PIERRE VII AYMON ou AYME (1362-1373)

Pierre Aymon tirait son origine d’une noble maison d’Aigue­perse, en Auvergne, appelée des Roches des Colins. Docteur en droit civil et neveu d’Etienne Audebrand, archevêque de Toulouse, il fut élevé à la cour d’Avignon où l’amitié des cardinaux et même des papes lui fut bientôt acquise. Sous-diacre d’office d’urbain V qui avait été élu en septembre 1362, il fut destiné à l’évêché d’Auxerre par ce Souverain-Pontife. En conséquence de la permission du roi, obtenue le 30 octobre, le chapitre s’assembla le 3 novembre et conclut de ne procéder que le 28 à l’élection dont on notifierait le résultat aux treize chanoines absents. Dans l’intervalle, Pierre, préconisé, avait fait ses soumissions à la chambre apostolique le 15 de ce mois, et cinq jours après, il s’était engagé pour ses trois derniers prédécesseurs. Le 13 mars suivant, Pierre Aymon fit son entrée solennelle. Les feudataires de son église ne le portèrent point, le comte d’Auxerre fut seul présent, et l’archidiacre de Sens ne parut ni en personne ni par procureur.

L’Eglise d’Auxerre, spoliée par les Anglais, avait besoin d’ornements; Aymon lui en donna. Le pénitencier et le bâtonnier avaient perdu le peu de revenu qui leur était assigné sur l’église paroissiale de Bitry, dépourvue alors de curé et d’habitants; le prélat leur permit, le 21 février 1366, de faire valoir et de recueillir les fruits des héritages appartenant à cette église, afin de remplacer ainsi les petites rentes qui leur étaient dues. Il assura aussi aux chanoines, le 22 août 1370, la donation que son prédécesseur Jean d’Auxois leur avait faite de cinq arpents de bois dans la forêt de Roncellis. Cependant, ayant cessé de payer en espèces des redevances annuelles que l’évêché devait au chapitre, les chanoines se virent obligés de plaider contre lui; mais sur l’avis de personnes sages et prudentes, Aymon se désista de ses prétentions. Le 7 juillet 1367, il rendit hommage à I’Eglise métropolitaine de Sens, en la forme accoutumée.

Trois ans après, et par acte du 5 janvier 1370, Jean III de Châlon vendit à Charles V le comté d’Auxerre, moyennant la somme de 31.000 livres, et par un nouvel acte daté de Melun, le 18 juillet 1371, le roi de France composa pour la somme de trois mille livres, avec l’évêque d’Auxerre, sur le quint-denier de la vente, et sur le requint à lui dus, selon la coutume du pays.

Le malheur des temps força Aymon de mettre bonne garde dans ses châteaux de Régennes et de Villechaud, de faire réparer sa maison épiscopale d’Auxerre et celle de Paris, fortement endommagées dans les derniers troubles. Il sut faire respecter ses droits par le comte d’Auxerre et celui de Joigny; il fut également attentif à l’observation des devoirs de foi et hommage de ses vassaux, le droit qu’avaient les évêques d’Auxerre de loger dans l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre à leur avènement avait été modifié: au lieu de six jours, ils ne pouvaient plus y demeurer qu’un jour entier, ou bien l’abbé devait leur payer un marc d’argent; l’alternative était au choix de l’évêque; Pierre Aymon en fit passer reconnaissance par l’abbé et le couvent, le mardi 20 mai 1365, et protesta ainsi contre le règlement du pape Urbain V qui, voulant favoriser ce monastère dont il avait été abbé, avait, à la sollicitation de son successeur Etienne de Varennes, supprimé ce droit d’hospitalité. Le pape, de son côté, fit un présent qui n’était pas de nature à plaire à l’évêque : il céda, en pur don, à l’abbaye de Saint-Germain, trois mille cinq cents florins dont ce prélat était redevable envers la chambre apostolique.

Les fréquentes ambassades qui furent confiées à Pierre Aymon, l’éloignèrent souvent du diocèse. En effet, on voit que le 29 décembre 1364, le roi et le duc de Bourgogne l’envoyèrent vers l’empereur avec Eudes de Grancey , seigneur de Pierre-Pont. Le 13 décembre 1366, il se trouvait présent à l’hommage que Jean IV, duc de Bretagne, rendit au roi de France; en 1368, il fut chargé de négociations secrètes auprès du comte de Flandre; l’année suivante, il se rendit à Gand, avec Gaucher de ChâtilIon et Renaud de Corbie, pour y conclure le mariage de Marguerite de Flandre et de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne; dans l’été de 1371, Charles V l’envoya en Aragon pour accompagner sa tante Jeanne de France et y régler les affaires qui concernaient le bien du royaume. Pierre Aymon parut encore dans un grand nombre d’actes importants, qui intéressaient soit l’Etat, soit le clergé, et assurément il serait devenu cardinal, si une maladie de poitrine n’eût hâté sa mort qui arriva, à Auxerre, le 2 septembre 1372. Il fut enterré dans le chœur de la cathédrale, laissant pour son anniversaire un legs de trois cents francs d’or qui n’étaient pas encore payés en 1413 et que le chapitre de la cathédrale fut obligé de réclamer en justice.  

Pierre Aymon portait pour armoiries: d’azur, à la bande d’or, accompagnée de six étoiles du même mises en orle, à la bordure engrêlée d’or.

 

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