils de Georges de Lenfernat, et le tint quitte des droits de quint et requint et profits féodaux. Le 22 juillet de l’année suivante, René de Prie, chevalier des ordres du roi, seigneur de Prie, Montpopon, Testmilon et baron de Toucy, lui donna dénombrement et aveu de cette baronnie, en commençant par le château même de Toucy. L’énumération n’ayant pas été trouvée exacte, elle fut réitérée le 31 janvier 1587, et l’on procéda, le 1er mai suivant, à la vérification et au renouvellement des limites de la seigneurie, contiguës à la portion seigneuriale de l’évêque seigneur suzerain.

Le prélat fit de temps en temps des voyages à la cour où l’appelait sa dignité de grand-aumônier. Lorsqu’il se trouvait à Paris, il logeait dans l’enclos de l’hôpital des Quinze-Vingts où il avait un appartement que les administrateurs lui avaient cédé en considération de sa dignité de grand-aumônier. Il y assista à quelques sacres d’évêques, fut un des consécrateurs, le 22 juillet 1578, d’Arnaud Sorbin, évêque de Nevers, se trouva à Saint-Denys, en juin 1584, aux obsèques de François, duc d’Anjou, frère du roi Henri III, et, le 15 mai 1588, à l’âge de 75 ans, il rédigea aux Quinze-Vingts son testament qu’il fit certifier le lendemain par un acte de deux notaires au Châtelet.

Ce dernier fait semble prouver qu’Amyot prévoyait les événements, si certaine faction prenait le dessus dans le royaume. Il était à Blois lorsque les Guise y furent assassinés le 24 décembre 1588. La nouvelle de ce meurtre étant parvenue à Auxerre qui était du parti de la Ligue, Claude Trahy, gardien des Cordeliers, publia partout et même en chaire, que l’évêque étant du conseil du roi avait engagé le monarque à commettre le crime; et qu’ainsi il était indigne d’entrer dans l’église, et que s’il y entrait, il ferait sonner la cloche du sermon pour assembler les habitants, à quelque heure que ce fût, et les exciter à courir sur lui; le cordelier ajoutait audacieusement que quiconque entendrait la messe d’Amyot serait excommunié.

Il nous semble inutile de dire qu’Amyot avait ignoré complètement que l’assassinat des Guise dût être commis, puisque Henri III n’en avait fait confidence qu’à ceux qui devaient l’exécuter. D’ailleurs, l’évêque d’Auxerre n’avait, pas hésité à déclarer sur-le-champ à Blois, que le crime était si énorme, que le pape seul pouvait en donner l’absolution. Quoi qu’il en soit, n’ayant osé se rendre à Auxerre que le 29 mars 1589, jour du mercredi­saint, l’évêque courut de grands dangers : on lui tira des coups d’arquebuse, et on lui mit le pistolet sur la poitrine. Il fut obligé de se faire donner une absolution en forme par le légat, Henri Cajetan, le 6 février 1590, et tout rentra dans l’ordre, A partir de cette époque, il ne reparut plus à la cour.

Dès le 7 mars suivant, jour des Cendres, il reprit son ancien usage de prêcher, sans paraître déconcerté ni ému de tout ce qui était arrivé depuis un an, sans employer les invectives ni les déclamations contre personne , bien que par suite des troubles de la Ligue naissante, il eût perdu plus de 50 mille livres et se trouvât complètement ruiné. Sa conduite parut digne d’admiration à ceux qui ne le connaissaient pas encore parfaitement. Toutefois, la misère relative où Amyot se trouva réduit pendant les deux dernières années de sa vie l’obligea de condescendre en quelque chose aux idées de son siècle. Il aurait souhaité que le cardinal de Bourbon eut été roi et appréhendait la ruine du catholicisme en France.

Ce prélat qui aimait la musique, l’aima bien plus encore dans le malheur. Dans son palais épiscopal, il ne rougissait point de chanter sa partie avec des musiciens. Son goût pour le chant lui faisait témoigner plus d’amitié à ceux d’entre les chanoines qui allaient volontiers à l’église pour y chanter, et il estimait pareillement les tortriers, chantres, commis et autres gagistes qui, possédant une belle voix et sachant leur métier, avaient d’ailleurs de bonnes mœurs. Il se plaisait même à jouer de quelque instrument, du clavecin par exemple, avant le dîner, pour se mettre à table l’esprit plus dégagé après ses études sérieuses. C’est de son temps que Edme Guillaume, chanoine d’Auxerre et commensal d’Amyot, perfectionna, vers 1590, l’instrument de musique auquel sa forme valut le nom de Serpent, et dont on se servait depuis plus d’un siècle, puisqu’on lit dans un compte de la fabrique de la cathédrale de Sens en 1453 « Ressoudé le serpent de l’église et mis à point un lien de laiton qui tient le livre. »

Sentant sa fin approcher, Jacques Amyot s’empressa d’avoir recours aux sacrements de l’église, et mourut le samedi 6 février 1593, à deux heures de l’après-midi et en présence d’un grand nombre de prètres et de fidèles. Selon qu’il l’avait demandé dans son testament, il fut inhumé vis-à-vis le grand autel de la cathédrale, à côté du trône pontifical. Il partagea en cinq lots ce qui lui restait de fortune : Nicolas Amyot, son neveu, fut son principal héritier et eut deux parts; sa sœur unique, Jeanne Amyot, obtint deux parts, et son frère Jean Amyot, une seule. Il légua au grand hôpital d’Auxerre cinq cents livres; aux Jacobins, cent livres; aux Cordeliers, pareille somme; à chacun de ses domestiques, dix écus d’or sol, outre leurs gages, et un habit noir; à son valet de pied, trente écus d’or pour lui faire apprendre un métier; à  Jean de Bourneaux, fils de sa sœur, ses ornements épiscopaux et les paiements de sa chapelle. Le testament de l’évêque d’Auxerre ne contenait aucun autre article. On est donc surpris de lire dans certains auteurs qu’Amyot a légué à l’hôpital d’Orléans une somme de seize cents livres, par reconnaissance de ce qu’après y avoir logé à l’âge de dix ans , on lui avait donné seize sous pour sa conduite. « Ce trait et quantité d’autres, dit l’abbé Lebeuf, doivent être mis au nombre des fables. Je ne crois pas non plus, ajoute cet écrivain, que le proverbe : En mangeant, l’appétit vient, comme dit l’évéque d’Auxerre, doive son origine à Jacques Amyot; on peut l’attribuer plus vraisemblablement à Philippe de Lenoncourt, qui fut longtemps appelé en cour l’évêque d’Auxerre, depuis la résignation qu’il avait faite de cette prélature, et qui accumula grand nombre de bénéfices. Amyot ne conserva, avec son évêché, que l’abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, s’étant défait de bonne heure de celle de Bellozane et de celle des Roches, au moins dès l’an 1590, en faveur de son neveu. Il n’est resté dans le pays aucun mémoire qui prouve qu’on eût trouvé beaucoup d’argent à cet évêque après sa mort. La Popelinière est le premier qui le fasse riche de deux cent mille écus. Il est fâcheux que d’habiles critiques aient pu le suivre sans demander des preuves de ce qu’il avançait. » Il ressort, en effet, de l’inventaire fait après le décès de Jacques Amyot, qu’on ne trouva, dans deux bahuts placés aux pieds de son lit, que 700 écus au soleil et 141 pistoles.

 

On a de Jacques Amyot les ouvrages suivants — Histoire œthiopique d’Héliodorus, contenant dix livres, traitant des loyales et pudiques amours de Théagènes, Thessalien, et Charidée, Aethiopicnne, nouvellement traduite du grec en françois. 1547, in-fol., et 1549, in-8°. Amyot, lors de son voyage en Italie, ayant trouvé au Vatican, un manuscrit complet d’Héliodore , retoucha sa traduction et la fit réimprimer en 1559, in-fol. c’est cette édition qui a servi de modèle aux réimpressions faites à Lyon, à Paris et à Rouen. 2°) Sept livres des Histoires de Diodore, Sicilien, traduits du grec, Paris , Vascosan, 1554 , in-fol., réimprimés en 1587; ce sont les livres 11 à 17 commençant au voyage de Xercès et finissant à la mort d’Alexandre. 3°) Amours pastorales de Daphnis et Chloé traduites du grec de Longus, 1559, in-8°. Ce volume a eu de nombreuses réimpressions parmi lesquelles on distingue l’édition dite du Régent, imprimée aux frais de ce prince en 1718, petit in-8° orné de 28 et quelquefois 29 gravures sur ses dessins par B. Audran, — l’édition de 1731, in-12, avec des notes d’Antoine Lancelot et publiée par Falconnet, — celle de 1757, in-4°, offrant en regard la traduction d’Amyot et une traduction nouvelle par un anonyme (le Camus), —celle de Didot, an VIII (1800), grand in-4°, avec 9 figures, et dont 27 exemplaires ont été tirés in-fol., — l’édition in-18 publiée à la même époque par le même imprimeur, —celle de Paul-Louis Courier: Daphnis et Chloé, traduction complète d’après le manuscrit de l’abbaye de Florence, Florence, 1810, grand in-8° tiré à 60 exemplaires. 4°) Les Vies des Hommes illustres, grecs et romains, comparées l’une avec l’autre; translatées du grec en françois, Paris, 1559 , 2 vol. in-fol.; on recherche l’édition donnée par Vascosan, 1567-74, 6 vol. in-8°. 5°) Oeuvres morales de Plutarque, traduites en françois , Vascosan, 1574, 7 vol. in-8°., édition que l’on joint à celle des Vies des Hommes illustres , de 1567. Les Oeuvres complètes de Plutarque, traduites par Amyot, ont été recueillies plusieurs fois; on en cite les éditions de 1565-75, Vascosan, 4 tomes en 2 vol. in-fol.; de 1784, Bastien, 18 vol., in-8°, et de 1783-87, avec notes de G. Brotier et Vauvilliers, 22 vol. in-8°. Cette dernière édition, qui est la plus estimée, a été réimprimée, par Cussac en 1801-1806, 25 vol., in-8°, avec quelques additions de Clavier et 131 médaillons gravés en bois. 6°) Lettre à M. de Morvilliers, maistre des requestes, du 8 septembre 1551, lettre dans laquelle Amyot donne une relation de son voyage à Trente et qui se trouve insérée dans les Mémoires du Concile de Trente par Vargas, dans les Mémoires du même concile par Dupuy, et dans l’Ecclesiae Gallicanae in Schismate Status de Pithou. 7°) Profit de l’Eloquence royale, composée pour Henri III, roi de France, imprimé pour la première fois en 1805, in-8° et in-4°.

Le P. Niceron cite aussi, de Jacques Amyot, des Oeuvres mêlées, 1611, in-8°. Les bibliographes contestent l’existence de ce volume.

L’abbé Lebeuf indique, comme étant sortis de la plume du célèbre évêque d’Auxerre, les opuscules suivants : 1°) Préface du Missel projeté d’Auxerre, citée dans la Chronique de Genebrard; 2°) une traduction qu’il fit en 1572 de l’Epître congratulatoire au roi par Jérémie, patriarche de Constantinople, 3°) un Compliment latin qu’il prépara pour Alexandre de Médicis, nonce du pape, s’il eût passé par Auxerre; et 4°) un Epicedium in obitu Caroli IX remarqué par Baluze.

 

 

 

Comme Amyot n’était pas de famille à avoir des armoiries, il fut le premier de son temps qui s’en fabriqua comme il lui plut. Elles étaient d’azur, au chevron d’or, chargé d’un croissant de gueules et accompagné de deux trèfles d’or, en chef, et d’une étoile ou molette d’éperon en pointe , le tout d’or.

 

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