Le Tacot : Auxerre-Joigny par Fleury-la-vallée |
Son histoire, Les voyageurs et les horaires, Le matériel, La ligne en cartes postales anciennes. Ballade sur les traces du Tacot
Son histoire n'a duré que 32 ans.
Cette ligne des CFY (chemins de fer de l'Yonne) avait été ouverte en 1914 pour désenclaver l'Aillantais (déjà ! ). Elle désservait les gares : Auxerre St-Gervais, Auxerre Migraines, Perrigny, St-Georges-sur-Baulche, Charbuy, Fleury-Vallée d'Aillant, Guerchy, Neuilly-Villemer, Champlay, Joigny. Des haltes étaient aussi prévues tout au long du parcours. A Auxerre-St-Gervais elle faisait correspondance avec les lignes PLM, PO et CFE. Sa gare était la maison qu'avait occupé de 1893 à 1897 le futur Président de la République assassiné : Paul Doumer, alors député de l'Yonne. Ils sont actuellement occupés par une compagnie d'ambulances. C'est à Joigny, après avoir franchi par un pont la ligne PLM, que se trouvait la gare principale de la ligne et ses ateliers et remises. A son emplacement il y a aujourd'hui un parking. Joigny était aussi la tête d'une ligne desservant Toucy par Aillant-sur-Tholon. Elle desservait aussi le port de Joigny. A Fleury-Vallée-d'Aillant il y avait une correspondance pour Aillant. Les CFY exploitaient plusieurs lignes de chemin de fer dans le département, toutes en "voie métrique" (espacement d'un mètre entre les rails contre 1,44 m pour les voies normales) d'ou l'établissement de 2 gares dans chaque commune ou ils faisaient leur jonction avec les "grands réseaux" : Sens, Joigny, Laroche, Toucy, Auxerre, L'isle-sur-serein, Villeneuve l'archevêque, Pontigny, Et en 32 ans il en a connu des vicissitudes ce brave petit train : 2 Guerres, 3 cessations d'activités ( la dernière lui sera fatale), de nombreux déraillements, des incendies, deux chocs frontaux avec la rame faisant la liaison Joigny-Toucy, 2 bombardements, une attaque de train dans le pur style western, des réquisitions, restrictions, pénuries de pièce détachées et de main-d'œuvre, sans compter les nombreux retards. Il y eut un monde fou lors de son inauguration ce dimanche 1er mars 1914. 140 billets furent délivrés à la gare St-Gervais et 474 à celle des Migraines. C'est Monsieur Cornebise demeurant au 52 rue de Paris qui pris le premier billet. Mais la "Grande Guerre" déclarée le 3 août 1914 allait sérieusement perturber le fonctionnement des CFY. Du matériel, des voies même aillèrent rejoindre le front et avec eux le personnel de service. Certaines lignes durent cesser leur activité. Le décès des deux dirigeants ( MM Coignet et Grosselin) des CFY qui avaient porté à bout de bras l'exploitation des lignes depuis leur création, sonnât le glas d'une compagnie exsangue qui déposa son bilan en 1920. La ligne fut rachetée par le département qui la confia aux CFD (Chemin de Fer Départementaux) qui exploitaient la ligne Laroche-Chablis-l'Isle-Angely. Mais ceux-ci eurent aussi à faire face à un déficit d'exploitation croissant. Le 10 mai 1938, le conseil général votât la suppression totale des voies ferrées départementales qui devint effective le 1er janvier 1939. Ce fut la première mort du petit train que la seconde guerre allait ressusciter. En 1942, sous l'impulsion d'industriels dont la pénurie de camions entravait les activités, une nouvelle compagnie vit le jour : la SICA. Elle remis en service la ligne avec un matériel vétuste et bringuebalant sur une infrastructure que près de 4 ans d'inactivité n'avait certes pas arrangé. Le 10 novembre 1942 la ligne fonctionnait donc de nouveau mais pour le transport seul de marchandise. Le 7 décembre 1942, la SICA pris le nom de "Chemin de fer Auxerre-Joigny-Toucy" et le 6 janvier 1943 réouvrait la ligne au transport de voyageurs. Cette réouverture empêchât la réquisition du matériel par les allemands. Elle rendit aussi de grands services à Auxerre en alimentant la ville des produits de la campagne qui faisaient cruellement défaut. Elle assura aussi à la ville un accès ferroviaire avec Paris après les bombardements de Laroche en 1944. Mais après la guerre les "Chemin de fer Auxerre-Joigny-Toucy" eurent aussi à faire face à d'important déficits dus à la remise en état du matériel et à la concurrence croissante de la route. A la fin 1945 la fermeture définitive de la ligne fut décidée. Le dernier train dit "Train du muguet" quitta Joigny pour Auxerre le 30 avril 1946 avec des passagers qu'ils emmenait dans les bois de Charbuy pour y cueillir du muguet et qu'il reprit au retour. Le sifflet strident des locomotives à vapeur ou le pin-pon des autorails annonçant le départ et l'arrivée en gare ou l'approche d'un passage à niveau ( non gardé à cette époque) s'était tut à jamais. La société fut mise en faillite le 29 juin 1946. Dès le 14 mars 1947 le matériel fut vendu et dépecé. Une partie alla finir ses jours sur la ligne CFD "Laroche - l'Isle-Angély" qui elle sera fermée en 1951. C'était le dernier petit train de l'Yonne encore en service. De nombreux incidents dû bien souvent à la vétusté du matériel, ses difficultés d'entretien ou à l'inexpérience du personnel ont été à déplorer. La ligne cessa de fonctionner du 26 septembre au 28 octobre 1944 : toutes ses locomotives étant en panne; et l'arrêt d'exploitation aurait pu se prolonger plus longtemps si les CFD n'avait prêtait une machine (Corpet-Louvet N° 41) et sauver la situation. Le petit train fut la cause de nombreux incendies dans les bois de Charbuy ainsi que des feux de champs tout au long de la ligne. Il y eu aussi par deux fois "choc frontal" entre deux trains à Léchères, heureusement sans gravité, autre que des dégâts matériels, grâce à la faible vitesse des trains à cet endroit (10 à 15 km/h). Nombreux par contre furent les déraillements : 7 sont recensés pour la seule période 1943 - 1944. Sur cette période 4 eurent lieu en gare de Perrigny dont le plus important fit 4 blessés légers. Mais le plus grave se produisit le 21 janvier 1927 en gare des Migraines à Auxerre. Il coûtât la vie à madame Guyot de Charbuy et fit 7 blessés plus ou moins graves. La cause de cet accident étaient une vitesse excessive, à son arrivée en gare, d'un autorail Renault (Type NF), mis en service depuis peu sur la ligne. Circonstances aggravantes : les rails étaient rendus glissants par du verglas et le gel avait neutralisé le système de freinage.
Dans Auxerre le petit train empruntait la voie publique : rue de Brazza et pont de la tournelle. La rue Paul Doumer est de création récente sur l'emplacement de l'ancienne gare Auxerre-St-Gervais. A partir du pont de la tournelle, après avoir passer à niveau le carrefour de la rue de la maladière, il avait son propre terrain. Il longeait le clos de la chaînette et était séparé du boulevard par une palissade. L'arrivée en gare des Migraines se faisait après avoir passé à niveau la porte de Paris. Il remontait ensuite l'avenue Champleroy et à partir du boulevard de Verdun filait vers Perrigny par l'actuel boulevard de Montois. Au pont de la tournelle était prévu un embranchement qui devait desservir le port Gerbault. La guerre 14-18 fit reporter sa mise en chantier. Il n'a jamais été réalisé. Dans Auxerre les restes ne sont plus trop visibles. Mais on retrouve facilement son itinéraire à partir de St-Siméon. Proche d'Auxerre la petite gare de Perrigny, transformée en habitation, a gardé tout son cachet.
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