LE BIENHEUREUX HUGUES DE MACON

 Hugues, de l’illustre maison des comtes de Mâcon, fut le condisciple et l’ami d’enfance de saint Bernard. Après sa conversion, il se rendit à l’abbaye de Cîteaux où il reçut l’habit monastique des mains de l’abbé Etienne. Quelque temps après sa profession il fut envoyé, à la tète de douze moines, pour fonder l’abbaye de Pontigny, dans le diocèse d’Auxerre. Cette maison devint comme une pépinière de saints prélats qui jetèrent le plus vif éclat sur l’Ordre de Cîteaux. Hugues fut le premier des Cisterciens appelé à la dignité épiscopale; il monta sur le siège d’Auxerre l’an 1137, après avoir gouverné pendant vingt-deux ans l’abbaye de Pontigny.

Distingué par la noblesse de ses sentiments, doué d’une patience merveilleuse, il était plein de fermeté contre les oppresseurs de l’Église ou des pauvres. Considérant que l’hospitalité est l’une des vertus que doit pratiquer un évêque, il avait promis de l’exercer lors de son sacre aussi voulut-il que sa maison fût comme une hôtellerie pour les passants; il y préposa un religieux de Pontigny qui devait, même en l’absence de l’évêque, recevoir avec des égards particuliers tous ceux qui se présenteraient. Il s’appliqua toute sa vie à protéger et à soutenir les maisons religieuses, à les ramener à l’observance de la Règle, et à terminer les différends qui s’élevaient entre elles. L’Ordre de Prémontré lui dut de grandes obligations. lthier, clerc de la cathédrale, lui ayant communiqué son dessein de faire venir des religieux de cet Ordre, dans le petit monastère du titre de Saint-Marien, qu’il venait de rebâtir, au-delà de l’Yonne, il s’employa aussitôt pour obtenir de l’abbé de Prémontré une colonie de ces religieux qu’il y établit en 1138, et auxquels il donna les vignes contiguës à leur nouvelle maison.

Comme il jouissait d’uns grande réputation de doctrine et de prudence, il fut employé dans beaucoup de négociations importantes et très considéré dans les conciles auxquels il prit part. Nous le voyons, en 1139, établi comme médiateur entre Manassès, évêque de Meaux, et Risende, abbesse de Faremoutiers; en 1142, entre les abbayes de Flavigny et de Fontenay. Il assista à la dédicace de Saint-Jean de Besançon, à celle de l’abbaye de Fontenay, et, en 1144, à celle de Saint-Denis, où il consacra la chapelle de Saint-Pèlerin, il fut alors commis par le souverain Pontife pour procéder à une enquête relative à la vie des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève. Conjointement avec saint Bernard, il écrivit au roi Louis VII pour le conjurer de mettre fin à la guerre, en se réconciliant avec le comte de Champagne. L’église d’Auxerre reçut la visite du pape Eugène III en 1147, et Hugues eut l’honneur de l’accompagner à la dédicace de la cathédrale de Châlons-sur-Marne, qui eut lieu le 26 octobre de la même année.

Le bienheureux Hugues passa pour un des plus prudents et des plus zélés prélats de l’Église de France. Saint Bernard lui donne le titre de Saint en quatre endroits de ses ouvrages; le martyrologe de France, le ménologe de Cîteaux et celui des Bénédictins le mentionnent avec éloge. Un ancien ménologe d’Auxerre l’appelle l’honneur des évêques, le modèle de toute religion, et énumère les dons qu’il fit à sa cathédrale.

Hugues mourut dans l’abbaye de Pontigny, le 10 octobre 1151, et fut inhumé dans la chapelle primitive de ce monastère; lorsque, plus tard, la basilique actuelle de Pontigny fut terminée, on y transféra les dépouilles mortelles du pieux évêque. En 1567, les Huguenots ouvrirent son tombeau, et ayant trouvé son, corps presque intact et revêtu de ses vêtements pontificaux, ils le livrèrent aux flammes, pensant que c’était celui de saint Edme, que l’on conservait dans la même église.

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