LE VÉNÉRABLE WIBALD (879- 887)

C’est à peine s’il s’écoula un mois entre la mort de Wala. et le sacre de Wibald, comme évêque d’Auxerre. Celui-ci, français de nation, était né à Cambrai. Son père. Leufroi, et sa mère Dode, appartenaient à de nobles familles de cette dernière ville, et l’on croit même, que Leufroi n’était autre que Luitfrid ou Liutfrid à qui le pape Jean VIII écrivit l’une de ses lettres.

Wibald avait d’abord été disciple de Jean Scott qui était alors célèbre en France, et avait appris de lui à mener une vie de véritable philosophe; mais lorsqu’il fut plus àgé, ses parents le produisirent à la cour de l’empereur Louis le Bègue. Cinq ans après, ce monarque, voulant le récompenser de sa conduite si prudente et si sage, fit connaître aux prêtres d’Auxerre qu’il le destinait à être leur évêque. L’élection de Wibald eut alors lieu comme à l’ordinaire par le clergé et par le peuple qui respectèrent le désir de l’empereur, et le sacre du nouvel évêque fut célébré par Anségise, archevêque de Sens, le dimanche des Rameaux, 5 avril 879.

Le successeur de Wala se distingua par une grande douceur et par une admirable charité. Ni les frimas de l’hiver ni les chaleurs de l’été ne purent l’empêcher de diriger lui-même avec un zèle admirable les embellissements nombreux qu’il fit faire à sa cathédrale. A l’extrémité occidentale de cette église, il fit élever un édifice qui contenait deux chapelles superposées et ayant chacune son autel; il dédia la chapelle supérieure en l’honneur de la Sainte-Croix, et l’inférieure, à la mémoire de l’apôtre saint Paul, des évêques d’Auxerre saint Amatre et saint Germain, de saint Martin et de saint Benoît, et principalement du pape saint Grégoire.

Comme quelques-uns de ses prédécesseurs, Wibald voulut que les chanoines d’Auxerre se ressouvinssent du jour qu’il avait été sacré évêque, et de celui qui serait le dernier de son existence. Il leur assigna, à cet effet, la moitié de la terre de Chichery, qui, selon le nécrologe, contenait huit métairies; sur le revenu de cette terre, on devait prendre une somme nécessaire pour donner aux chanoines quatre repas, l’un le jour de son sacre, l’autre le jour de sa mort; le troisième le jour de l’obit de l’empereur Louis le Bègue, et le quatrième à la fête de la dédicace des cryptes de la cathédrale. Il augmenta aussi la mense des chanoines de Saint-Eusèbe, en leur donnant huit maisons du village de Moulins. Il eut soin de faire confirmer toutes ces donations par des lettres patentes royales.

Sur le point de terminer sa carrière, le vénérable Wibald ressentit les plus cruelles frayeurs des jugements de Dieu. Il se déclarait publiquement le plus criminel des hommes, et demandait pardon à tout le monde, craignant d’avoir fait offense à quelqu’un. Il espérait cependant en la miséricorde divine, et, après saint Etienne, il avait une grande confiance en saint Clément, pape. Il demanda qu’on I’inhumât à l’entrée de la porte de son église; mais, après sa mort, arrivée le 12 mai 887 les chanoines l’enterrèrent à la porte, mais à l’intérieur de la cathédrale.

Ce fut sur la fin de l’épiscopat de Wibald, qui avait siégé sept ans, un mois et huit jours ou pendant la vacance qui suivit sa mort, que le corps de saint Martin fut rapporté d’Auxerre à Tours.

« On en a une histoire si pleine d’anachronismes, dit l’abbé Lebeuf, qu’on ne peut guère fixer cette époque. »

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