ÉDIFICES
AUX ALENTOURS DE LA CATHÉDRALE. CLOÎTRE — MAISONS CANONIALES |
Chapelles Saint-Clément et Saint-Michel. On
voit encore, en descendant la rue Lebeuf à gauche, un haut édifice en
pierres de petit appareil, au comble bordé d’un cordon de modulons antiques,
percé d’une longue baie sur sa face Est. C’est la double chapelle de
Saint-Clément et Saint-Michel, élevée à la fin du XIIe siècle, et dont
l’une, celle de dessous, appartenait, en 1850, aux religieuses de Saint-Vincent de Paul,
et l’autre, celle de dessus, à Melle Prudot. Mais ces deux oratoires ont une origine bien antérieure. L’évêque
Wibaud fut inhumé en 887 à Saint-Clément, qui était alors une église, il
fut le premier prélat enterré dans la cité. Lebeuf, qui n’est jamais à
court pour expliquer les origines, remarque que la coutume était apparemment
autrefois de ne dédier sous l’invocation de saint Clément, pape, que des
chapelles situées dans des lieux bas et profonds : témoin la chapelle de
la crypte inférieure de l’église Saint-Germain. Et il en donne pour raison
que cet usage pouvait être appuyé sur la légende de ce saint, où il est
marqué qu’ayant été jeté au fond de la mer, les anges dressèrent sur son
corps une espèce de chapelle ( Prise d’Auxerre, 59). Le doyen
Jocelin y fonda un chapelain, vers 1440. qui était encore en titre en 1481.
(Minutes de Masle, notaire). Quoiqu’il on soit, la chapelle Saint-Clément est formée d’une
seule nef à voûtes ogivales, colonnes engagées, chapitaux à crosses. La chapelle Saint-Michel est moins ancienne. Lebeuf n’en parle qu’au
XIIIe siècle. L’évêque Guy de Mello y fonda six chapelains vers l’an
1260. En 1455, un autre évêque réunit ces vicaires au corps du Chapitre, à
cause de la ruine entière dans laquelle ils étaient tombée par les guerres.
Au XVIIIe siècle, le Chapitre vendant à M. Moreau, chanoine, urne maison
appelée la Soudoire, qui tenait aux greniers du Chapitre et par devant
à la place du portail sud du transept de la cathédrale, y ajouta la jouissance
de la chapelle Saint-Michel « qui est au bout du jardin de cette maison. »
Le cimetière des clercs était voisin de la chapelle Saint-Clément et de la
maison de la Soudoire (Chapitre d’Auxerre, maisons canoniales.) |
Bibliothèque du Chapitre, en 1860, le Catéchisme de Persévérence. Tel est le nom d’un
long et noir bâtiment qui s’appuie sur le côté sud du sanctuaire de la cathédrale.
Ses fenêtres étroites, à croisées de pierre, son toit haut et pointu,
le font aisément reconnaître de loin. Sa destination, comme bibliothèque, ne
remonte pas bien haut. En 1636, un chanoine, amateur des livres, voulut
restaurer la bibliothèque du Chapitre dévastée dans les guerres du XVIe siècle.
La grande salle capitulaire, qui était celle dont nous parlons, semblait
parfaitement disposée pour cette destination; mais le projet échoua par le
changement de siége de l’évêque Séguier. Lebeuf, léguant en mourant ses
livres au Chapitre, fut le véritable fondateur de la bibliothèque du
Chapitre. L’abbé Potel, qui était le dépositaire de cette collection,
annonce, en 1765, au Chapitre que ce commencement de bibliothèque mérite
l’attention, et MM. Potel et Rose furent chargés de mettre les livres en
ordre. L’année suivante, la bibliothèque était organisée, et les chanoines
y prenaient des livres, Elle s’accrut successivement des dons de MM Potel,
Mignot et autres savants chanoines, et s’élevait, en 1790, à 6300 volumes
et 65 manuscrits. Le bâtiment de la bibliothèque, après avoir été aliéné, est rentré
dans le domaine de la cathédrale. On y communique par une porte percée dans le
bas-côté droit du chœur. La vaste salle qui compose tout l’édifice est voûtée
à plein cintre en planchettes de bois, dont l’usage était très commun
dans nos pays aux XIIe et XIIIee siècles. On remarque dans le fond, à droite,
une armoire pratiquée dans le mur et fermée par une porte de fer. Au-dessous existe un étage presque souterrain qui servait de prisons au
Chapitre Ses murs sont encore couverts aux embrasures des fenêtres de croix
nombreuses , emblèmes pieux tracés par les clercs coupables, et
d’inscriptions gothiques indéchiffrables ou qui rappellent les noms de
quelques prisonniers. Les travaux de consolidation du XIXe siècle assurent la
durée de cette édifice. On a découvert et on peut y voir dans le sol, à peu
de profondeur, de larges meules de moulin, qui remontent à une époque
inconnue. |
Cloître du Chapitre; maisons canoniales. Jusqu’au
XIIe siècle les chanoines des cathédrales vécurent en commun, suivant la règle
du concile d’Aix-la-Chapelle du IXe siècle. Mais, depuis cette époque,
chaque membre du collège cathédral reçut un jouissance, sa vie durant et
moyennant une certaine somme, une maison et un petit jardin où il habita seul. Les chanoines portaient la soutane noire et
l’aumusse de même couleur. En 1383, le pape Clément VII leur permit
l’aumusse grise. En 1746, la soutane violette finit par l’emporter sur la
noire (Inventaire du Chapitre, I,152 et 142). Le Chapitre d’Auxerre possédait, en 1500, 48 maisons canoniales; et
seulement 47 en 1780. L’étendue du cloître était limitée au sud par la rue des Lombards
et la rue Lebeuf au nord par le mur de la cité, parallèle à la rue du Quatre septembre. Lebeuf dit qu’on ne connaissait pas bien les bornes du cloître
du côté de l’ouest. Il y avait seulement quelques marques qui en
désignaient
les limites comme de grandes fleurs de lys et des croix de fer. Il était fermé
par deux portes qu’on appelait pendantes, du latin pandens, parce
qu’elles devaient demeurer ouvertes tout le jour. Elles se trouvaient,
l’une dans la rue Cochois, à l’angle de la maison de M. Milliaux,
et l’autre dans la rue Philibert Roux, un peu au-dessous de la rue de Milan. Le cloître, dit Lebeuf, renfermait la moitié de la cité d’Auxerre.
Le Chapitre y exerçait tous les droits de justice sur ses membres, et jouissait
de la franchise qui s’étendait même aux laïques qui y demeuraient et qui
s’avouaient de sa justice. Cependant l’évêque s’y était réservé la
justice haute, moyenne et basse, à l’exception des maisons canoniales. Les
comtes, qui essayèrent plusieurs fois d’y exercer des droits, y échouèrent
Au XIVe siècle, un de ces seigneurs accorda à l’évêque et aux chanoines la
permission de clore le cloître par des murs et des portes dans le haut de la
cité, afin de mettre leurs demeures à l’abri des vexations auxquelles ils
étaient alors exposés de la part des bourgeois. Mais ceux-ci s’opposèrent
à l’exécution de ce projet, et après un long procès ils rachetèrent, en
1380, le droit du Chapitre, moyennant 2.000 livres (Lebeuf, Hist.
D’Auxerre, 2eme éd., t. IV, n° 324). En 1666, le Chapitre prit une
conclusion portant que toutes les rues de son cloître seraient pavées, « pour
qu’on n’y apporte aucun immondice. » Mais ce fut la ville qui fournit les
matériaux, et les chanoines payèrent seulement la main-d'œuvre. (Manuscrit
Liger, à la bibl. d’Auxerre). |
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