SAINT BETTON (915- 918)

 Le clergé et le peuple d’Auxerre choisirent Betton pour évêque, aussitôt qu’ils eurent appris la mort de Géran.

Betton se distingua par la pureté de sa vie, et les écrivains des derniers siècles l’ont mis au rang des saints, bien que l’Église n’ait point adopté son culte comme authentique et légitime. Il naquit à Sens; son père Albéric était bourguignon, Angèle sa mère, était française. Evrard, archevêque de cette ville, était son parent. D’abord abbé de Saint-Héracle, près de Sens, et non près d’Auxerre, comme l’a dit Dom Mabillon, Betton devint ensuite supérieur de Sainte-Colombe, où il avait pris, jeune encore, l’habit religieux. Il s’acquittait de ces dernières fonctions avec un zèle digne d’éloges et avait fait fortifier, en 900, de tours et de bonnes murailles, ce dernier monastère, pour le mettre à l’abri des insultes des Normands, lorsque le siège épiscopal lui fut donné. Il fit tous ses efforts pour ne point accepter cette haute dignité; cependant, afin de ne point déplaire à Richard le Justicier, duc de Bourgogne, et abbé séculier de Sainte-Colombe, il se soumit et fut ordonné le 12 mars 915.

On vit briller en lui toutes les qualités qui forment un évêque accompli, la science, la sainteté, la gravité et la prudence chrétienne. Modeste et frugal pour lui-même, il fut libéral et généreux pour les autres. Le premier mets qui lui était servi sur sa table, à chaque repas, appartenait presque en entier à douze pauvres qui se trouvaient assis à une autre table en sa présence; après quoi, il leur faisait distribuer un second plat.

Betton avertit plusieurs fois Rainard de Vergy, de restituer à sa mense épiscopale les terres de Gy et de Jussy. Les avertissements étant inutiles, il employa les prières, les prières restant vaines, il lui offrit une somme considérable d’argent, et rentra ainsi dans la possession des biens qui avaient été soustraits à son évêché. Comme il n’avait rien donné aux chanoines de son église en mémoire de son élection, parce qu’il avait accepté l’épiscopat malgré lui, il songea de bonne heure à les doter de donations qui pussent au moins leur rappeler l’anniversaire de sa mort. C’est dans ce but qu’il leur donna l’église de Venousse, la terre de Roncenay qui en est voisine, et une métairie à Charbuy. Il prenait des mesures pour rebâtir la maison épiscopale qui avait été consumée par l’incendie sous l’épiscopat d’Hérifrid et que cet évêque n’avait eu le temps que de réparer à la hâte; il avait aussi l’intention d’embellir sa cathédrale nouvellement réédifiée mais une douloureuse et cruelle maladie l’empêcha de donner suite à ces projets.

Après avoir longtemps souffert, Betton mourut en paix, au milieu des citoyens qui étaient accourus pour le soulager, et en présence du clergé qui priait pour lui. Il fit sa confession de foi publique, et rendit le dernier soupir le 24 février 918. Il avait siégé trois ans moins quatorze jours.

On l’inhuma, dans les cryptes de Saint-Germain, où aucun évêque d’Auxerre n’avait été enterre depuis Chrétien. Ce bienheureux prélat était invoqué dans les litanies modernes de Saint­Germain, et il n’a jamais eu d’autre culte. Son nom est inséré cependant dans le martyrologe de Châtelain.

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