LE BIENHEUREUX HUMBAUD |
Après
la mort de Robert de Nevers (1095), le siége épiscopal d’Auxerre resta
vacant pendant trois mois environ. Son successeur fut Humbaud, noble
auxerrois, fils d’un autre Humbaud et d’Adèle. Après avoir été élevé
dans le clergé de la cathédrale sous l’évêque Héribert qui
l’avait tonsuré et fait chanoine, il donna des marques si éclatantes
de toutes les vertus, qu’il fut jugé digne de passer par tous les degrés
de la cléricature, et même de devenir le doyen du chapitre. Aussitôt
après son élection, Humbaud prit la route de l’Italie pour se faire
sacrer par le pape Urbain II, ce qui eut lieu à Milan le 6 mai 1093. Le
souverain Pontife était alors en chemin pour venir au concile qu’il
avait indiqué à Clermont. L’historien Frodon nous dépeint le nouvel
évêque d’une manière qui mérite d’être rapportée. Il représente
Humbaud comme un homme doux et pacifique, d’un esprit pénétrant, généreux,
hospitalier, sévère pour lui-même, ferme pour le maintien de la
discipline et des immunités ecclésiastiques. Il s’abstint de manger de
la viande, se contentant de légumes et ne buvant que très peu de vin ;
mais en revanche, il exerçait somptueusement l’hospitalité, avait
toujours quelques pauvres qui mangeaient avec lui, et disait qu’ « un
évêque est inhumain, s’il exclut quelqu’un de sa table ».
L’un des premiers actes de son épiscopat fut la renonciation que fit à
sa prière, le 31 août 1096, Guillaume, comte de Nevers, du droit prétendu
de ses prédécesseurs aux dépouilles mobilières des évêques défunts
qu’ils regardait comme leur appartenant en propre. Le plus célèbre établissement
qui eut lieu pendant son épiscopat, fut celui de l’abbaye de Pontigny
fondée par Hildebert, chanoine de la cathédrale. A la prière de ce
chanoine, Humbaud y mit des religieux bénédictins de l’institut de Cîteaux,
et leur donna pour premier abbé Hugues de Mâcon. La réputation que s’était acquise Humbaud
le fit appeler à presque toutes les assemblées importantes qui se
tinrent de son temps. Il assista au concile de Nîmes en 1096; il se
trouva également à ceux de Rome le 26 avril 1099, d’Etampes la même
année, d’Anse près de Lyon en 1100, de Troyes en 1104 et de Paris tenu
le 2 décembre de cette même année. Son nom parait aussi dans différents
actes : il fut un des prélats qui assistèrent à la dédicace de
l’église priorale de Saint-Étienne de Nevers, faite le 13 décembre
1097 par Yves de Chartres; il signa l’acte daté de Sens, par lequel
Robert, évêque de Langres, faisait une donation à l’abbaye de
Molesmes en 1101 ; il était le 20 mars 1107 au monastère de Saint-Benoît-sur-Loire,
lorsqu’on y transféra le corps de ce saint d’une châsse dans une
autre, et au mois de juillet 1108, quand on y fit les funérailles du roi
Philippe 1er ; il assista pareillement au Couronnement de
Louis le Gros, qui eut lieu dans l’église cathédrale de Sainte-Croix
d’Orléans, le 2 août de la même année ; il fut aussi du voyage que
ce prince fit alors à Bourges, et y souscrivit à un privilège donné
par ce monarque à l’abbaye de Saint-Benoît, avec tous les grands du
royaume ; enfin, l’Histoire de Paris, rapportant la fondation de
l’abbaye de Saint-Victor en 1113, noue apprend que l’acte portait le
sceau d’Humbaud, évêque d’Auxerre. Il y avait près de vingt-cinq ans que Humbaud gouvernait non diocèse, lorsqu’il entreprit le voyage de Jérusalem. C’est avec la plus vive piété qu’il visita les lieux saints ; en revenant une tempête éclata, le vaisseau qui le portait fit naufrage, et l’évêque périt dans les flots, avec tous les autres passagers, le 20 octobre 1115. |
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