Je ne
vois plus, au coin de cette rue qui fait l’angle de la rue Saint-Pélerin,
l’enseigne mirobolante du « Grand-Regnard » qui, dès le XVIe et jusqu’au
XVIIIe siècle, attira le public dans son hôtellerie. Mais le nom en est resté
à la rue jusqu'en 1853, et elle ne l’a perdu que par suite de
notre amour de l’annexion, pour se fondre dans la rue Joubert.
On y voyait autrefois, dans un renfoncement entre les n° 54 et 56, un puits appelé le Puits Villetard parce qu’il avait été établi aux frais d’un membre de cette illustre famille auxerroise.
Dans l'immeuble qui fait l'angle avec la rue Milliaux a vécu, selon la tradition, le tailleur Gabriel Brottier (mort en 1837), auteur de nombreuses chansons vigneronnes très populaires.
Au bout de la rue, en descendant à l’église Saint-Père, s’élève un gracieux portail en style de la Renaissance, qui servait de porte à l’entrée de l’abbaye Saint-Père.
Cet édifice, encastré entre deux maisons sans valeur artistique, produit là un singulier effet. Je n’ai pu trouver d’actes qui en fassent mention antérieurement à l’an 1565 (Cartulaire de l’abbaye Saint-Pére, de 1669, f° 149). On l’appelait alors le grand Portail de Saint-Père. (Celui qui devait avoir ce nom plus tard n’existait pas encore).
On remarque, sur le milieu de l’étage supérieur, des écussons aux fleurs de lys et supportés par des lévriers, qui en indiqueraient la date à défaut d’autres caractères. On a voulu voir dans la frise qui est placée au-dessus de l’arcade un morceau de sculpture romaine. Il est certain que cette partie de l’édifice a un beau caractère, et provient au moins d’un monument où l’art antique était admirablement imité.
L’hôpital de la paroisse Saint-Père était dans cette rue. Il est connu dès le XIIIe siècle. Il fut réuni à l’Hôtel-Dieu de la Madeleine au mois de juin 1662.
L'école d'industrie technique, ancêtre des lycées professionnels, était dans cette partie de la rue Joubert, avant son transfert avenue Gambetta.. A sa place s'élève maintenant le théâtre municipal.
