RENAUD
DE SALIGNY (1244-1247) |
Quelques historiens de l’Ordre de Cîteaux donnent pour successeur à Bernard de Sully, saint Gautier, abbé de Quincy, près de Tonnerre, mais cette assertion repose sur un fondement d’autant moins solide que, d’après les Cisterciens eux-mêmes, saint Gautier mourut le 15 octobre 1244, un mois environ avant la vacance du siége d’Auxerre. Ce fut Renaud de Salîgny qui, aussitôt après la retraite de Bernard, fut élu, le 6 décembre 1244, au chapitre par voie de scrutin. Il était doyen de l’église même d’Auxerre, d’une famille noble du Berri, probablement de Saligny-le-Vif ou le Vic, chanoine de la métropole de Bourges, et, dit-on, abbé des Pierres en ce dernier diocèse. Il avait une taille majestueuse, un visage fort prévenant, un cœur généreux. Il fit son entrée en 1245, et tomba malade peu après, ce qui ne l’empêcha point d’aller à Sens faire sa profession d’obéissance à l’église et à l’archevêque Gilles Cornut qui venait de prendre possession. Comme Mathilde, comtesse de Nevers, n’avait point paru, même par procureur, à son intronisation, parce qu’elle ne s’y trouvait pas obligée, Renaud procéda contre elle par voie judiciaire. La comtesse fut condamnée par sentence arbitrale à rendre au prélat foi et hommage, et elle lui en donna acte en janvier 1245. Renaud, au mois de juin suivant, de concert avec Robert de Tanlay, mit fin à un procès qui divisait les deux frères, Philippe et Raoul de Courtenay. En juillet de cette année, Frère André Poli, prieur de l’hôpital de Jérusalem en France lui accorda 65 sous tournois pour acquitter une aumône qu’avait faite à cette maison, Bernard de Sully, son prédécesseur, et qu’il n’avait point acquittée. Renaud, en tournée de visite pastorale, confirma les statuts que Henri de Villeneuve avait rédigés pour les chanoines et pour le cure de Saint-Pierre-le-Vieil, et ordonna de nouveau que les chapelains de la même église y feraient une résidence annuelle. Il institua en 1246, dans sa cathédrale, la fête de saint Guillaume, archevêque de Bourges, donnant pour cela cent sous à prendre sur des vignes qu’il avait achetées à Jussy. il voulut que cette fête se célébrât avec pompe et que les neufs grands cierges du sanctuaire y fussent allumés. On avait espéré de grandes choses de cet évêque; mais sa vie ne fut pas assez longue pour lui permettre d’accomplir ce qu’il s’était proposé. La maladie de langueur ou de mélancolie dont il avait été frappé dès le jour de sa promotion, l’obligea de se mettre entièrement aux mains des médecins. Il se fit porter à l’abbaye de Roches, celle de son diocèse qui était la plus voisine du Berri et où il avait choisi Sa sépulture. Il y mourut après un an, onze mois et seize jours d’épiscopat, le 22 novembre 1246, et non pas en janvier 1247, comme le dit l’abbé Lebeuf. Il fut inhumé dans l’église de ce monastère. Son anniversaire est marqué le 14 janvier dans l’obituaire de Bourges, le 22 novembre dans le nécrologe d’Auxerre, et le 13 mars dans celui de Sainte-Croix d’Orléans.
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