RUE DE LA DRAPERIE

Les villes du moyen âge avaient, pour chaque espèce d’industrie ou de commerce, un emplacement particulier. La draperie, qui tenait à Auxerre un rang important, ne pouvait manquer de donner son nom à une rue. Elle l’avait dès le XIIe siècle, et l’a conservé jusqu’à nous, en conservant aussi les maisons les plus considérables de ce commerce, telles que celle d'Eurodif. Les franchises des drapiers étaient spécifiées dans la grande charte de la comtesse Mahaut de 1223; on ne pouvait les arrêter pour leurs dettes, ou pour les choses dont ils avaient répondu, lorsqu’ils donnaient des gages dans la ville ou aux environs.  

La corporation des drapiers avait autrefois une haute importance. Le tissage des draps se faisait à Auxerre même, et des foulons à draps étaient établis sur les bords de l’Yonne, aux alentours de la ville. Le riches drapiers d’Auxerre étaient Jacques Vitry et Simon Bernier qui vendirent, en 1413, des étoffes de drap noir pour habiller le duc de Bourgogne, en deuil de son cousin Pierre de Navarre, comte de Mortain; et la comtesse de Clèves, fille du duc, en deuil de sa sœur, Madame de Penthièvre (Les Ducs de Bourgogne, par M. de la Borde, 2eme partie, t I).

En 1521, il y avait vingt-un marchands drapiers dans la confrérie de la Décolation de Saint-Jean-Baptiste, établie chez les Frères-Prêcheurs (Bulletin de la société Scientifique, t. II). Cette industrie disparut peu à peu du pays. On voit, au XVIe siècle, des personnes de robe habiter dans cette rue, et même des médecins, tels que « honorable homme, maître Jean Aillebouste, docteur un médecine, en 1561 » (Censier de 1564, n0 6, (Yonne)). Elle a perdu presque toutes ses vieilles maisons de bois à pignons. Cependant du côté de la place Charles Lepère on en voit encore quelques-unes dont les fêtes aigus, les baies étroites et à croisées rappellent le vieux temps où les drapiers, portant le chaperon de drap, attendaient leurs pratiques les bras appuyés sur leur porte coupée en deux parties.

Le Chapitre d’Auxerre et l’abbaye Saint-Germain avaient des droits de cens sur cette rue, qu’on appelle quelque­fois rue allant du pilori à la Croix-de-Pierre. La partie qui touche à la rue de Paris était le lieu du marché aux Poules, d’où elle a reçu aussi ce surnom (F. Saint-Germain, 1685, et Itinéraire de 1791).

L’église Saint-Eusèbe renfermait, la tombe d’un drapier d’Auxerre, nommé Légier Darbois, et de sa femme, qui mourut en 1422. C’était, suivant les vestiges qui en restaient, de riches bourgeois. On voyait sur le tombeau les personnages à effigies de marbre incrustrées, placées dans des encadrements ogivaux très riches.

Le magasin Eurodif, à l'entrée de la rue de la draperie a pour origine une modeste échoppe de draperie-mercerie ouverte à cet endroit par un sieur Lesséré en 1759. Développée par son fils Charles-Henri et Laurent-Lesséré, le magasin passa en 1885 entre les mains de Louis Soisson puis devint "les Grands Magasins du Printemps".

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