MICHEL
DE CRENEY (1390-1409) |
Originaire
de Creney à une lieue de Troyes, élevé à Paris dans le collège de
Navarre, précepteur, puis confesseur et ensuite aumônier du roi Charles
VI, depuis le 26 février 1383 jusqu’au 1er janvier 1388, il
fut pourvu par ce prince de l’évêché d’Auxerre, en janvier 1390;
mais il continua de résider à la cour, et ne fit son entrée solennelle
que plus de dix ans après. Il prit cependant possession en personne le 5
juin 1401, mais sans cérémonie aucune, et confia le spirituel de son
diocèse à un vicaire général, nommé Jean du Pont qui fut aussi son
officiai et devint plus tard grand-archidiacre d’Auxerre. Le
9 du même mois, il consentit un accord en vingt-deux articles touchant la
juridiction spirituelle du chapitre. Dans cet accord, tout ce qui pouvait
fournir matière à contestation dans la charte de Jean d’Auxois, fut éclairci
et défini nettement. Les justiciables du chapitre étaient les familiers
(familiares) des chanoines, c’est-à-dire, les domestiques demeurant
avec eux et nourris à leurs dépens dans l’enceinte de la cité, ainsi
que les officiers de ces mornes chanoines, c’est-à-dire, le chambrier,
le grenetier, le receveur des anniversaires, le notaire du chapitre, le maître
de l’hôpital de Saint-Etienne et le portier des chanoines, pourvu
qu’ils portent l’habit ecclésiastique, à l’exception toutefois de
ce dernier, et qu’ils il aient commis ni homicide ni rapt. Les bénéficiers
obligés au service divin, étaient justiciables des chanoines pour le
fait de cet office, tant qu’ils résidaient dans l’église et dans la
ville; pour tous les autres cas, ils relevaient de l’évêque. Le
chapitre ne devait avoir qu’un seul official pouvant connaître des
causes qui regardaient le spirituel dans un lieu déterminé, soit dans la
maison claustrale du chapitre. Celui-ci avait juridiction spirituelle dans
103 maisons claustrales, tant acquises qu’à acquérir dans les limites
du cloître. L’official du chapitre et celui de l’évêque devaient se
donner mutuellement des lettres, soit pour entendre les témoins, soit
pour toute autre chose nécessaire, aux dépens néanmoins des parties. Le
chapitre pouvait faire publier, à l’aigle du chœur, les sentences et
mandements, citations et excommunications ; l’évêque en avait
aussi le droit. L’évêque et le chapitre devaient conjointement donner
des dimissoires aux chanoines et aux tortriers de l’église d’Auxerre
pour recevoir le ordres. Le trésorier du chapitre avait à fournir les
tapisseries du trésor pour les synodes, et les bâtonniers étaient chargés
de les tendre. La porte de la maison épiscopale, située au bas-côté
nord du sanctuaire de la cathédrale, ne devait plus être fermée ni de
nuit ni de jour, à moins que l’évêque ne fut point dans la ville,
auquel cas elle serait fermée pendant la nuit du côté de l’église
jusqu’au deuxième coup de matines. Quant à la porte basse par laquelle
on allait de la maison épiscopale aux cryptes de l’église, Il fut décidé
qu’elle serait murée, et qu’une ouverture serait faite en un autre
endroit par où l’évêque pourrait aller de son logis à la chapelle de
la Trinité établie dans ces cryptes et fermée du côté de
la cathédrale pendant l’absence du prélat. Il fut aussi décidé, que
le corps du chapitre ne paierait jamais rien pour les sceaux de la cour épiscopale
d’Auxerre. — Tel était en substance et sauf la solution de certains
faits particuliers et transitoires, le fond de l’accord passé entre le
chapitre et l’évêque. Cette
grande affaire fut terminée sans qu’on y fit mention d’abolir la fête
des Fous, qui subsista encore pendant tout l’épiscopat de Michel de
Creney, malgré le sermon prêché contre elle en 1401, par l’abbé de
Pontigny, et malgré la parole donnée à l’évêque de la faire disparaître.
Tout ce que l’on put obtenir alors fut d’en retrancher les choses les
plus criantes et les plus grossières Il est assez probable que
l’obstination des chanoines en faveur de cette fête singulière,
obligea Michel à attaquer de nouveau la juridiction du chapitre en 1406;
mais cette seconde attaque n’eut aucune suite. Informé
des profanations qui se commettaient à l’occasion de certaines fêtes,
l’évêque d’Auxerre en retrancha un grand nombre, et entreprit avec zèle
la visite de son diocèse. Les ermites de Saint-Augustin surent gagner la
bienveillance du prélat, qui se joignit à Jean Agelard, religieux
de cet ordre, pour demander au roi une croix de vermeil doré, d’un pied
et demi de haut, garnie de pierreries, et dans laquelle était renfermé
un fragment de la vraie croix. La demande fut exaucée. Le
15 janvier de la même année 1406, Michel de Creney obtint, du parlement,
un arrêt touchant l’usage de l’absolution des censures. Il fut ordonné,
à l’occasion d’une rixe entre des ecclésiastiques, que quiconque
aurait été interdit ou excommunié pour violences faîtes à des gens
d’église, ne serait relevé de l’excommunication que par l’évêque. Les
registres du parlement de Paris font foi que Michel y assista quelquefois
en 1405 et en 1407; il s’y trouvait encore le 19 février de l’année
suivante, lorsque Jean Périer, chanoine de Chartres et avocat du roi,
parla contre les lettres que le cardinal légat en France, avait écrites
en cour de Rome contre le roi, et quand ce cardinal fit ses excuses en
latin. Il assista aussi quelquefois au conseil du monarque, et fut présent
à la célèbre conférence de Paris où se fit un décret contre ceux
qui, pendant le grand schisme improuverait la voie de cession ou celle de
la soustraction de l’obéissance. En 1409, il se fit représenter au
concile de Pise. Charles VI donna commission à Michel de Creney, avec
Pierre d’Ailly, grand-aumônier, de dresser des statuts pour les
chanoines de Notre-Dame de Melun.. L’évêque
d’Auxerre n’oublia point les savants ni ceux qui portaient son nom :
il nomma chanoines de sa cathédrale Renaud de Fontaines, ami intime de
Nicolas Clamenges, et lui donna la cure de Varzy ; Renaud devint évêque
de Soissons le 8 janvier 1423. On trouve dans les registres du chapitre,
en 1400, la réception de Guillaume de Creney chanoine de Troyes, à la prébende
de Guillaume Mouton, décédé; on croit qu’il était frère de l’évêque.
Il y a aussi dans un nécrologe de la collégiale de Notre-Dame-de-la-Cité
un Michel de Creney, chanoine de cette église, et peut-être neveu du prélat.
Quinze jours avant son décès, il conféra une prébende de sa cathédrale
à Pierre de Creney, docteur en théologie de Paris, sans doute aussi, son
parent. L’évêque
d’Auxerre mourut à Paris le 13 octobre 1409. On l’enterra aux
Chartreux, et ses exécuteurs testamentaires firent des dons à son église
cathédrale et à celle de Sens en offrant au nom du défunt des excuses
de ce qu’il n’avait pas, de son vivant , prêté le serment dû à la
métropole.
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