LA RUE DU PONT  

RUE DU PUIT-DES-JUIFS ( partie de la rue en bleu)

Les juifs, cette race maudite du moyen-age chrétien qui était partout persécutée et cependant apparaissait partout, ne pouvaient manquer d’établissements à Auxerre. Ils occupaient, au milieu même de la cité, une place importante, et leur synagogue devint plus tard l’église Saint-Regnobert, L’évêque Hugues de Noyers les souffrait avec peine si près de lui et il obtint du comte Pierre de Courtenay qu’il les chasserait de ce lieu (vers 1200). C’est après cette expulsion qu’ils se retirèrent dans la rue Saint-Jacques (Archives du Chapitre d’Auxerre, 1467, 1489) qui reçut plus tard le nom de rue des Juifs ou du Puits-des-Juifs, à cause d’un puits qui s’y trouve. La comtesse Mathilde, qui avait ses Juifs comme l’abbaye Saint-Germain avait les siens, régla, en 1223, le taux de l’intérêt qu’ils pourraient prendre, à 2 deniers par livre et par semaine, c’est-à-dire 13 sous par livre pour un an, ce qui fait plus de 60 pour cent, taux déjà assez raisonnable. Aussi leur gardait-on une haine qui éclatait toutes les fois qu’on le pouvait. En 1398, les habitants obtinrent enfin du Roi des lettres-patentes pour les expulser de la ville, « attendu que leur commerce était nuisible aux gens du pays. » On fut autorisé à brûler leurs papiers et leurs débiteurs furent déclarés libérés ! (Lebeuf, Hîst. d’Auxerre, t. II, à la Table, au mot Juifs)

Depuis ce temps-là il n’est plus fait mention des Juifs dans l’histoire de la ville.

RUE DU PONT.

  La rue du Pont était, dès le temps des Romains, le chemin ordinaire pour descendre de la Cité au pont jeté sur l’Yonne à l’endroit où il existe encore aujourd’hui. Il y a là comme un tracé naturel qui conduit du pont à la rue Joubert et à la porte Fiscalis ou Fécaut. Il est inutile de s’ingénier à chercher ailleurs la place de ponts et de voies qui y aboutissent.

La tranchée faite en 1852 pour l’établissement des tuyaux des fontaines a montré que le sol primitif était, au bas de la rue, formé de vase et de sable d’alluvion à une très grande profondeur.

On a appelé quelquefois la porte du Pont, la porte de Pontigny (Inventaire de Saint-Eusebe, XVe siècle).

Si l’on en croit les auteurs qui veulent que l’ancien Autricus se soit étendu jusque dans le quartier Saint-Père, la rue du Pont serait encore plus ancienne.

Les hôtelleries étaient nombreuses autrefois dans la rue du Pont. En 1569, il y avait celle de Saint-Pierre qui tenait à la ruelle aux Ânes (Dès le XIVe siècle il y avait dans la rue du Pont une maison des Asnes, qui fut donnée à la fabrique Saint-Mamert; (j’ignore où elle était). Elle devint le Lion d’Or au XVIIIe siècle (Fabrique Saint-Père).

Une fontaine dite des teinturiers existait à l'angle des rues du pont et de Saint-Pélerin.

En 1661, l’auberge de la Bouteille était au bas de la rue du Pont, à droite, maison Philippe, n° 114 . C’était l’unique hôtel des rouliers. Elle s’étendait depuis la ruelle Bouras jusqu’à la rue Ambroise Challe. Celle du Panier vert, au coin de la rue Ambroise Challe, servit, en 1673, au premier établissement de l’Hôpital général par l’évêque, N. Colbert, qui lui donna le nom d’hôpital Saint-Nicolas. En 1565, cette même hôtellerie était tenue par Joseph Panier de qui elle tirait sans doute son nom.  

 

La confiserie Saint-Pierre, vers 1890, et ses spécialités de Dijon dans des pots en faïence

L’abbaye Saint-Père avait une entrée du côté de la rue du Pont, à l’endroit appelé le portail Saint-Vincent, le patron des vignerons.

 

Rue précédente

Retour au plan du quartier

Rue suivante

Retour au Sommaire