RUE JOUBERT

( En partie )  

On dénature à plaisir les vieux souvenirs locaux pour les remplacer par des dénominations pompeuses ou politiques. Ainsi, le chemin qui conduisait à Paris par la cité, du temps des Romains, et qui a gardé son nom de rue de Paris pendant le moyen-âge et jusqu’à nous, s’appelle aujourd’hui rue Joubert, nom d’un illustre guerrier de la République, sans doute, mais qui n’a rien à voir ici.

On trouvait, dans le haut de la rue, la porte Fiscalis, Féchelle ou Fécaud, dont parle le comte Gui dans sa charte à Saint-Marien (1470), Par laquelle il confirme les acquisitions, faites par les moines, d’étaux à vendre marchandises situés prope portam fiscalem. La porte Fiscalis, selon Ducange, était celle auprès de laquelle on payait les impôts dus au roi.

Au XIIe siècle, la rue de Paris, comme tout ce quartier, était très commerçante. Il y avait, en 1345, quinze étaux « esquelz on vent le pain » à la porte Ferchau. Jacques de Dicy, veuve d’Isambert de Vézelay, les possédait à titre de douaire et les tenait en fief du comte d’Auxerre. (Voy. le Cartulaire du comté). En 1440, le marché aux fruits se tenait encore près de la porte Fécaud (Compte de l’Hôtel-Dieu).

La porte Féchelle est remarquable par son antiquité. Elle est connue dans la Vie de saint Pèlerin sous le nom de Porte des Bains, Porta Balneorurn, parce qu’on passait par là pour descendre aux bains existant sur les bords de l’Yonne.

Elle a conservé jusqu’au milieu du XIXe siècle quelques vestiges de son état primitif. On y reconnaissait les larges assises de pierres de taille des constructions romaines. On y voyait, du côté le mieux conservé, un fragment de chapiteau sculpté. Il était retourné à l’intérieur de la muraille ; ce qui prouve une fois de plus que cette muraille a été formée de morceaux d’édifices antérieurs.

Son nom moderne de porte Fiscalis, Féchelle, Fécaud et même Frécaud, se lit dans divers actes depuis le XIIe siècle (Cartulaire du Pitancier de Saint-Germain; Archives de Saint-Marien, donations générales, 1185, etc).

Au N° 1 se trouvait le pensionnat Saint-Joseph où se rendaient les "quatre bras" en rivalité déclarée avec les éléves des écoles primaires.

Aux coins des rues Fécauderie et des Lombards se trouvent trois maisons de bois dont les piliers d’angle sont curieusement ornés de sculptures gothiques et renaissance.

Plus bas, en descendant, au coin de la rue des Bons-Enfants, était encore une maison gothique, dont le pilier d’angle. énorme morceau de chêne sculpté de feuillages, est conservé au musée de la ville.

Enfin, en descendant encore, et presqu’au bas de la rue, au n° 36, est une maison de style renaissance aux vastes dépendances, qui a appartenu au XIXe siècle à l'érudit docteur Duplan.

Rue précédente

Retour au plan du quartier

Rue suivante

Retour au sommaire