PHILIPPE 1er DES ESSARTS (1410-1426)

 En même temps que I’église d’Auxerre fournissait un évêque à celle de Tournai, Philippe des Essarts, chanoine de Tournai, venait remplir le siège épiscopal d’Auxerre.

Fils de Philippe des Essarts, sieur de Thieux, au diocèse de Meaux, et de Glatigny au Val de Gallie, et de Marie de Bucy ; il fut licencié en droit, chanoine et grand-chantre de Rouen en 1395, archidiacre de Soissons, et, comme nous l’avons dit, chanoine de Tournai. Quelques auteurs croient qu’il fut nommé au siège épiscopal de cette dernière église, et que Pierre des Essarts, son frère, conseiller et maître d’hôtel du roi, étant venu en Bourgogne avec Jean de Thoisy, proposa à celui-ci de permuter, ce à quoi il consentit sur les instances du duc de Bourgogne qui le tenait en grande estime.

Quoi qu’il on soit, Philippe des Essarts, qui est mentionné comme évêque élu d’Auxerre dans les registres du Vatican, à la date du 13 décembre 1410, prit possession par procureur le 23 février 1411 et en personne, avec toute la solennité habituelle, le jeudi 19 mai 1412. Bien que son épiscopat ait duré seize années environ, il n’en est resté aucun souvenir remarquable. On sait seulement qu’il eut avec son chapitre d’affligeants démêlés à propos de la juridiction, et avec le doyen auquel il contestait le droit de porter le rochet. Il alla jusqu’à excommunier les chanoines, et ceux-ci l’excommunièrent à leur tour. Ces différends ne prirent fin que le 8 mai 1425, après avoir duré près de treize ans. Au mois de juin 1412. Philippe se rendit à Toucy, et y passa quelques jours dans la tour seigneuriale pour conserver intact le droit des évêques d’Auxerre, de se la faire livrer quand cela leur plairait, fit, le 23 de ce mois dresser acte authentique de ce privilège, et reçut pour cette tour le serment de foi et hommage que lui prêta Guillaume d’Assigny, an nom de Louis, cardinal de Bar. Le 6 septembre 1415, Philippe de Bourgogne comte de Nevers, lui fit le même serment dans l’église de Montenaison pour la baronnie de Donzy. En février 1416, Philippe des Essarts accorda quelques revenus à Pierre de Tuilières, conseiller au parlement, conféra en janvier 1417, une prébende à Charles, son frère, reçut le 14 septembre 1420 le serment de fidélité de Hugues des Noës, doyen du chapitre, et fut par acte du 23 octobre 1422, nommé exécuteur testamentaire du roi Charles VI.

     L’année suivante, et par décision du 16 août, le chapitre d’Auxerre concéda une prébende héréditaire dans la cathédrale à Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux, qui lui remit la ville de Cravant après l’avoir vaillamment défendue

On trouve le nom de Philippe des Essarts dans quelques anciennes éditions du Missel d’Auxerre, à l’occasion de la nouvelle fête des saintes femmes Marie de Cléophas et Salomé. L’un des trois chanoines qui portaient le nom de Jean le Fèvre et qui avaient été reçus sur la fin de l’épiscopat de Michel de Creney, fit ériger avant 1420, un autel sous l’invocation de ces saintes, près de celui de Notre-Dame-des-Vertus, au portail de l’église. L’ayant doté, il obtint du chapitre qu’on y chantât une grand’messe le 23 mai, jour de leur fête, et c’est ainsi que leur culte commença dans la ville d’Auxerre. Etienne Moron, chanoine et sous-chantre, fut miraculeusement guéri par l’intercession des saintes, la veille de leur fête, ce qui augmenta beaucoup la dévotion qu’on avait pour elles. Jean le Fèvre fit alors des démarches auprès de l’évêque en 1424, et en obtint des indulgences pour ceux qui, vraiment pénitents, réciteraient I’office de ces saintes femmes en public ou en particulier, ou bien y assisteraient.

C’est la seule, fondation religieuse que l’on sache avoir été faite du temps de Philippe des Essarts. Sous son épiscopat l’édifice du portail de la cathédrale, du côté de I’évêché, fut commencé en 1415, et continué ensuite par la munificence de Jean de Molins, chantre et chanoine, ainsi que par les libéralité des fidèles. Philippe des Essarts eut le chagrin de voir le château de Régennes dévasté par la bataille que se livrèrent, près de Cravant, les Français et les Anglais. Il réconcilia le 10 mai 1426 l’église paroissiale de Notre-Dame de La Charité où Guillaume Loiseau et Jean de Neufchâteau avaient assassiné un nommé Pierre Guibelin, et mourut le 14 octobre suivant, à 9 heures du matin. On l’enterra à droite dans le chœur. Il légua pour son anniversaire une rente de dix livres de France au chapitre cathédral.

Ses armes étaient : de gueules, à trois croissants d’or.

 

    

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